Ford F-150 Lobo 2025 : timide retour aux sources

Tranquillement, le marché du camion de rue (street truck) s’est dissipé. Le F-150 SVT Lightning est disparu, le Ram SRT-10 aussi. Et puis, GM n’a jamais cru bon pousser sa camionnette SSR plus loin, réalisant que l’aventure n’était pas viable à long terme. Toujours est-il qu’environ 20 ans se sont écoulés depuis la disparition quasi totale de ce type de camionnette, qui tente un retour cette année. Plus précisément, du côté de chez Ford, mais avec un modèle qui ne pousse pas l’exercice bien loin. Le F-150 Lobo débarque donc en ce moment chez les concessionnaires, souhaitant relancer le genre.

Développé à partir des bases d’une version STX à cabine Supercrew et caisse de 5 pieds et demi, il ne tente pas de jouer la carte du luxe et du raffinement technologique. L’idée est plutôt de servir une formule à l’ancienne, inspirée d’un produit moderne et de grande diffusion. Le traitement lui étant apporté est donc simple :l’abaissement des suspensions de deux pouces, l’ajout de jantes de 22 pouces et quelques artifices esthétiques lui permettant de se distinguer. Par exemple, des phares à projecteurs intégrés dans une calandre illuminée sur toute sa largeur, un pare-chocs doté d’une large prise d’air et de petits renflements sur le capot, histoire de donner le ton sur l’attirail mécanique.

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Ford n’y intègre pas la plus puissante motorisation de son catalogue, soit le V6 Ecoboost de 3,5 litres. À la place, le constructeur lui greffe ce bon vieux V8 de 5,0 litres (400 chevaux), duquel émane une sonorité plus envoûtante qui risque de plaire à la clientèle visée. Une mécanique aucunement modifiée face à l’offre habituelle, jumelée à un système toutes roues motrices, ce qui contrevient à ce qu’ont été les camions de rue du passé.

Une belle curiosité

La version STX du F-150 se situe au deuxième rang dans une gamme qui en compte huit, si l’on fait fi des variantes électrifiées. Il va s’en dire que le niveau de luxe n’épate personne, en dépit d’une console centrale complète et d’une instrumentation 100% numérique. Bien sûr, les commodités ne manquent pas, mais il est curieux de retrouver un levier de vitesses à la colonne, une clé physique servant au démarrage ainsi qu’une sellerie en tissu de qualité ordinaire. Avouons-le : l’absence d’un battant arrière amorti et d’un enduit protecteur de caisse fait plutôt bon marché, surtout pour un véhicule qui, justement, n’est pas bon marché…

Une heure passée à son volant allait suffire pour réaliser que la camionnette F-150 Lobo ne ferait pas fureur chez nous, au Québec. Parce que le V8, bien qu’amusant, n’offre pas la polyvalence et l’efficacité du V6 de 3,5 litres, parce que les jantes trop grandes composent mal avec nos routes accidentées et parce que la suspension abaissée cogne dur. Certes, sa conduite se distingue et est loin d’être ennuyante, mais on réalise vite que sa polyvalence n’est finalement pas si impressionnante. Car en outre, on limite sa charge utile maximale à 1 450 lb et sa capacité de remorquage à 7 900 livres, soit à seulement 400 lb de plus que celle d’une camionnette Ranger.

Les compromis à faire pour accéder à ce modèle sont donc nombreux, pour en fin de compte ne pas avoir l’impression d’un vrai camion de rue. Il aurait dû être offert en cabine normale ou allongée, et qui plus est en deux roues motrices, sachant de toute manière que les acheteurs de ce type de produit ne se trouvent pas chez nous. Plutôt, dans le sud des États-Unis, où la météo est plus clémente.

Il est vrai que les petites modifications esthétiques sont réussies et que le véhicule affiche une certaine force de caractère. Or, pour parvenir à se distinguer avec un F-150, il faut éviter la cabine Supercrew (constituant plus de 90% des ventes) et proposer des teintes et décalques graphiques permettant de mieux le personnaliser. Cela aurait pourtant été simple à réaliser, considérant la quantité de configurations offertes et d’accessoires disponibles.

Voilà d’ailleurs pourquoi certains concessionnaires américains, incluant LeBanon Ford situé en Ohio, modifient des camionnettes F-150 XL à cabine ordinaire et caisse courte, pour en faire de véritables bêtes de performances. Des véhicules rares, faciles à personnaliser, pouvant être commandés avec un V8 de 5,0 litres auquel se greffe sans problème un compresseur volumétrique Roush afin d’atteindre 805 chevaux de puissance. Une option poussée à l’extrême, certes, mais qui n’annule pas la garantie et qui permet de véritablement réincarner ce qu’était le F-150 SVT Lightning au début des années 2000.

Le F-150 Lobo est donc un exercice à demi réussi. Il se vendra peut-être un peu au sud de nos frontières, mais il ne risque pas d’attirer les foules chez nous. D’ailleurs, est-ce que GM répliquera avec un Silverado équivalent? Ou Ram? Rendez-vous dans quelques années pour connaître la réponse. Et si tel est le cas, on pourra alors affirmer que Ford aura gagné son pari de relance d’une mode issue du passé.

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