Ford Fiesta 2011, au diable les pick-up!

Publié le 26 avril 2010 dans Premiers contacts par Alain Morin

Les temps changent… Autrefois maîtres incontestés des grosses camionnettes, voilà que les manufacturiers américains doivent apprendre à tirer leurs revenus de petites voitures. Des ex trois grands, General Motors, Chrysler et Ford, c’est ce dernier qui est le premier à proposer une sous-compacte sérieuse. Ce n’est tout de même pas avec la Chevrolet Aveo que General Motors peut espérer redevenir le numéro un qu’il a déjà été. Quant à Chrysler, on n’en parle même pas. Peut-être qu’avec l’arrivée future de la Fiat 500 le vent tournera mais en attendant, Chrysler/Dodge ne propose aucune sous-compacte. Et même pas de compacte, excepté une Caliber dépassée.

Il faut dire que Ford n’a pas eu à développer une toute nouvelle voiture. L’Europe roulait déjà en Fiesta et tous ceux qui ont eu l’occasion d’en faire l’essai ont été plutôt impressionnés. C’est cette voiture, légèrement modifiée, qui débarque en Amérique. La question n’est pas vraiment de savoir quelles sont les différences entre le modèle européen et le modèle américain. La question c’est : pourquoi ne pas l’avoir amenée ici auparavant?

Cousine de la Mazda2

Cette « nouvelle » Fiesta partage beaucoup de ses composantes avec l’aussi très attendue Mazda2. Les deux voitures partagent la même plate-forme mais les différences sont suffisamment importantes pour qu’on les considère comme deux entités. Tout d’abord, la Ford proposera, lors de son arrivée aux alentours du mois de juin, une berline et un hatchback. La Mazda, elle, ne sera offerte qu’en livrée hatchback et sa mécanique différera passablement.

La Fiesta berline se décline en versions S, SE et SEL, la S étant la moins nantie de la gamme. Pour offrir une voiture sous les 13 000$ (12 999$!), Ford a dû couper dans le gras, le gras étant le climatiseur, les roues de 16 pouces (remplacées par des 15 pouces), des vitres à commande manuelle, le lecteur CD et autres inutilités du genre. Question, sans doute, de mieux faire passer la pilule, on retrouve un volant ajustable en hauteur et en profondeur. Plus on monte dans la hiérarchie fiestaienne, plus l’équipement est faste... tout comme le prix, bien entendu.

Le modèle hatchback à cinq portes ne propose pas de modèle d’entrée de gamme. On commence tout de suite avec la SE qui, à 16 799$, s’avère passablement bien équipée (glaces à commande électrique, radio AM/FM/satellite Sirius/CD et autres douceurs). Par contre, on a conservé les pneus de 15 pouces, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle lorsque vient le temps de les remplacer. Ce hatchback est aussi proposé en version très équipée SES (18 899$).

Six rapports pour 1,6 litre!

Côté mécanique, Ford a fait appel à un très moderne quatre cylindres de 1,6 litre développant 120 chevaux à 6 350 tours/minute et 112 livres-pied de couple à 5 000 tours/minute. Une transmission manuelle à cinq rapports est livrée d’office et une boîte automatique à six, oui six (6, VI) rapports est offerte en option. Ce quatre cylindres offre des performances décentes et la transmission automatique, baptisée PowerShift, le sert magnifiquement bien. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’une boîte ordinaire. Cette transmission à double embrayage à sec se permet de se priver non seulement d’une pompe mais aussi d’un convertisseur de couple. Chez Ford, on prétend qu’elle durera la vie de la voiture, soit environ 250 000 km. Lors de notre prise en main de la Fiesta, elle nous a franchement épatés. Bien étagée avec sa première vitesse courte, elle passe ses rapports au bon moment et avec douceur.  Elle ne rend pas le moteur plus puissant ni plus discret en accélération mais elle permet d’en tirer le meilleur parti. Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure de mener des tests d’accélération, cependant nous croyons que la Fiesta peut faire le sacro-saint 0-100 km/h aux alentours de 10 secondes, tout comme la Honda Fit, sa principale rivale. De plus, les reprises se montrent fort intéressantes. Quant à la boîte manuelle, son levier s’avère précis, sa course courte et l’embrayage est juste correct. Selon Ford, la Fiesta à boîte manuelle consommerait 8,1 litres/100 km en ville et 6,2 sur la route tandis que la même voiture mais dotée de la transmission automatique ne demanderait que 7,8 l/100 km en ville et 5,9 sur la route.

