Jaguar XK-R, le chat sort du sac
Au cours de sa longue carrière entamée au début des années 1920, la marque Jaguar a connu des heures de gloire et des moments pour le moins pénibles. Il y a une vingtaine d’années, la noble anglaise tombait sous la coupe de Ford, alors en pleine expansion. Curieusement, alors que la dignité anglaise est sans doute la dernière chose que les Américains peuvent comprendre, Jaguar a survécu. En 2008, dans un effort de restructuration, l’entreprise de Coventry, située à environ 160 km au nord-ouest de Londres, est passée aux mains de l’Indien Tata.
Toujours est-il que Jaguar, en 1997, donc sous l’égide de Ford, lançait un superbe coupé et un encore plus superbe cabriolet, le XK8. Dix années plus tard, une nouvelle génération de ce duo était présentée. Encore une fois, le charme et la puissance du jaguar envoûtaient le public.
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Un rugissement plus qu’un doux ronron
L’automne dernier, nous avons fait l’essai d’un coupé XK-R. Si la version de base (!), autant en version coupé que cabriolet, possède un V8 de 5,0 litres développant 385 chevaux et 380 livres-pied de couple, le « R », grâce à la magie de la surcompression, ajoute pas moins de 125 chevaux et 81 livres-pied de couple disponible dès entre 2500 et 5 500 tours/minutes. Donc, oui, la XK-R est hyper puissante. Jaguar annonce un chrono de 4,6 secondes entre 0 et 100 km/h mais les mesures divulguées par l’AJAC (Association des Journalistes Automobiles Canadiens) donnent plutôt 5,1, ce qui n’est tout de même pas mal… Ce moteur, ainsi que sa contrepartie non surcompressée, bénéficie de l’injection directe de carburant. Quant à sa sonorité en pleine accélération, elle a ravi mes oreilles, génétiquement programmées pour apprécier les gros cubes américains.
Peu importe la version retenue, la transmission est une automatique ZF à six rapports très bien étagée et qui passe ses rapports avec célérité. Cette boîte est commandée par un bouton de style « pop up », c'est-à-dire que lorsqu’il n’est pas utilisé, il s’enfonce dans la console centrale. C’est beau et facile d’utilisation puisque ce bouton s’élève dès qu’on tourne la clé de contact. La transmission offre un mode Sport qui fait augmenter de façon sensible les révolutions du moteur. Par exemple, à 100 km/h, le moteur passe de 1 800 à 3 000 tours/minute, ce qui permet des accélérations plus franches (encore plus franches devrais-je écrire!) en sortie de courbe. En mode Sport, il est possible de changer les rapports par le biais des palettes situées derrière le volant.
Les modèles R sont donnés pour 14,1 litres/100 km en ville et pour 9,1 sur la route. Après notre semaine d’essai, l’ordinateur de bord affichait 14,0 litres. Il faut toutefois féliciter le conducteur pour une telle performance… car abusée le moindrement, cette voiture pourrait facilement engloutir 16 ou 17 litres/100 km, de super. Remarquez que par abus, je ne parle pas de quelques accélérations viriles ici et là ou de quelques « drifts » dans un endroit très sécuritaire… Car il est possible de désactiver tous les systèmes d’aide à la conduite mais la plus élémentaire des précautions recommande de le faire sur un circuit. Votre très doué journaliste s’est même payé un joli tête-à-queue dans un stationnement vide. Croyez-moi, l’arrière peut décrocher très rapidement. Cependant, en y allant très mollo avec l’accélérateur, il est possible d’effectuer d’agréables dérobades du train arrière.
Confortable malgré tout
La direction s’avère très précise et offre un bon feedback. Par contre, elle devient très dure au centre lors d’un changement brusque de voie. Vivement, une direction électrique! Les freins sont, bien entendu, très puissants malgré un ABS qui pourrait être plus discret. Quant aux suspensions, accrochées à un châssis difficile à prendre en défaut, elles contribuent à la tenue de route tout en demeurant relativement confortables. Lorsque la chaussée se dégrade par contre, les trous et bosses de la route se font bien sentir. Les larges pneus à taille basse, des Dunlop SP Sport 245/40ZR19 à l’avant et 275/35ZR19 à l’arrière, contribuent à secouer les occupants mais on leur pardonne facilement tant ils s’accrochent au bitume.
En effet, lancée dans une courbe de façon « Civic 1992 tuné conduit par un nouveau détenteur d’un permis de conduire», la XK-R montre une belle opiniâtreté. Bien équilibré, doté de systèmes électroniques sophistiqués qui s’activent au bon moment, c'est-à-dire ni trop tôt ni trop tard, ce fauve demeure l’une des voitures les plus agréables à piloter.
Tradition et modernisme
Bien qu’il s’agisse d’un coupé sport, l’habitacle n’est pas spartiate et le tableau de bord est beaucoup mieux aménagé que celui d’une BMW Série 6, par exemple. Je n’irais cependant pas jusqu’à dire que l’ergonomie est parfaite puisque j’ai dit des gros mots les premières fois que j’ai utilisé le système audio. Aussi, on retrouve certaines commandes provenant de vulgaires Ford (les leviers des essuie-glaces et du clignotant, entre autres), ce qui vient occulter l’excellente qualité des matériaux. Curieusement, pour une voiture sport, la visibilité est excellente… sauf vers l’arrière où elle est vraiment pénible. En plus, il n’y a pas de caméra de recul. Toutefois, le pare-brise contient de très fines bandes chauffantes qui, si elles font des miracles durant l’hiver (qui songerait à mettre une telle voiture dans la neige???), créent certains reflets lorsque le soleil les frappe. La position de conduite se trouve très rapidement et les sièges, fort confortables, retiennent très bien dans les courbes. Par charité chrétienne, nous ne parlerons pas des deux bancs situés à l’arrière, absolument ridicules et d’un inconfort total… Le hayon ouvre grand sur un coffre de bonnes dimensions au seuil bas.
La XK-R est une réussite à plusieurs points de vue. Mais on ne peut passer sous silence sa triste réputation en fait de fiabilité. Les choses s’améliorent et Jaguar est maintenant au 23ième rang sur 36 marques, au niveau de la fiabilité générale selon J.D.Power. Imaginez avant! Aussi puissante que racée, cette britannique n’est pas une sportive à tout crin. Elle est plutôt une GT, au même titre que les BMW Série 6, Mercedes-Benz Classe SL et autres Aston Martin Vantage. En fait, même si elle peut tirer son épingle du jeu sur un circuit, son poids la rend moins agile qu’une véritable sportive. Elle préfère, de loin, les longs et beaux autobhan allemands. Son prix de 107 000$ (par rapport à 96 500$ pour la XK tout court et à 114 000$ pour la XK-R cabriolet) est élevé, certes, mais c’est le prix à payer pour jouir de l’exclusivité.
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Jaguar XK 2010 |
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Version à l'essai | R Coupe |
Fourchette de prix | 96 500 $ – 114 000 $ |
Prix du modèle à l'essai | 107 000 $ |
Garantie de base | 4 ans/80 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 4 ans/80 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | 14,1 / 9,1 / 14,0 L/100km |
Options | n.d. |
Modèles concurrents | Aston Martin Vantage, BMW Série 6, Mercedes-Benz SL, Porsche 911 |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | |
Valeur subjective | |
Esthétique | |
Confort | |
Performances | |
Appréciation générale |