Vous souvenez-vous de la… Lexus SC430?

Publié le 28 novembre 2021 dans Voitures anciennes par Hugues Gonnot

Pour son premier cabriolet, Lexus n’a pas lésiné sur la dépense. Tout ça pour que finalement, ce cabriolet soit affublé quelques années plus tard du titre de « pire voiture de l’histoire du monde ».

Que s’est-il donc passé?

Table rase

La première génération de coupés Lexus, les SC 300 et SC 400, s’était bien vendue. Ils restaient néanmoins des modèles basés sur les Toyota Soarer japonaises. Pour la deuxième génération (baptisée Z40), il était important de créer une « vraie » Lexus. Dès le début du projet, en 1996, il est décidé de faire de la SC un « coupé-cabriolet » avec un toit rigide rétractable. Ce type de carrosserie, qui commence à être populaire en Europe à ce moment grâce à la Mercedes-Benz SLK, ne date pourtant pas d’hier. Les premiers cabriolets à toit rigide furent commercialisés par Peugeot au milieu des années 30 et Ford produira ses modèles Skyliner de 1957 à 1959. Étonnamment, la première interprétation moderne du coupé-cabriolet viendra de Toyota en 1989, déjà sur la Soarer. Dénommé Aerocabin, ce modèle ne sera fabriqué qu’à 500 exemplaires.

L’équipe de design, basée en Europe et dirigée par Sotiris Kovos, part sur la Riviera française pour étudier ses yachts et son style de vie. Mais ce sont surtout de nombreuses heures en soufflerie qui finiront d’achever les lignes de la SC. Parce que son ingénieur en chef, Yasushi Nakagawa, la veut fidèle à la tradition Lexus : silencieuse. Et ce, même si son toit est abaissé. Sur ce point, c’est une réussite car le coefficient de traînée n’est que de 0,29.

Photo: Lexus

Les petits plats dans les grands

Techniquement, l’auto reçoit ce que Toyota a de mieux dans sa banque d’organes : V8 3UZ-FE de 4,3 litres avec calage variable des soupapes (300 chevaux et 325 lb-pi de couple) provenant de la Lexus LS430, boîte automatique à 5 rapports avec contrôle par « intelligence artificielle », suspension à double triangulation l’avant et multibras à l’arrière, toit rétractable en aluminium disparaissant en seulement 25 secondes…

Lexus précise que la SC 430 n’embarque pas moins de 22 microprocesseurs pour contrôler le véhicule. La SC réalise le 0 à 100 km/h en 6,5 secondes.

L’équipement est complet de série : cuir, finition en bois d’érable, GPS avec écran tactile, système audio Mark Levinson à 9 haut-parleurs de 440 watts, sièges chauffants avec support lombaire ajustable…

Photo: Lexus

Un bon démarrage, puis…

Les ventes américaines des deux premières années sont bonnes : 14 333 unités en 2001, 14 462 en 2002. Ensuite, elles chutent rapidement. Il faut dire que la SC affronte la nouvelle Mercedes SL, la belle Jaguar XK8, la rageuse Maserati Spyder ou l’incontournable Porsche 911. Toutes des autos avec une image bien plus forte. Et s’il y a une chose qui compte par-dessus tout dans ce segment, c’est bien l’image!

Lexus persistera jusqu’en 2010, les ventes étant alors extrêmement discrètes (328 exemplaires). Aux États-Unis, son principal marché, elle aura été écoulée à près de 70 000 unités en 10 ans. Partout ailleurs, elle connaîtra une carrière très modeste (moins de 2 500 exemplaires au Canada, moins de 5 500 en Europe et moins de 4 000 au Japon).

En termes de prix, la Lexus est pourtant raisonnablement positionnée face à ses concurrentes : 84 000 $ contre 116 500 $ pour la SL, 95 950 $ pour la XK8 et 132 125 $ pour la Spyder (au Canada, en 2002).

Photo: Lexus

Intérêt limité

Après un lancement en fanfare, Lexus ne semblera plus trop s’intéresser à la SC 430, qui ne connaîtra que très peu d’évolutions au cours de ses 10 ans de carrière. Les plus notables arrivent pour le millésime 2006 : les faces avant et arrière sont (très) légèrement restylées, un aileron arrière apparaît, les roues sont modifiées, la boîte automatique reçoit un sixième rapport (le moteur passe à 288 chevaux et 317 lb-pi de couple) et le Bluetooth est installé.

De 2004 à 2009, Lexus commercialisera une série spéciale « Pebble Beach », en collaboration avec la Pebble Beach Company, chargée de gérer différentes propriétés de cette région extrêmement huppée de Californie. Les modifications se limitent à des teintes intérieures et extérieures spécifiques et à un logo « Pebble Beach ». Lexus en vendra un nombre limité chaque année (400 en 2004, 600 en 2005, 500 en 2006, 400 en 2007, 360 en 2008 et 300 en 2009).

Lexus livrera, au Japon seulement, une édition « Eternal Jewel edition » limitée à 200 exemplaires pour marquer la fin du modèle.

La SC 430 ne connaîtra pas de remplaçante directe.

Photo: Lexus

La pire voiture du monde?

En 2012, Top Gear produit un DVD hors-série baptisé « The worst car in the history of the world ». Jeremy Clarkson et James May, après avoir essayé quelques horreurs sur roues, décrètent que la SC 430 est la pire voiture de l’histoire. Ils lui reprochent des lignes hideuses (plus Buick Riviera que Riviera française selon Clarkson), une direction peu communicative et une tenue de route « absolument diabolique » d’après May.

Alors, la SC 430 est-elle la pire voiture du monde? Bien sûr que non! N’importe quelle bagnole produite dans le bloc soviétique est 10 ou 100 fois pire. Le point que les présentateurs de Top Gear font, avec la mauvaise foi qui leur est coutumière, est que Lexus aurait pu - aurait dû - faire mieux. Ainsi, le style aurait dû avoir plus de caractère, la tenue de route aurait dû être plus incisive et l’auto dans son ensemble aurait dû avoir plus de gueule.

En revanche, ce que Clarkson oublie de préciser, c’est que la SC 430 n’a jamais été pensée comme une voiture de sport et qu’elle est bien mieux construite et plus fiable que toutes ses concurrentes allemandes, italiennes… ou anglaises. À bon entendeur!

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