Sécurité routière au Québec : la courtoisie au volant en perte en vitesse

Publié le 10 novembre 2025 dans Actualité par Journal de Montréal

Tous les automobilistes du Québec devraient se soumettre ponctuellement à un rafraîchissement de leurs connaissances, réclament des experts en sécurité routière, face au phénomène grandissant des comportements imprudents et du manque de courtoisie sur nos routes.

Après plusieurs années au volant et souvent coincés dans le trafic, en vient-on tout simplement à oublier les règles de base du Code de la sécurité routière (CSR)? Ou ne plus juger utile de faire preuve de civilité?

Quiconque conduit ici est en droit de se poser ces questions. 

Selon un sondage mené l’an dernier par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), les conducteurs québécois sont particulièrement irrités par ces gestes trop fréquents sur nos routes: se faire couper, se faire coller de trop près ou ne pas signaler ses intentions avec le clignotant. 

Toutefois, les accès de colère, les refus de courtoisie et les manœuvres brusques ne sont pas seulement agaçants: ils peuvent aussi être dangereux, insistent les experts interrogés par Le Journal.

« L’impatience au volant crée un effet cumulatif », explique Julien Dufort, ingénieur à l’équipe de sécurité routière de Polytechnique Montréal.

« Quand on subit des microagressions routières jour après jour, on finit par réagir de la même façon: un coup de klaxon, un freinage brusque et, parfois, ça se termine en accident. »

Selon lui, la méconnaissance du code par de nombreux conducteurs explique en partie ce manque de courtoisie sur les routes, qui semble s’accentuer au fil des ans.

« On devrait avoir des requalifications continuelles et obligatoires pour conserver notre permis », ajoute M. Dufort.

Une volonté claire

D’ailleurs, selon le sondage de la SAAQ, 92% des Québécois considèrent que le non-respect du Code de la sécurité routière est un problème urgent.

Pour André Durocher, directeur de la Fondation CAA-Québec et ancien policier, la solution passe par une meilleure éducation des conducteurs.

Il plaide lui aussi pour l’ajout d’un questionnaire lors du renouvellement du permis qui permettrait de tester les connaissances.

« On pourrait même offrir un petit incitatif, comme un rabais de 5 $ sur le renouvellement pour ceux qui le complètent », suggère-t-il.

Photo: Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

Répéter, répéter, répéter

Pédagogue dans l’âme, l’ancien président de la Table québécoise de la sécurité routière Jean-Marie De Koninck a toujours souhaité éduquer les Québécois sur les divers articles du Code de la sécurité routière.

« L’éducation, dit-il, ce n’est pas une affaire one shot. Il faut revoir les notions plusieurs fois, sous différents angles, pour qu’elles s’ancrent vraiment. »

Photo: Courtoisie

La SAAQ dit cependant ne pas avoir l’intention d’instaurer des mesures de rafraîchissement des connaissances. Elle indique que « cette solution n’est pas garante de l’amélioration de la sécurité sur les routes ».

Pourtant, des études ont démontré que la pandémie a eu des effets sur les comportements des automobilistes.

« La pandémie a fait qu'on est moins patients sur les routes. C'est lié au fait qu'on est très individualistes. On est tous pressés, mais on pense toujours que notre urgence est plus urgente que celle des autres », glisse l’ingénieur Julien Dufort.

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