Écolo...quand ça lui chante
Histoire vraie. Un peu plus tôt cette semaine, j’étais dans un magasin grande surface, le panier rempli de fruits et collations, même si je savais que les lunchs pour l’école se feraient rares cette semaine. Soudain, un jeune homme m’a abordé. « Monsieur Joubert, puis-je vous voler quelques minutes de votre temps? ». J’ai bien sûr répondu par l’affirmative, rendu à quelques pas des caisses.
Le type commença alors à m’expliquer qu’il avait lu mes articles et vu mes vidéos concernant Tesla, et qu’il ne comprenait pas mon acharnement à constamment « taper » sur la marque. Il me fait part de son expérience client exemplaire et surtout, du plaisir de conduite unique que lui procure son Model Y, dont il est fier propriétaire depuis quelques mois à peine.
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Je lui explique donc qu’en effet, je n’aime pas la philosophie d’entreprise de ce prétendu constructeur automobile, que j’ai peine à ainsi qualifier Tesla. Pour moi, la marque américaine est pionnière dans le développement technologique servant aux véhicules électriques. Tesla est encore aujourd’hui loin devant de la compétition en matière de performance, d’autonomie, de connectivité et j’en passe. Puis, admettons-le, il s’agit d’une entreprise qui a su créer bien plus qu’une technologie puisqu’elle est idolâtrée par d’innombrables fidèles qui ne se verraient certainement pas conduire autre chose.
Puis je lui ai dit qu’au-delà de la technologie se trouve une voiture. Une robe qui habille ces ordinateurs, batteries, moteurs et logiciels. Là où je décroche. Parce que la qualité d’assemblage est très variable, que les améliorations effectuées au fil des ans tiennent d’une mauvaise blague et surtout, parce que le constructeur se fiche bien de cet aspect, sachant qu’il a la faveur de ses fidèles et apôtres.
En somme, je lui ai donné mon opinion en précisant que j’apprécie et admire la technologie de ces véhicules, mais qu’en tant qu’amateur de voiture, je ne suis pas capable d’imaginer une réelle durabilité de ces voitures sur les routes du Québec, à moins bien sûr que les propriétaires acceptent de défrayer plusieurs milliers de dollars pour de multiples protections relatives à la peinture et la corrosion. Et encore…
J’ai également ajouté qu’il est contradictoire selon moi de créer des voitures dites environnementalement favorables lorsque celles-ci vieillissent aussi rapidement. Et sur ce point, mon interlocuteur ne m’a pas contredit, sachant que Tesla a des devoirs à faire au chapitre de la qualité. Or, il m’a relancé en me qualifiant, et je cite, de « electric car hater ». Autrement dit, de quelqu’un qui déteste d’emblée la voiture électrique. Selon lui, je ne suis pas né à la bonne époque et ma passion pour les voitures anciennes est une insulte à notre planète! Toujours d’après lui,en tant que chroniqueur, je devrais montrer l’exemple et inciter les gens à passer à la bagnole électrique.
M’étonnant moi-même, j’ai réussi à garder mon calme en lui expliquant que si la voiture électrique représente l’avenir, elle n’est certainement pas adaptée à tous. Certes, un peu plus au Québec qu’ailleurs au pays, conséquence d’une électricité propre et d’un gouvernement très généreux vis-à-vis des acheteurs. Je lui ai mentionné que j’aime les voitures électriques, notamment la Chevrolet Bolt et la nouvelle Polestar, ce qui ne signifie pas qu’essence et électrique ne peuvent cohabiter.
Lorsque je lui ai tout bêtement demandé ce qu’il conduisait avant son Tesla Model Y, il m’a répondu qu’il avait un Audi Q5 2019. Je n’ai pu m’empêcher de rétorquer : « Et vous croyez que de changer de véhicule neuf aux deux ans est un geste écologique? Car si vous aviez conservé votre Q5 trois ans de plus en roulant 20 000 km par année et en ne consommant que 9 litres aux 100 km, votre empreinte environnementale aurait probablement été moindre que celle qui a nécessité la seule fabrication de votre nouveau Tesla Model Y... »
La conversation se termina par une phrase qui me fit bien rire. Ainsi, quand j’ai constaté que mon interlocuteur n’avait pas pris de panier pour effectuer ses emplettes, je lui ai demandé ce qu’il venait chercher chez Costco sans prendre de panier. Réponse : « Seulement une veste de sauvetage supplémentaire pour nos motomarines » !
Je me suis alors permis une dernière question : « Quelle marque, vos motomarines ? Des Taïga (motomarine électrique)? ».
« Euh, des quoi? Non. Des Yamaha »…
Alors voilà, pendant qu’un type tentait de me donner une leçon de morale sur l’environnement parce que j'aime et que je conduis parfois des véhicules plus énergivores, il m’a avoué posséder au moins deux motomarines Yamaha qui, disons-le, polluent probablement plus qu’un Ram flambant neuf à moteur V8. Et sans doute qu’il les remorque avec son Model Y en se donnant bonne conscience…