Acura NSX 2017 : missile guidé par rayon laser
Mon premier contact avec la Acura NSX 2017 a eu lieu en Octobre 2015 sur le circuit du centre de recherche de Honda à Tochigi au Japon. Ce fut aussi bref qu’intense, puisque je n’ai pu faire que deux tours de piste, et c’est pourquoi j’ai sauté sur l’occasion de reprendre contact avec la nouvelle exotique japonaise pour un essai plus complet sur le circuit privé The Thermal Club ainsi que sur les routes de la région de Palm Springs en Californie.
Perdu quelque part dans le coin de Radiator Springs
The Thermal Club est un circuit privé utilisé par de riches collectionneurs de voitures exotiques. Long de 4,5 milles, le circuit complet peut adopter plusieurs configurations et aujourd’hui, nous utilisons la piste South Palms qui se déroule sur 1,8 mille et qui comporte neuf virages. Le circuit est presque plat, le paysage ressemble à celui de Radiator Springs dans le film « Cars ».
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La quiétude des lieux n’est interrompue que par le son des sportives roulant sur le circuit et par celui des jets privés qui décollent et atterrissent à l’aéroport Jacqueline Cochran qui est à cinq milles du circuit. Bref, on est en plein cœur de l’univers de gens très riches, et la NSX cadre parfaitement avec son prix de 189 900 $ pour le modèle de base et de 250 100 $ avec le plein d’options.
Pas 007, mais 0000…
Cinq prototypes de pré-production, portant tous le numéro de série « 0000 », attendent notre petit groupe de journalistes dans les puits de ravitaillement. Je prends un casque et je m’installe à bord. La NSX de deuxième génération est une voiture extrêmement complexe sur le plan technique, mais rien n’y paraît dans le cockpit où la simplicité règne.
Le coussin du siège est ajustable sur l’axe avant-arrière, mais pas en hauteur, l’inclinaison du dossier est limitée, et le volant est à la fois télescopique et ajustable en hauteur. La visibilité vers l’avant est excellente grâce au design très profilé des piliers « A » et à l’inclinaison du capot avant. On remarque immédiatement le sélecteur rotatif Dynamic Mode sur la console centrale qui permet de sélectionner l’un des quatre modes de conduite, soit Quiet, Sport, Sport Plus et Track.
La NSX à l’assaut du circuit
Sur le circuit, avec le mode Track en fonction, le comportement de la NSX évoque celui d’un missile guidé par rayon laser tellement la voiture cherche à toujours livrer une motricité optimale avec une précision que l’on peut qualifier de chirurgicale. La répartition des masses est de 42 pour cent sur le train avant et de 58 pour cent sur le train arrière et, sur le plan technique, la NSX est un véritable tour de force.
L’as dans sa manche c’est sa motorisation hybride composée du V6 biturbo de 3,5 litres et de trois moteurs électriques, le premier étant logé en sandwich entre le moteur thermique et la boîte à double embrayage à neuf rapports. Les deux autres sont reliés aux roues avant, permettant ainsi à la NSX d’être « tractée » en sortie de virages et d’adopter une fonction de Torque Vectoring qui est capable de faire tourner la roue avant extérieure plus rapidement que celle de l’intérieur pour assurer une plus grande agilité et combattre le sous-virage.
C’est ce dernier aspect qui est le plus impressionnant et le plus inattendu avec la NSX, soit cette sensation que le train avant « tire » littéralement la voiture en sortie de virages. Ce n’est toutefois pas une sensation que l’on peut qualifier de « naturelle » et elle impose que l’on modifie un peu sa technique en virages pour profiter au maximum du degré de sophistication technique très élevé de la NSX.
Un handicap et deux défauts sur la piste
Sur la piste, on relève un handicap majeur et deux défauts irritants. Le handicap majeur, c’est le poids élevé de la NSX qui pèse 1 725 kilos ou 3 803 livres, sans options. Même si la NSX est redoutablement efficace sur circuit, il n’en demeure pas moins qu’elle ne peut faire abstraction complète des lois de la physique et on se met à songer à ce dont la voiture serait capable avec 150 ou 200 kilos en moins.
Les deux défauts irritants? Le siège n’est pas ajustable en hauteur et j’ai toujours eu l’impression d’être assis trop haut. Pour une sportive de haut calibre, la hauteur du bassin du conducteur dans la voiture est un facteur important pour bien sentir les réactions de la voiture et faire corps avec elle. C’est ce que les anglais appellent le seat-of-the-pants feel, et la NSX fait un peu défaut de ce côté.
Aussi, les renflements sur les côtés des sièges sont plutôt souples, pour rendre la voiture plus confortable lors de l’accès à bord, et ne procurent pas assez de soutien latéral pour la conduite sur circuit.
Le système de départ-canon
Entre deux séries de tours sur le circuit, je me rends à une autre section aménagée pour faire quelques départs-canon avec le système automatique développé pour la NSX. La procédure est très simple. Il faut sélectionner le mode Track au moyen du sélecteur rotatif Dynamic Mode, maintenir les freins avec le pied gauche et appuyer à fond sur l’accélérateur.
