Combien pour votre véhicule électrique d'occasion?

Publié le 14 juin 2024 dans Blogue par Antoine Joubert

Un peu plus tôt cette semaine, un couple m’aborde lors d’un événement sur l’industrie automobile. Ces derniers sont propriétaires d’un atelier de carrosserie sur la Rive-Sud de Montréal et sont donc en relation directe avec plusieurs concessionnaires de la région, qui leur fournissent beaucoup de travail. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont pu en 2022 mettre la main sur un Volkswagen ID.4 Pro S AWD, alors très convoité. À cette époque pourtant pas si lointaine, les concessionnaires évoquaient deux, voire trois ans d’attente pour un tel véhicule. Mais la chance leur a souri, si bien qu’ils ont pu mettre la main sur une unité en quelques semaines à peine.

De fabrication allemande, leur Volkswagen ID.4 a été payé un peu plus de 53 000 $ (avant taxes), en incluant les crédits gouvernementaux applicables. En somme, un véhicule dont le coût réel avoisinait les 63 500 $, ce qui constituait alors une « aubaine » face aux coûteux Ford Mustang Mach-E et Tesla Model Y.

Photo: Antoine Joubert

Non pas sans avoir rencontré quelques petits problèmes de fiabilité avec leur ID.4, le couple s’en dit jusqu’ici satisfait. Ils ont depuis parcouru 55 000 km, mais souhaitent désormais acquérir le nouveau Kia EV9, qui leur serait plus pratique. Ils se sont donc présentés chez un concessionnaire Kia, avec qui ils font affaires via leur entreprise, pour connaître le délai de livraison de l’EV9 et pour faire évaluer leur ID.4. Surpris, ils ont appris qu’ils pourraient obtenir un EV9 GT-Line en quelques semaines à peine, s’ils n’étaient pas trop exigeants au niveau de la couleur. Ils étaient déjà enchantés!

La « balloune » a toutefois dégonflée quand on leur a dit combien le concessionnaire était en mesure d’offrir pour leur ID.4. Rappelons-le, un véhicule âgé de 30 mois à peine, et dont la valeur au détail était d’environ 63 500 $. Eh bien, on leur proposait la somme de 31 000 $, vu qu’ils étaient des « amis de la famille ». Parce qu’autrement, en toute transparence, on admettait ne pas nécessairement vouloir de ce modèle...

Même si l’ID.4 était payé, le couple allait devoir réfléchir, ne comprenant guère pourquoi la valeur avait chuté à ce point. C’est qu’en fait, les véhicules électriques achetés il y a deux ans valaient de l’or. L’industrie, par manque de stock, a elle-même créé un monstre, alors que la demande était de beaucoup supérieure à l’offre. Et puisqu’il n’y avait que peu de précédents (les VÉ d’occasion étant rares à l’époque), ce type de produit n’était pas encore complètement démocratisé.

Photo: Antoine Joubert

Les gens qui avaient « la chance » d’obtenir une unité, qu’importe la marque, se sont jetés sur ces modèles comme un chien sur son os, sans se demander si la transaction était financièrement viable. Il était à ce moment difficile de prédire où se situerait le marché deux ans plus tard, mais le phénomène de rareté qui a même mené à de la surenchère ne pouvait évidemment qu’être temporaire.

Aujourd’hui, le Volkswagen ID.4 de fabrication américaine est omniprésent chez les concessionnaires. En d’autres mots, on en a plein la cour. Non seulement ils sont disponibles pour livraison immédiate, mais ils sont aussi améliorés face aux modèles 2022. L’habitacle a été repensé, l’autonomie a été optimisée et les mises à jour de logiciel ont permis de régler quelques lacunes des premiers modèles. Il faut souligner que Volkswagen, qui peine à écouler ses véhicules, propose actuellement des modalités de financement avantageuses, avec des taux à 0,99% jusqu’à 36 mois, et à 2,99% jusqu’à 60 mois.

Photo: Antoine Joubert

Inutile de vous dire qu’avec de telles offres, et considérant que les crédits gouvernementaux sont toujours de l’ordre de 12 000 $ (taxes incluses), la valeur des modèles d’occasion n’a fait que chuter. D’ailleurs, sans être inondé, le marché actuel regorge de Volkswagen ID.4 d’occasion, la plupart étant des modèles à quatre roues motrices et bien équipés. Des véhicules qui, au détail, se vendent entre 33 000 $ et 42 000 $, selon le kilométrage et l’équipement. Il ne fallait donc pas être étonné de l’offre du concessionnaire à 31 000 $, laquelle était même généreuse considérant la quantité de modèles d’occasion disponibles sur le marché qui ne trouvent pas preneur.

Cet exemple, c’est celui de plusieurs modèles électriques d’occasion. Dans ce cas-ci, une dépréciation de 52% sur deux ans et demi, ou de 42% en considérant les crédits gouvernementaux. Pourtant, l’industrie nous laissait croire il y a deux ans à peine qu’un consommateur était privilégié de pouvoir mettre la main sur l’une de ces rares unités.

Photo: Antoine Joubert

En discutant avec le couple propriétaire de ce Volkswagen ID.4, nous en sommes venus à la conclusion que la meilleure option était de le conserver. Parce que ces gens refusent de perdre près de 25 000 $ en dépréciation, étant donné qu’ils ont aussi acheté jantes et pneus d’hiver au coût de 3 000 $, et qu’ils ont fait installer une pellicule pare-pierre. Et comme ils le disent si bien, le véhicule leur plaît toujours. La décision jadis passionnelle de passer à l’électrification n’est plus! Ils garderont leur Volkswagen, histoire de rentabiliser cet important déboursé.

Cela résume pourquoi le marché du neuf plafonne, tandis que les valeurs chutent radicalement dans celui de l’occasion.

À voir : Essai complet du Volkswagen ID.4 2023

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