La direction électrique nous a également surpris. Précise, elle est dotée d’une fonction qui réduit les « actions parasites ». Nous pourrions tenter d’expliquer le phénomène mais rien de mieux qu’un exemple… Lors de notre essai sur la route 1 au sud de San Francisco, nous n’avons pas eu à nous battre contre les vents latéraux assez violents qui sévissaient. Super!

Dégourdie la Fiesta

Sur la route, la Fiesta affiche un comportement routier très sain, comparable, en certains points, à celui de la Honda Fit. La tenue de route est solide et on dénote peu de roulis. Nous n’avons pas pu tester les freins à leurs limites mais, en usage normal et même un peu plus, le duo disque/tambour fait « la job » , comme on dit. Là où Ford pèche par excès de zèle, sans doute, c’est au niveau du système de contrôle de la traction, impossible à désengager. Même si un ingénieur de Ford nous a dit que la Fiesta possédait une traction extraordinaire dans la neige et que désactiver ce système ne servirait pas à grand-chose, je le mets au défi de venir sortir une Fiesta enlisée dans un banc de neige alors que ledit contrôle de la traction empêchera les roues de tourner…

Ce n’est pas parce que la voiture est petite qu’il faut absolument s’ennuyer en y prenant place, semblent s’être dit les designers de Ford. Le tableau de bord, en plus d’être beau, est fonctionnel. Les boutons et diverses commandes sont faciles à comprendre et à utiliser. Les plastiques sont, pour la plupart, de très bonne qualité, bien assemblés et de texture agréable. Sauf lors d’accélérations vives, l’habitacle se montre silencieux. Peu importe qu’il s’agisse de la berline ou du coupé, la visibilité tout le tour est très bonne. Les sièges, autant à l’avant qu’à l’arrière, sont confortables malgré leur dureté initiale. À l’arrière, le dégagement pour la tête est suffisant mais les grandes personnes auront besoin de la collaboration de la personne assise à l’avant pour pouvoir loger leurs jambes. Même la place centrale n’est pas trop inconfortable. Par contre, avec une personne de chaque côté, on s’y sent comme le Queen Mary II dans les écluses de St-Ours…

La berline propose un coffre de bonnes dimensions (363 litres, soit un peu moins qu’une Focus mais plus qu’une Honda Civic berline), à l’ouverture suffisamment grande pour être utile. Nous passerons sous silence sa finition, assez ordinaire merci. Les dossiers du siège arrière s’abaissent mais ils sont loin de former un plancher plat, ce qui assombrit un peu le tableau. Bien entendu, en matière de coffre, le hatchback est un pro. Encore une fois, l’ouverture est grande et l’espace impressionnant même si Ford, dans un manque de prévoyance assez incroyable, n’a pas divulgué sa capacité de chargement. Ici aussi, les sièges, une fois rabattus, ne forment pas un fond plat.

L’avenir sera fait de quoi?

La Fiesta est une voiture joliment tournée, sérieuse malgré ses airs enjoués et bien équipée sauf, peut-être, la version de base de la berline proposée à un prix vraiment bas. Les autres modèles sont fort bien équipés mais à quel prix…  Il est dommage que Ford ne propose pas de modèle d’entrée de gamme pour son hatchback ce qui, au Québec, lui apporterait de nombreuses ventes supplémentaires. Mais ce modèle économique arrivera peut-être un jour, tout comme un moteur diesel ou Ecoboost… Pour l’instant, tout ce qu’on peut dire, c’est que la Fiesta débarquera chez les concessionnaires vers la fin du mois de juin 2010.

Outre la Honda Fit qui devrait lui fournir la plus importante résistance et la Mazda2 qui sera bientôt dévoilée, la Fiesta n’a pas vraiment de concurrentes. La Nissan Versa est plus vaste mais elle est un million de fois moins agréable à conduire. De son côté, la Toyota Yaris, qui n’avait que sa légendaire fiabilité pour lui apporter quelques ventes, est désormais à court d’arguments. Quant aux Hyundai Accent, Kia Rio et Chevrolet Aveo, elles ne sont absolument plus dans le coup et on attend impatiemment leur prochaine génération. Pour le moment, la Fiesta peut dormir tranquille. Mais le réveil-matin sonnera sans doute bientôt!

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