Le V6 biturbo de 3,5 litres tourne à 2 200 tours/minute et le voyant lumineux indiquant que le mode départ-canon est engagé s’allume. Il suffit ensuite de relâcher les freins pour que la voiture soit catapultée vers l’avant avec une force d’accélération aussi surprenante qu’immédiate grâce au couple instantané des trois moteurs électriques, travaillant de concert avec le V6 biturbo, pour assurer une motricité optimale.
La NSX décolle aussi vite qu’une Porsche 911 Turbo, mais l’effet est nettement moins dramatique en raison de la sonorité plus étouffée du moteur de la NSX. C’est super-efficace, la poussée vers l’avant est phénoménale, mais l’expérience n’est pas nécessairement aussi exaltante qu’avec d’autres sportives de haut calibre.
Après le circuit, la route
Sur les routes balisées, la NSX s’est montrée très docile, confortable et silencieuse en mode Quiet qui limite les révolutions-moteur à 4000 tours/minute et qui permet de décoller dans un silence complet sur la seule puissance électrique. Le mode Sport permet au moteur thermique de s’exprimer normalement et conserve la fonctionnalité arrêt-redémarrage qui coupe le moteur à l’arrêt.
En choisissant Sport Plus, la réponse à l’accélérateur est plus rapide, les amortisseurs magnétorhéologiques adoptent des calibrations plus fermes et les deux moteurs électriques du train avant sont mis plus à contribution. Le mode Track permet l’utilisation du système de départ-canon et retarde l’intervention des systèmes électroniques assurant la stabilité.
La vie à bord
La NSX n’offre pas beaucoup de rangements dans l’habitacle, on ne peut utiliser que le coffre à gants et un petit compartiment avec prise USB logé entre les dossiers des sièges pour remiser son téléphone intelligent. Il n’y a pas de pochettes de rangement dans les portières et pas de porte-gobelets. Le système d’infodivertissement est identique à celui des Honda Civic ou HR-V avec une qualité graphique très bas-de-gamme qui ne cadre absolument pas avec une voiture dont le prix est supérieur à 180 mille dollars. Au moins, les fonctionnalités Apple CarPlay et Android Auto sont au rendez-vous…
Le volume du coffre est très réduit, 4,4 pieds cubes ou 125 litres et, comme le coffre est logé juste derrière le moteur et par-dessus les échappements, la température à l’intérieur du coffre peut devenir très élevée, au point même de faire fondre un paquet de gomme à mâcher ou de rendre brûlante la fermeture éclair d’un coupe-vent comme j’ai pu m’en rendre compte.
Plus de raison, moins de passion
Au final, la connexion entre le conducteur et la NSX est plus cérébrale que viscérale, un constat qui est tout à fait en phase avec les courants de notre époque où l’efficacité prime avant tout. La NSX est redoutablement rapide, elle peut même se montrer féroce, mais on attend encore et toujours cette étincelle qui enflamme la passion, la NSX étant largement dépourvue des grandes envolées lyriques typiques des exotiques à moteur atmosphérique.
La NSX est un véritable tour de force sur le plan technique, son rapport performances/prix est très favorable et elle sera assurément très fiable, mais elle manque un peu de caractère et d’émotion.
- Retour sur notre premier contact au Japon avec la NSX.
- Apprenez-en plus sur l'histoire de la NSX.
- Voir la publicité de la NSX au Superbowl 2016.
- Voir une vidéo de l'Acura NSX 2017 en "Quiet Mode" électrique
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Acura NSX 2017 |
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Version à l'essai | n.d. |
Fourchette de prix | 189 900 $ – 250 100 $ |
Prix du modèle à l'essai | n.d. |
Garantie de base | n.d. |
Garantie du groupe motopropulseur | n.d. |
Consommation (ville/route/observée) | 11.7 / 10.7 / n.d. L/100km |
Options | Freins en composite de céramique, Ensemble fibre de carbone - carrosserie, Ensemble fibre de carbone - habitacle, Ensemble Technologie, Sièges sport en cuir et Alcantara |
Modèles concurrents | Aston Martin DB9, Aston Martin Vanquish, Aston Martin Vantage, Audi R8, Bentley Continental GT, BMW i8, BMW Série 6, Dodge Viper, Ferrari 458, Ferrari LaFerrari, Lamborghini Aventador, Lamborghini Huracán, McLaren 650S, McLaren P1, Nissan GT-R, Pagani Huayra, Porsche 911 |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | Voiture efficace en consommation avec une moyenne de 11,2 litres aux 100 kilomètres. |
Confort | Très bon en mode « Quiet », plus aléatoire en modes « Sport Plus » et « Track » |
Performances | La NSX est aussi rapide que la Porsche 911 Turbo sur le 0-100 kilomètres/heure, mais les sensations ne sont pas aussi viscérales. |
Système multimédia | La NSX est dotée du même système d'infodivertissement qu'une Honda Civic. Décevant. |
Agrément de conduite | Rapide sur circuit et confortable sur la route. |
Appréciation générale | Aussi avancée sur le plan technique qu'une Porsche 918 Spyder pour le quart du prix. |