Genesis G80 2021 : une claque au visage
Une claque au visage de qui? De tous ceux qui ont abandonné le segment des berlines intermédiaires de luxe, mais particulièrement de Lincoln, qui devrait certainement tirer une leçon à la vue de cette nouvelle G80.
Une voiture que les Américains auraient sûrement adoptée en grand nombre si elle avait porté un écusson domestique. Maintenant, la question est de savoir si, à la vue d’un emblème coréen, ces acheteurs seront toujours au rendez-vous.
- À lire aussi: Genesis GV80 2021 : de la mine dans le crayon
- À lire aussi: Genesis GV70… déjà un deuxième VUS chez Genesis
Quoi que l’on en dise, il existe une vaste quantité d’acheteurs en quête de grosses bagnoles. Surtout du côté des États-Unis, où les traditions se perdent moins facilement. Or, parce que les constructeurs n’ont guère su offrir des voitures proposant une valeur équitable face à la vague des VUS, ces dernières ont rapidement perdu l’intérêt du public. Par exemple, Lincoln avait beau offrir une Continental bourrée de qualités, on justifiait difficilement le fait qu’elle coûtait aussi cher en location qu’un Navigator vendu à 15 000 $ de plus. Cause d’une valeur résiduelle extrêmement faible ou, si vous préférez, d’une trop forte dépréciation.
Admettons-le, les constructeurs n’ont pas non plus redoublé d’efforts afin de nous servir des voitures aussi impressionnantes que du côté des VUS. Or, parce que la G80 constitue encore aujourd’hui la deuxième voiture la plus populaire du marché coréen (difficile à croire, mais vrai!), Genesis peut justifier de grands coûts de développement et l’intégration d’une technologie de pointe qui, au final, profiteront à l’acheteur nord-américain.
Simple et efficace
Si nos voisins du Sud ont le choix de nombreuses versions et d’un mode propulsé ou à quatre roues motrices, il en va autrement pour nous. En effet, Genesis Canada simplifie la gamme de la G80 en ne proposant que deux options. Une version 2.5t Advanced à moteur à quatre cylindres turbo et une version 3.5t Prestige à moteur V6 biturbo. Toutes deux avec rouage intégral de série. En somme, une stratégie logique, puisqu’il serait difficile de justifier l’offre de multiples versions dans un marché aussi symbolique. Puis, parce que l’acheteur canadien en quête de luxe choisit plus souvent un modèle hyper équipé, Genesis Canada élimine d’office les versions Standard vendues au pays de l’oncle Sam.
La formule canadienne de Genesis est donc simple. Deux versions, sans option aucune, mais avec un choix très généreux de teintes extérieures et intérieures, sans frais. D’ailleurs, ces deux versions respectivement vendues à 66 000 $ et 76 000 $, incluent même à ce prix les frais de transport, de préparation, d’administration et autres. Pas de cachotteries, pas de surplus, à moins que vous ne vous laissiez tenter par quelques accessoires vendus en boutique.
Élégante, malgré la grille…
Admettons-le, la calandre frappe fort. Peut-être un peu trop. Une mode qui semble hélas s’étendre chez plusieurs manufacturiers, en quête d’une identité toujours plus forte. Si au moins on avait pu l’assombrir d’une teinte graphite ou noire, découlant d’un quelconque ensemble sport, l’impact aurait sans doute été moins violent. Or, comme la G80 joue pour l’heure la carte classique d’un chrome omniprésent, impossible qu’elle nous échappe.
Heureusement, l’ensemble des lignes demeure très gracieux. Avec ce double horizon imaginaire ceinturant l’ensemble de la carrosserie à travers les phares, les renflements d’ailes et les feux arrière. Avec ce long museau façon Jaguar et cette lunette évasée, donnant au trois quarts arrière l’impression d’une Audi A7. En fin de compte, une robe élégante qui risque de vieillir en beauté et qui fait oublier la précédente G80, de toute façon méconnue du grand public. D’ailleurs, cette dernière n’avait su convaincre que 59 acheteurs dans la Belle Province en 2019, tout comme en 2018.
Affichant une superbe finition extérieure, la G80 2021 étonne encore plus à son bord, où la présentation et la qualité d’assemblage n’ont rien à envier à quiconque. Non seulement Genesis y joue d’audace avec un mariage de teintes et d’éléments décoratifs hors du commun, mais l’ensemble des matériaux s’y trouvant est de belle facture. L’impression d’un environnement ultramoderne et luxueux y est donc palpable, l’affichage et le souci du détail de chacun des éléments nous rappelant presque les produits Bentley.
Confortablement installé, le conducteur profite d’un environnement feutré où l’insonorisation est exceptionnelle. Et pour cause, la présence d’un verre laminé à la grandeur et d’un accéléromètre qui combiné à un microphone, détecte les ondes sonores pour les inverser et ainsi amenuiser considérablement les effets du bruit.
