Retour des rabais : oui, mais…

Publié le 4 mars 2024 dans Blogue par Antoine Joubert

C’est la fin du mois. Au moment d’écrire ces lignes, le 29 février, les concessionnaires tentent par tous les moyens de finaliser des transactions, parce que les stocks doivent sortir. Il faut faire place aux modèles 2024 qui, dans plusieurs cas, n’ont pas encore été relâchés.

C’est le cas de la camionnette Ram Classic, dont la production est prolongée d’un an, mais également du Volkswagen ID.4 et du Ford Mustang Mach-E. Des véhicules collés dans la cous des concessionnaires, alors qu’à pareille date l’an dernier, on se battait aux portes pour les obtenir...

Photo: Marc Lachapelle

Comment expliquer ce revirement de situation? Par un simple principe d’offre et de demande. Les constructeurs doivent continuer à faire rouler les usines, doivent vendre leurs véhicules aux concessionnaires, qui doivent à leur tour les vendre aux clients. Hélas, le dernier maillon de la chaîne répond un peu moins bien à l’appel, notamment en raison du ralentissement économique.

Il n’en fallait pas plus pour que certaines marques revivent la situation prépandémique où les inventaires étaient gigantesques. Au grand dam des concessionnaires, qui devaient les supporter financièrement, ce qui n’était guère le cas ces dernières années. Mais voilà, les véhicules se vendent moins, et moins bien. Alors que faire? Proposer des rabais!

Des rabais, certes, mais sur quoi? Parce qu’un taux à 0% sur un Nissan Rogue 2023, tandis que les 2024 sont disponibles, ce n’est guère un rabais. Pourquoi cela? Parce que le modèle 2023, bien que neuf, voit déjà sa valeur dépréciée. D’au moins 4 000 $ face à un équivalent 2024 qui dans ce cas, a d’ailleurs droit à quelques retouches cosmétiques et à un habitacle modernisé. À preuve, il suffit de demander à un vendeur automobile combien il vous offrirait pour un Rogue 2023 avec 10 000 km au compteur contre un modèle 2024. Vous verrez que l’offre sera différente...

Photo: Nissan

En se faisant proposer des rabais et des taux subventionnés, le consommateur y voit donc une aubaine. Or, il n’en est rien. Il s’agit simplement d’un véhicule à prix moindre, mais qui vaut également moins cher. Et dans ce contexte, il est important de bien faire ses calculs afin de ne pas sauter sur l’occasion d’un produit 2023 vendu au rabais, alors que sa dépréciation peut être plus forte que le rabais lui-même. N’oubliez pas que le concessionnaire peut souvent vous faire miroiter le rachat d’une location avant terme, et ce, sans pénalité.

Or, il se pourrait que cette situation, commune lors des dernières années, ne puisse se poursuivre. Conséquemment, vous pourriez donc être « pris » avec votre location jusqu’à la fin du terme, bien que le vendeur vous ait fait part du contraire. C’est qu’actuellement, les véhicules se déprécient plus rapidement qu’avant, où la valeur résiduelle des locations était de façon générale inférieure à la valeur du marché. Une situation qui se reflétait aussi pour ceux qui avaient financé des véhicules sur des termes aussi longs que huit ans, et qui pouvaient tout de même obtenir une équité positive à la revente. Hélas, hormis pour quelques modèles en vogue comme le Hyundai Ioniq 5, cette époque est révolue.

Photo: Dominic Boucher

Comprenez ainsi que 20% de rabais sur le prix de détail suggéré du manufacturier pour une camionnette Ram Classic 2023, c’est le prix juste. Pas un rabais. Même chose pour le Ford Mustang Mach-E, dont la facture a récemment été abaissée de 5 000 $ à 13 000 $ selon les versions. Un produit qui n’est manifestement plus autant demandé et qui stagne dans les stationnements des concessionnaires, lesquels ne savent que faire pour s’en départir. Comme le mentionne le manufacturier, il faut s’ajuster à la loi du marché, ce qu’a aussi fait Tesla. Une situation alléchante pour certains mais frustrante pour d’autres, puisque la dépréciation de modèles acquis il y a quelques mois à peine est très forte.

Il faut cependant comprendre que dans le cas des véhicules électriques, les subventions provinciales et nationales viennent fausser les données. Parce qu’un véhicule admissible aux crédits devient plus attrayant, mais permet aux constructeurs d’en hausser les prix. À preuve, il est difficile de justifier qu’un Hyundai Kona électrique soit vendu à 18 500 $ de plus qu’un modèle à essence équivalent...

Photo: Hyundai

N’eût été des crédits gouvernementaux, est-ce que cet écart de prix serait aussi grand? Ou, en fait, est-ce que de façon générale, les gens seraient prêts à débourser 54 000 $ (plus taxes), avec un taux de financement à 6,49%, pour un Hyundai Kona électrique? Poser la question, c’est y répondre.

Sans aucun doute, le consommateur a aujourd’hui un certain pouvoir de négociation, selon le type de modèle recherché. Comprenez toutefois que le véhicule d’occasion, sauf les compactes et les petits VUS toujours très demandés, coûte lui aussi moins cher. Il ne faut donc pas s’attendre à obtenir le maximum pour un véhicule d’échange et payer le minimum pour le neuf. Parce que la loi de l’offre et de la demande s’applique dans les deux cas.

À voir aussi : le prix des véhicules neufs en chute

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