Porsche Camp4: Le bonheur sur glace à Mécaglisse
Quand j’ai reçu le courriel d’invitation pour la journée de presse du programme Camp4 de Porsche à Mécaglisse, j’ai aussitôt répondu « certainement ». Seul choix possible et logique pour un journaliste automobile le moindrement sain d’esprit. Surtout s’il a fait des essais de performance une sorte de spécialité, assaisonnée de quelques courses et rallyes.
Si j’ai ensuite offert, dans un élan de générosité déraisonnable ou démentiel, de céder ma place à un autre membre de l’équipe, c’est parce que c’est moi qui ai représenté le Guide de l’auto à la journée de presse du premier Camp4 il y a trois ans. J’ai pensé, pendant un instant, que ce serait gentil de laisser la chance à un(e) autre. Si ça me reprend, attachez-moi quelqu'un ou enfermez mon ordi et jetez la clé.
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Parce que je n’ai certainement pas oublié tout le plaisir que j’ai eu ce jour-là. Surtout avec un coéquipier de la trempe de Bertrand Godin, ex-coureur professionnel, ex-coureur sur glace et toujours pilote exceptionnel. C’est ce que j’ai raconté en détail à l’époque sur Guideautoweb.com.
Eh oui, j’appelle ça du travail. Et j’étais parfaitement prêt à recommencer. Attendez-moi, j’arrive!
La totale à la manière de Porsche
Le plan, pour trois douzaines de journalistes venus de partout au pays, d’Amérique latine et des États-Unis, était pratiquement identique. On nous offrait un concentré du forfait Camp4 qui s’étend normalement sur trois jours. Dont deux journées entières de conduite à Mécaglisse. Toujours en Porsche, bien entendu.
Le programme Camp4 comprend un séjour de trois nuits, les soupers et déjeuners à l’hôtel Estérel, les diners et gouters servis par un traiteur à Mécaglisse, un chandail aux couleurs classiques Martini Racing, un petit sac à dos Porsche et tous les transports. Le cout est de 5 195 $, avant les taxes. C’est cher, mais tout est vraiment « nickel » comme dirait sans doute le Français Romain Dumas, pilote d’usine Porsche, qui était un invité spécial ce jour-là.
L’étape suivante, c’est le programme Camp4 S, plus poussé, qui est offert pour une troisième année à Mécaglisse. Axé sur la performance, il ajoute une journée entière de conduite et de séjour. La note passe alors à 6 195 $. Porsche Canada attend 240 participants en tout pour les deux programmes cet hiver. Venus de partout, même d’Australie.
Et si l'on en veut plus, il y a les programmes Ice Force, présentés en Finlande. On y pilote des 911 Turbo, Carrera 4S et GT3 montés sur crampons de 4 mm. C’est du sérieux et c’est évidemment plus cher : 6 490 € (9 668 $) ou alors 11 390 € (17 070 $) si l'on veut conduire en solo. Ce qui rime d’ailleurs avec loto et gros lot.
Toujours reprendre du début
Cette année, on conduit des 911 Carrera S, des Carrera 4S à rouage intégral et des coupés Cayman. Toutes ces voitures sont équipées de la boite PDK à double embrayage automatisé et sont montées sur des pneus Nokian Hakkapeliitta dont la bande de roulement est parsemée de 400 crampons de 1,5 mm. Les crampons avaient 1 mm la première année.
La journée débute avec Jonathan Urlin, l’instructeur-chef de Camp4, qui décrit les lois de la physique et les techniques de conduite sur neige et sur glace. Comme plusieurs collègues, j’ai entendu ce type de présentation des dizaines de fois mais je sais qu’il est sage de se remettre régulièrement ces principes en tête. Alors, j’écoute. Attentivement.
La présentation est faite entièrement en anglais. Je me demande comment se débrouilleraient des clients strictement francophones ou qui préfèreraient simplement une présentation dans leur langue. À ce prix-là, ce serait la moindre des choses. Surtout que les instructeurs, pour deux de nos trois groupes, sont Franck Kirchhoff et Pierre Des Marais qui pourraient sans peine s'exprimer en français...
Enfin en piste
À Mécaglisse, je me retrouve dans le groupe de Franck qui est également le maitre des lieux avec son père Vincent. Ce dernier prend un soin jaloux des différents circuits et tracés qui n’ont d’ailleurs jamais été aussi beaux. Une fois sa position de conduite soigneusement réglée, mon collègue et coéquipier Michel Deslauriers attaque le premier exercice.
Sur la glace vive, après un freinage prolongé qui fait décrocher l’arrière de la Carrera 4S à 60 km/h, Michel contrebraque et fait balancer cette 911 de 400 chevaux entre les cônes du slalom en jouant de l’accélérateur et du volant. Au passage suivant, antidérapage PSM désactivé, il faut jouer de finesse, en douceur, pour éviter les tête-à-queue. On se fait tous deux plaisir sur le trajet de retour en écoutant les commentaires de Franck qui ne rate rien de chacune de nos manœuvres.
Le deuxième exercice nous permet d’apprivoiser les longs survirages et la technique de « l’appel / contre-appel », perfectionnée par les pilotes de rallye scandinaves, sur un rectangle arrondi qui monte et descend constamment. L’équilibre du coupé Cayman est phénoménal. Pensez-y : une propulsion à moteur central de 275 chevaux, sur la glace vive. Et c’est mieux encore sans le système antidérapage.
Des cercles quasi polaires
Après, on tente de maintenir notre 911 Carrera S en dérapage continu sur un anneau glacé de 120 mètres de diamètre. Dans un sens et ensuite dans l’autre, les roues braquées, en modulant l’accélérateur. Mais le couronnement de la journée, c’est d’enchainer trois des circuits en pilotage libre, dans chacune des trois voitures.
Chacune a son caractère propre. Toutes trois m’éblouissent. Les circuits aussi. Jamais je n’ai au autant de plaisir sur la neige et la glace. Je me pince et je veux rouler encore, même si le soleil est presque à la hauteur de l’horizon et que Camp4 ferme boutique.
J’ai grandement apprécié la première édition, il y a trois ans, mais c’était encore mieux cette fois-ci. Il s’agit pourtant essentiellement du même programme, sur les mêmes tracés, mené par la même équipe, ou presque. Les nouveaux crampons de 1,5 mm ont sans doute ajouté juste ce qu’il fallait de motricité. De toute manière, les mêmes voitures doivent maintenant servir pour les deux premiers niveaux de Camp4.
Et là, j’y pense : la 911 Carrera et le coupé Cayman ont été entièrement redessinés depuis mon premier passage à Mécaglisse en 2011. J’ai maintes fois mentionné les bienfaits de leur empattement plus long et de leurs voies avant plus larges pour la tenue de route. Je viens d’en avoir de nouvelles preuves, éclatantes, sur l’adhérence pratiquement nulle de la plus impitoyable des surfaces : la glace laurentienne. Je n’ai pas fini d’en parler.
Dommage qu’il n’y ait pas de journée de presse pour les programmes Camp4 S et Ice Force. Excusez-moi. Il faut que j’aille acheter quelques billets de loto.