Choisissez la version Advanced et vous aurez droit d’emblée au toit ouvrant panoramique, à la chaîne audio Lexicon à 21 haut-parleurs, à l’ensemble des accessoires chauffants + sièges ventilés ainsi qu’à un écran tactile de 14,5 pouces avec navigation. Quant à ceux qui feront le saut vers la version Prestige, ils bénéficieront notamment d’une instrumentation 3D passablement étonnante, d’une sellerie en cuir Nappa avec pavillon en suède et surtout, d’un siège « ergo » avec fonction de massage dont vous ne pourrez plus vous passer. À cela s’ajoute bien sûr un festival de dispositifs de sécurité et de conduite assistée qui sont franchement efficaces, mais qui deviendront problématiques dès l’arrivée de la première neige.
Quoi? Un quatre cylindres?
En effet, Genesis propose comme mécanique de base un quatre cylindres turbocompressé de 2,5 litres, plus puissant que ceux montés dans les Audi A6 et Mercedes-Benz E350 4Matic. Produisant 300 chevaux, il fait équipe avec une boîte automatique à huit rapports ainsi qu’avec la traction intégrale, acheminant initialement son couple aux roues arrière. Ce dernier peut toutefois être transféré à 100% sur l’une ou l’autre des roues arrière, et jusqu’à hauteur de 50% sur l’essieu avant, toujours dans l’optique d’optimiser l’équilibre et la traction.
Honnêtement, bien que la puissance ne soit pas un réel problème, il faut user d’imagination pour croire à la présence de 300 chevaux. Parce qu’avec 50 chevaux en moins, une Audi A6 à moteur 2,0 litres accélère aussi promptement. En revanche, le moteur de cette Genesis se fait extrêmement discret, encore une fois en raison de l’excellente insonorisation.
En passant au V6, la G80 fait un bond de 75 chevaux. Une puissance plus inspirante, mais qui n’a toutefois rien de renversant. On apprécie davantage la douceur de son rendement que son plus grand souffle, et ce, même si les accélérations sont clairement plus rapides.
Unanimement, les journalistes qui se trouvaient en ma compagnie lors de cette journée d’essai s’accordaient pour donner l’avantage au quatre cylindres. Une mécanique certes moins rapide, mais qui fait épargner 10 00 0 $ à l’acheteur et qui contribue ironiquement à un plus bel agrément de conduite. Pourquoi ça? Parce que le poids supplémentaire du V6 se fait vivement sentir à l’avant de la G80, ce qui vient déséquilibrer la voiture en virage, tout en affectant sa maniabilité. L’impression d’une direction moins précise s’est fégalement ait sentir avec la version Prestige, laquelle chausse d’emblée des pneus de 20 pouces, moins bien adaptés à nos routes que les 19 pouces de la version Advanced.
Certes, la G80 n’a pas de prétentions sportives, mais se défend à ce chapitre drôlement mieux que sa devancière. Puis, parce que le constructeur propose désormais différents modes permettant de dynamiser ou de feutrer davantage la conduite, cette berline adopte une double personnalité, loin d’être désagréable.
À contre-courant
Après la disparition des trois berlines japonaises (Acura RLX, Infiniti Q70 et Lexus GS), et bien sûr, de Lincoln, la concurrence se fait aujourd’hui de moins en moins grande. En somme, il reste la Jaguar XF, la Volvo S90 ainsi que l'indétronable trio allemand.
Pour Genesis, voilà une opportunité en or qui pourrait permettre l’essor de la marque par autre chose qu’un énième VUS. Il est clair que l’utilitaire GV80 aura plus de succès, mais la G80 constitue aujourd’hui la seule alternative valable à Audi, BMW et Mercedes-Benz. Une voiture de grande qualité, ultraluxueuse, très agréable à conduire, et qui offre l’avantage d’un rapport équipement/prix imbattable, d’une garantie supérieure et d’un service après-vente hors pair.
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Genesis G80 2021 |
---|---|
Version à l'essai | 2.5T Advanced |
Fourchette de prix | 66 000 $ – 76 000 $ |
Prix du modèle à l'essai | 66 000 $ |
Garantie de base | 5 ans/100 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 5 ans/illimité |
Consommation (ville/route/observée) | 11,5 / 8,6 / 11,1 L/100km |
Options | n.d. |
Modèles concurrents | Audi A6, Audi A7, BMW Série 5, Jaguar XF, Lexus ES, Mercedes-Benz Classe E, Volvo S90 |
Points forts |
|
Points faibles |
|
Fiche d'appréciation | |
Consommation | La consommation de ces deux modèles, sans être catastrophique, déçoit un brin, se situant au-dessus de la moyenne. |
Confort | Tout a été mis en œuvre pour offrir un confort royal. Notamment, la Genesis G80 mérite une médaille d'or au chapitre de l'insonorisation. |
Performances | Imposante et passablement lourde, la G80 n'impressionne guère au chapitre des accélérations mais propose un bel équilibre d'ensemble. |
Système multimédia | Bien que l'accès à l'écran tactile force à s'étirer le bras, tout a été méticuleusement pensé pour offrir une grande facilité d'utilisation. |
Agrément de conduite | Avec un museau plus léger, il faut donner l'avantage à la version Advanced à moteur à quatre cylindres. |
Appréciation générale | Une superbe automobile, qui risque de connaître un bon succès, surtout chez nos voisins du sud. |