Il faut ouvrir le marché aux véhicules chinois, selon Pierre Fitzgibbon
Pour sauver l’industrie automobile ontarienne et la filière batterie québécoise, il est temps d’ouvrir le marché canadien aux constructeurs chinois, plaide l’ex-ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.
La filière batterie a du plomb dans l’aile, tout comme le secteur automobile en Ontario. En raison des tarifs américains et du recul de l’électrification des transports, rien ne va plus.
- À lire aussi: Sondage : les Canadiens veulent un accès à des véhicules électriques chinois et européens
- À lire aussi: Terres rares : l'industrie automobile bousculée par les restrictions chinoises
La filière batterie de Bécancour est à nouveau fragilisée à la suite de la mise sur pause de la deuxième phase de l’usine d’Ultium CAM. En Ontario, Stellantis a annoncé son intention d’investir 13 milliards $ dans ses usines aux États-Unis.
Pierre Fitzgibbon croit qu’ouvrir le marché aux véhicules chinois pourrait relancer l’industrie. Pour l’instant, l’importation de véhicules électriques chinois est taxée à 100%.

« Je pense qu’il faut revoir sérieusement notre stratégie chinoise, a affirmé l’ex-ministre sur les ondes du 98,5 à Montréal. Si on fait venir ces véhicules, ça va avoir un effet double. On va décarboner plus vite, parce que l’enjeu de décarbonation ne disparaîtra pas. »
Attirer les investissements chinois au Canada
Deuxièmement, il faut convaincre les industriels chinois d’investir ici, au pays. « Pourquoi ne pas convaincre BYD, CATL ou d’autres de venir construire une usine d’assemblage en Ontario? Et nous, au Québec, on a les anodes, les cathodes et les batteries », a expliqué M. Fitzgibbon, qui garde espoir pour la filière batterie québécoise.
Bien sûr, il ne faut pas s’aliéner les Américains et Donald Trump, soutient-il. La solution pourrait passer par un quota sur le nombre de véhicules chinois admissibles. Le premier ministre Carney et ses homologues ontarien et québécois devraient entamer des négociations.
« Pourquoi M. Ford ne partirait-il pas en mission avec M. Legault pour aller voir les Chinois et leur dire : “Écoutez, on a un marché canadien”? » a proposé M. Fitzgibbon.

« Tous les ingrédients »
Au Canada, il se vend en moyenne deux millions de véhicules chaque année, dont environ 500 000 au Québec. Un quota de 15% sur les véhicules chinois changerait déjà le momentum.
« Avec nos achats, on pourrait se retrouver avec 300 000 véhicules chinois au Canada, dont peut-être 75% au Québec, a-t-il mentionné. Les Chinois produisent à moindre coût les véhicules électriques. »
Le Québec a tout ce qu’il faut pour fournir les Chinois en métaux, afin de permettre la production de batteries.

« C’est une batterie qui coûte moins cher et qui a une bonne autonomie, a expliqué l’ex-ministre. Au Québec, le lithium, on a une mine qui est prête [...] qu’on peut exploiter dans les prochains mois si on veut. »
M. Fitzgibbon soutient que le Québec peut aussi fournir le phosphate et le fer. « On a tous les ingrédients pour faire la batterie au lithium », plaide-t-il.
