Bornes de recharge : des régions plaident pour une électrification plus équitable
Si Québec veut atteindre ses cibles de vente de véhicules électriques, même révisées à la baisse, il devra d’abord alimenter les régions en bornes de recharge, affirment des citoyens, qui dénoncent un réseau de recharge à deux vitesses, plus développé dans les grands centres que dans les zones éloignées.
« C’est plus difficile pour les régions, il n’y a pas de doute. On a mis l’emphase avec raison sur les régions métropolitaines », explique le directeur des ventes de Bornes Québec, une entreprise qui offre des solutions de bornes de recharge.
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Carl Tremblay constate qu’il y a un écart considérable entre le déploiement des points de charge entre les régions et Montréal et Québec. « Dans la province, le nombre de véhicules par borne rapide, on a un ratio de 103. Dans les régions, c’est beaucoup plus élevé, à 118, 120, 130 », dit-il.

Bornes réclamées en Abitibi
L’Abitibi-Témiscamingue compte parmi les régions où on trouve le moins de bornes au Québec. De nombreux citoyens réclament depuis un moment des points de recharge plus rapides, particulièrement dans la réserve faunique La Vérendrye, dont la route qui la traverse, la 117, est essentielle pour les déplacements entre la région et le sud de la province.
« Des automobilistes de l’Abitibi qui doivent se déplacer à l’extérieur, ça peut peser fort dans le choix d’aller vers le véhicule électrique ou pas. On me dit souvent : “Je sais pas comment tu fais!” », soutient une électromobiliste de Rouyn-Noranda, Catherine Gauthier.
Ce long tronçon isolé ne compte que quatre bornes de 24 kW situées à une halte routière. À partir de Val-d’Or, il faut parcourir environ 150 kilomètres sans possibilité de recharge intermédiaire. « Ce sont des 24 kilowatts heure, donc c’est très lent », ajoute Mme Gauthier.
« Elles sont plutôt une option en urgence qu’un arrêt à faire [...] L’Abitibi est l’enfant pauvre des recharges », résume Amélie Gagnon, qui travaille sur la route et sillonne régulièrement le Québec, dont cette région.
Une boucle qui freine l’électrification
Carl Tremblay, de Bornes Québec, admet qu’un rattrapage s’impose.
« Les gens hésitent à acheter des véhicules électriques en raison du manque d’infrastructures, et on hésite à ajouter de l’infrastructure parce qu’il n’y a pas beaucoup de véhicules électriques dans ces régions, c’est la responsabilité du gouvernement », explique-t-il, ajoutant toutefois que d’autres projets d’Hydro-Québec verront le jour dans certains lieux isolés.

La société d’État confirme que, dans les mois à venir, de nouvelles bornes seront installées entre autres en Abitibi, à l’extérieur du parc de La Vérendrye. Par l’intermédiaire de son réseau public Circuit électrique, Hydro-Québec a expliqué sur Facebook qu’il est actuellement impossible d’installer des bornes plus puissantes dans le parc en raison des limites du réseau électrique.
« Le Circuit électrique a comme objectif d’offrir de la recharge sur l’ensemble du territoire habité du Québec », soutient le porte-parole Louis-Olivier Batty.
La 175 fait des envieux
Plusieurs résidents de l’Abitibi envient l’annonce récente du Circuit électrique concernant la réserve faunique des Laurentides entre Québec et Saguenay, qui compte déjà huit points de recharge. De nouvelles bornes devraient être fonctionnelles d’ici les vacances de la construction à L’Étape sur la route 175, ce qui permettra à 18 véhicules de se charger simultanément.
« À L’Étape, ce qu’ils ont fait, je trouve ça vraiment intéressant. On augmente, il y en a plus, c’est génial. Maintenant, il y a des régions qui auraient aussi ce besoin-là », conclut Mme Gauthier.
