Un gros Caddy !

Publié le 6 février 2020 dans Blogue par Antoine Joubert

C’était la fête cette semaine chez Cadillac. En effet, on inaugurait l’arrivée de la cinquième génération du grand VUS Escalade, considéré par plusieurs comme un objet phare de la culture américaine. Et pour cause, l’Escalade s’est retrouvé dans des centaines de productions télé, se faisant ainsi voir comme une icône à travers le monde entier. Avec l’Escalade, Cadillac mentionne vouloir cibler une clientèle âgée de 40 à 60 ans, cultivée et au mode de vie actif, sans souligner toutefois qu’une grande partie des narcotrafiquants s’en amourache tout autant! Car oui, l’Escalade affiche aussi un côté résolument bad boy que plusieurs acheteurs apprécient énormément.

Au cours des dernières années, Cadillac a écoulé à l’échelle nord-américaine une moyenne approximative de 40 000 unités de l’Escalade. Un nombre inférieur à celui enregistré au milieu des années 2000, mais qui demeure extrêmement élevé pour un véhicule généralement vendu à plus de 100 000 $. Il faut dire que le profit engendré par ce monstre est gargantuesque, considérant que les coûts de son développement sont partagés avec les Chevrolet Tahoe, GMC Yukon, les Suburban et toute la grande famille des camionnettes Silverado/Sierra. Et puis, pas besoin d’être très futé pour comprendre que 40 000 véhicules à 100 000 $, voire 120 000 $, ça fait beaucoup d’argent dans les coffres de GM.

Je serai honnête, Cadillac a fait du bon boulot avec le nouvel Escalade. Notamment en présentant une version Sport dépourvue de chrome, en rehaussant de beaucoup le degré de finition intérieure et en greffant dans l’habitacle un écran incurvé de 38 pouces avec technologie 4K, qui fait office de poste de conduite. Une chaîne stéréo à 19 haut-parleurs (36 en option), la technologie SuperCruise de conduite semi-autonome ainsi qu’une nouvelle suspension indépendante à amortissement pneumatique sont aussi offertes, de même qu’un choix de moteurs V8 à essence ou six cylindres diesel. Bref, on a mis le paquet.

Maintenant… où est l’électrique? Cadillac nous promet depuis quelques années déjà que le futur de la marque sera électrifié. Que cette division de luxe sera celle qui d’ici peu, offrira le plus grand nombre de véhicules zéro émission. En assistant à la présentation de ce nouvel Escalade dans la région de Hollywood en Californie, je m’attendais bien sûr à en apprendre un peu plus à ce sujet. Mais hélas, je suis reparti bredouille! Pas un mot sur un futur véhicule électrique, ni même sur la possibilité d’une hybridation de ce mastodonte. Comme je questionnais un représentant de la marque, il m’a bêtement répondu que le diesel allait permettre de satisfaire ceux pour qui la consommation de carburant importe un peu plus. Tsé… un gars du Texas!

Rappelons que chez Cadillac, il n’existe actuellement aucun véhicule partiellement électrifié, ou même hybride. La plus récente addition d’une voiture hybride à la gamme fut la grande berline CT6 Plug-In 2018, vendue à 10 unités seulement à travers le pays, que l’on a ensuite retirée du catalogue. Pour ainsi dire, il s’agissait d’une voiture quasi expérimentale. Et pour l’heure, quoique l’on ne puisse parler de véhicules réellement énergivores, Cadillac ne fait pas beaucoup d’efforts pour améliorer la consommation de carburant de ses véhicules.

Cela n’enlève cependant rien à la gamme de modèles que l’on propose et qui, à mon sens, n’a jamais été aussi complète et intéressante. Et à ce sujet, je me permets d’ailleurs de féliciter les stratèges de la marque qui osent cette année relancer deux nouvelles berlines, les CT4 et CT5, à une époque où la voiture perd énormément de terrain face aux VUS. Il reste maintenant à les faire connaître.

Passage obligé

Soyons francs, Cadillac n’a d’autre choix que de se lancer dans l’électrique, surtout s’il souhaite continuer à commercialiser des véhicules comme l’Escalade qui, avouons-le, ne facilitent pas la tâche au constructeur devant se soumettre à des normes d’émissions polluantes de plus en plus sévères. Maintenant, il est clair que sans des produits rentables comme l’Escalade, le développement de nouveaux véhicules électriques serait sérieusement compromis. On peut donc en conclure que GM exploite actuellement ce qu’elle sait faire de mieux, c’est-à-dire les gros camions, pour parvenir au développement de véhicules qui lui permettront de se projeter dans l’avenir.

Il faudra également que Cadillac investisse dans de grosses campagnes de mise en marché afin de redorer le blason de son emblème. Un défi qu’il tente de relever depuis l’arrivée de la première CTS en 2003... Car si l’Escalade s’avère incontestablement le gros VUS de luxe le plus populaire, on ne peut en dire autant pour les modèles XT4, XT5 et XT6, qui ne se vendent qu’au compte-goutte en comparaison avec la concurrence allemande ou japonaise.

Est-ce que le nouvel Escalade, porte-étendard de l’entreprise, contribuera encore à l’émancipation de la marque? Vous pouvez en être certain. Parce qu’en attendant le dévoilement prochain d’un premier VUS électrique, l’Escalade demeurera la grande star de la marque. Surtout qu’au moment d’écrire ces lignes, le litre d’essence est passé sous la barre psychologique du dollar chez nos voisins ontariens…

En vidéo : vous souvenez-vous de la Cadillac Allanté?

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