Jaguar F-Type 2015: Un admirable redressement
Si l’on devait se reporter à la sombre époque où la marque Jaguar croupissait en dernière place dans les études sur la fiabilité, on pourrait dire, malicieusement, que la première qualité de la nouvelle Type F décapotable qui me fut confiée pour cet essai était d’avoir franchi ses premiers 5 800 km sans qu’aucun problème ne vienne assombrir son bilan.
La meilleure preuve de la mauvaise gestion de l’ancienne administration de Jaguar tient non seulement dans un déclin de la qualité, mais aussi dans son incapacité à donner une héritière à la superbe Type E, une des automobiles les plus célébrées dans le monde. Il aura fallu attendre 38 ans et l’arrivée d’un nouveau propriétaire pour que Jaguar accouche d’une Type F. Ce roadster auquel vient se joindre cette année un coupé ne connaîtra jamais une carrière aussi glorieuse que son prédécesseur, mais, au moins, on a comblé le vide qui perdurait dans la gamme Jaguar. Selon le moteur qui se glisse sous son capot, la Type F fait face à une concurrence très variée allant de la Mercedes-Benz SLK à la Porsche 911Turbo si l’on opte pour la livrée de Type R énergisée par un V8 de 550 chevaux.
- À lire aussi: Le match des étoiles: Trois grandes sportives s'affrontent
- À lire aussi: Nouvelle nomenclature pour Jaguar Land Rover
Sans avoir la sensualité de la Type E, la nouvelle venue a plutôt belle allure, surtout dans cette robe orangée qui risque, par ailleurs, de ne pas passer inaperçue des policiers. D'autant plus que l’échappement libère des crépitements dont on ne sait plus s’ils s’apparentent à une Honda modifiée ou à un pot d’échappement bon marché de style rice rocket. Dans les versions S et V8 S, Jaguar propose toutefois un échappement sport actif qui, à l’aide d’un bouton, permet de modifier le niveau du bruit. On aime ou on n’aime pas.
Des chevaux sobres
Que ce soit dans le roadster ou le nouveau coupé, quatre motorisations sont au programme : un V6 de 340 chevaux à compresseur Roots dans les versions de base et de 380 dans le modèle S. Le V8 précité n’est proposé que dans la version coupé, mais il peut se glisser sous le capot du roadster avec un petit déficit qui voit sa puissance passer à 495 chevaux. Malgré un petit creux à bas régime, le V6 de base m’apparaît largement suffisant avec un double avantage pour le porte-monnaie : d’abord à l’achat et ensuite à la pompe avec une moyenne qui peut se situer à seulement 7,5 litres aux 100 km à une vitesse n’excédant pas 110 km/h. ll faut créditer ici la boîte de vitesse séquentielle dont les 8 rapports sélectionnables par des palettes sous le volant permettent de garder le régime moteur à un niveau favorable.
Première constatation en prenant le volant, la direction est ultrarapide, ce qui la rend évidemment sensible aux moindres impulsions. C’est là un acquis pour une voiture de sport qui, pour certains, sera considérée davantage comme une Grand Tourisme axée sur le confort. Sauf que la suspension me paraît assez raide et réfractaire aux mauvais revêtements, surtout lorsque l’on opte pour le mode Sport de la suspension. Le mode Éco, en revanche, adoucit le roulement. En échange, la tenue de route est au rendez-vous et la voiture conserve un comportement assez neutre en virage. De plus, cette Jaguar mime les meilleures sportives sur le marché avec une transmission séquentielle qui mémorise votre type de conduite et s’y adapte en maintenant le rapport engagé dans les virages.
Une solution à risques
À l’intérieur, la finition témoigne d’un soin particulier, mais je n’ai pu m’empêcher de noter que Jaguar a joué avec le feu en ornant le tableau de bord de buses d’aération qui surgissent de leur logement au-dessus de l’écran central lorsque l’on active le chauffage ou la climatisation. Voilà une fantaisie qui pourrait venir hanter les gens de Jaguar si jamais ces aérateurs ne sont pas à l’épreuve du temps. La visibilité, très pauvre vers l’arrière, commande d’opter pour la caméra de recul, spécialement dans le coupé. Au prix demandé, cet accessoire devrait être de série... Le roadster quant à lui possède un toit qui s’escamote en un rien de temps en plus d’être parfaitement étanche. Notons que les boutons qui servent à ouvrir ou fermer la capote sont inversés, un petit souvenir des habitudes gauchères de nos amis britanniques. Pour les bagages, n’y comptez pas trop; le coffre est minuscule, ce qui ramènera peut-être à la mode les porte-bagages chromés qui venaient se greffer au coffre arrière des anciennes voitures anglaises. Un mot en terminant pour souligner le rendement assez ordinaire de la chaîne stéréo Meridian.
Cette Jaguar Type F marque un admirable redressement pour la marque de Coventry. Elle a mis du temps à se manifester et souhaitons simplement que l’on ait réussi à la débarrasser de tous les petits bobos de jeunesse qui ont trop souvent affligé les créations de ce constructeur.