DeLorean DMC-12, retour en 2018

Publié le 21 octobre 2015 dans Voitures anciennes par Alain Morin

« Quitte à voyager à travers le temps au volant d’une voiture, autant en choisir une qui aie de la gueule! » Doc Brown
Un film, c’est d’abord une idée. Et les producteurs du film Retour vers le Futur (Back to the Future) en ont eu toute une! Un adolescent des années ’80 retourne dans le passé, à l’époque où ses parents ont le même âge que lui. Malheureusement, sa mère, alors jeune et jolie, tombe en amour avec celui qui deviendra son fils. Ce dernier doit absolument « matcher » sa mère avec l’homme qui deviendra son père sinon il ne pourra vivre... ni retourner dans les années ’80!

Même s’il s’agit d’une histoire farfelue, les producteurs avaient besoin de quelque chose de crédible qui permettrait à leur personnage principal de voyager dans le temps. Au début, ils avaient prévu un réfrigérateur comme moyen de transport temporel... Mais la possibilité que des enfants imitent la vedette du film et s’emprisonnent dans un frigo ne leur plaisait pas vraiment. Une voiture serait mieux indiquée. Et les producteurs (Speilberg et Zemeckis) ont alors eu cette idée de génie... Pour retourner dans les années ’50 depuis les années ’80, il fallait une voiture qui ait l’air d’un vaisseau de l’espace. Pourquoi ne pas prendre la déjà célèbre DeLorean DMC-12, avec ses portes en aile de mouette et sa carrosserie en acier inoxydable?

Les producteurs ne se sont pas seulement contentés de mettre une belle voiture à l’écran. Pour respecter l’apparence et l’attitude négligées de Doc Brown (Christopher Lloyd), il fallait donner au véhicule un côté fabriqué à la main.

Après avoir consulté nombre d’annonces classées (au début des années ’80, on ne parlait pas encore d’Internet!), trois DeLorean sont achetées pour un montant de 50 000$. L’entreprise Filmtrix Inc, de Woodland Hills en Californie, est engagée pour modifier les voitures en vue (jeu de mots ici) d’en faire des bagnoles sorties du futur. La vitre arrière et les stores sont alors enlevés pour faire place au réacteur, composé d’objets hétéroclites, allant de pièces d’avion prises dans des surplus à un enjoliveur de Dodge Polara, en passant par des bobines d’allumage, des boîtiers divers, d’innombrables conduits et fils électriques, de quoi générer les 1,21 gigawatts nécessaires pour voyager dans le temps! Le feu qui éclate alors que la voiture atteint les 88 milles à l’heure critiques provient de canons commandés par un spécialiste des effets spéciaux depuis l’habitacle. L’intérieur de la DeLorean reçoit une quantité impressionnante de matériel électronique plus ou moins fonctionnel.

Au total, trois épisodes de la série Retour vers le Futur sont tournés. La DeLorean subit divers changements au fil des films mais le plus radical survient à la fin du troisième épisode alors qu’elle est démolie par un train... ce qui met définitivement fin à la série.

Un homme et sa DeLorean

John Zachary DeLorean, né en 1925, est un ingénieur de formation. Souvent crédité pour avoir enfanté la sublime Pontiac GTO en 1964, l’homme, à l’égo aussi grand que l’univers, rêve d’une voiture sport à deux places avec carrosserie en fibre de verre et moteur six cylindres (on croirait lire la fiche technique de la Pontiac Fiero...) Mais la direction de GM, ne voulant pas concurrencer la Corvette, refuse le projet. Les relations entre DeLorean et GM, déjà pas très harmonieuses, vont de mal en pis. Le 31 mai 1973, c’est avec autant de plaisir que de fracas qu’il remet sa démission de la General Motors.

DeLorean décide alors de fabriquer sa propre voiture. Il met sur pied une petite équipe, demande à Giorgetto Guigiaro, le célèbre designer italien, de lui concocter une belle bagnole et il se met en quête de subventions. Car DeLorean possède un don... celui de dépenser l’argent des autres! Au fil des mois, sa voiture prend peu à peu forme mais il manque une usine... qui, après bien des vississitudes, se retrouve en Irlande du Nord. Et le créateur de la DMC-12 vivra ainsi quelques années avec les fonds publics irlandais...

La DMC-12 arrive enfin!

Nous sommes en 1978. Colin Chapman, le génie derrière les Lotus alors championnes du monde en Formule Un, repense entièrement le châssis pour qu’il ressemble à celui de l’Elan. Le groupe motopropulseur provient de chez Renault qui a développé, conjointement avec Peugeot et Volvo, un moteur de 2 849 cm3. Les premières DMC-12 sortent des chaînes de production au début de 1981. Mais ces premiers exemplaires sont affligés d’innombrables défauts de conception et d’assemblage. Les portes papillon, par exemple, ne demeurent jamais ouvertes (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans Retour vers le Futur, Marty McFly (Michael J. Fox) ne cesse de se gogner la tête sur celles-ci!

Pire que tous ces avatars, la passion de DeLorean pour l’argent des autres mine sa crédibilité. Son train de vie est rien de moins que princier (même bien avant que les profits commencent à rentrer) et ses caprices le font détester de tous. Le gouvernement irlandais décide de couper les vivres et DeLorean se voit acculé à la faillite. Dans un ultime effort pour sauver son entreprise, il effectue, pour un « ami », une transaction de cocaïne qui lui rapportera plusieurs millions de dollars. Le hic, c’est que « l’ami » en question est un agent double de la CIA qui se sert de DeLorean comme appât. Le 20 octobre 1982, les journaux du monde entier relatent l’invraisemblable histoire de John Z. DeLorean. Ironiquement, il s’agit de la dernière journée de production de la DMC-12. Le 16 août 1984, DeLorean sera acquité de toutes les charges qui pesaient contre lui. Ensuite, John Zachary DeLorean se fera plus discret. En fait, il fera parler de lui surtout lors de la sortie du film Retour vers le Futur... et lors de sa mort, le 19 mars 2005 à la suite d’une crise cardiaque.

Situation déplorable

Les photos de la DeLorean ont été prises il y a déjà quelques années au Musée du Domaine de Pohénégamook. Situé dans un décor enchanteur, ce musée, un des rares musées privés au Québec, présentait chaque année une quarantaine de voitures, toutes plus exclusives les unes que les autres. Oeuvre de monsieur Charles Guénette, entrepreneur prospère de Pohénégamook, le musée était la propriété de la Fondation du Musée, un organisme à but non lucratif venant en aide aux mères en difficultés de la région du Bas-St-Laurent. En plus de voir de superbes voitures, les dons des visiteurs contribuaient à une bonne cause. Malheureusement, les musées ont la vie dure au Québec et celui-ci a fermé ses portes l’année dernière, faute de revenus suffisants. Triste. Très triste.

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