Des délais de livraison qui perdureront
Il y a quelques semaines, j’assistais à la présentation nord-américaine du Volkswagen ID.4 2023, lequel est désormais assemblé aux États-Unis. Un véhicule qui a également droit à quelques petits changements cosmétiques et ergonomiques, histoire de mieux l’adapter aux besoins des Américains, des Mexicains et des Canadiens. Assemblé à l’usine de Chattanooga au Tennessee où sont aussi produits les Volkswagen Atlas, l’ID.4 devrait être produit à raison de 7 000 unités par mois. Des chiffres qui selon toute logique, devraient finalement permettre aux acheteurs québécois d'obtenir leur véhicule plus rapidement.
Il faut dire que depuis plusieurs mois, Volkswagen Canada avait bloqué la prise de commande pour ce modèle, les délais d’attente dépassant facilement les deux ans. Or, avec la venue de cette nouvelle chaîne d’assemblage et parce que le véhicule est désormais distribué partout au pays, Volkswagen Canada a réouvert la possibilité de passer une commande, qui doit cependant se faire en ligne, et non pas via un vendeur en concession.
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Si Volkswagen parvient à produire 7 000 unités par mois, il faudra néanmoins partager cet inventaire avec les États-Unis et le Mexique. En étant optimiste, on pourrait ainsi s’attendre à ce que 10% de cette production soit dirigée chez nous, ce qui signifierait 700 unités par mois, ou 8 400 unités annuellement.
Le problème, c’est que la demande est telle que Volkswagen Canada pourrait écouler davantage d’ID.4 que de Tiguan, un modèle qui s’écoulait en 2021 à près de 20 000 unités au pays. Puis, malheureusement, il faut considérer que la quantité de modèles qui franchiront nos frontières sera très limitée. Thomas Tetzlaff, directeur des communications pour Volkswagen Canada, m’avouait que le plus grand défi est de rapatrier des modèles au Canada, pour la simple et bonne raison qu’il est plus profitable de vendre l’ID.4 aux États-Unis.
Et pour cause, un prix d’entrée à 37 495 $ US (environ 51 000 $ CAD), alors que le même véhicule est vendu chez nous à compter de 43 995 $. Ainsi, on peut anticiper des délais d’attente qui n’iront pas en s’améliorant, autant chez Volkswagen que chez les autres constructeurs.
Évidemment, les différents concessionnaires automobiles canadiens font actuellement des profits records par unité vendue, puisqu’on vend au prix de détail suggéré, parfois même au-delà. Or, si l’excuse du manque de pièces pour la fabrication des véhicules est celle qui revient le plus souvent, dites-vous que le désintérêt des fabricants à vendre au pays par rapport au marché américain est probablement encore plus important.
Cette semaine, je me trouvais dans la région d’Ann Arbor au Michigan pour mettre à l’essai divers véhicules en lice pour remporter le prix de la voiture, du VUS et du camion de l’année. Durant ces quelques jours, j’ai pu apercevoir différents concessionnaires de la région où les cours sont pleines. Notamment, un concessionnaire Ford où les Bronco se comptent par dizaine, au même titre que les Explorer et les F-150. On avait même en stock des fourgons Transit à essence ou électriques, des modèles pour lesquels il faut chez nous patienter près de deux ans pour les obtenir.
J'ai fait la même constatation chez Nissan, General Motors, Chrysler et Volkswagen. Il suffit de s’y présenter, de choisir le véhicule qui nous plaît, de remplir la demande de crédit si le véhicule n’est pas payé comptant, et de patienter quelques jours tout au plus, le temps de préparer ledit véhicule en vue d’une livraison.
Voilà la réalité des concessionnaires du Michigan. Est-ce de même partout aux États-Unis? Il semble que non. Cela dit, des délais de livraison dépassant les douze mois chez nos voisins du sud, ça n’existe tout simplement pas. Chez Suburban Chevrolet (Ann Arbor, Michigan), on avait même en stock quelques Corvette neuves, prêtes pour livraison. Sans surenchère, vendues au prix de détail suggéré. Une situation littéralement impossible au Canada, où les modèles (soi-disant d’occasion) sont vendus 30 000 $ ou 40 000 $ de plus que le prix de détail suggéré du manufacturier.
Alors, est-ce que les délais de livraison se verront réduits dans les prochains mois, voire même dans les prochaines années? Permettez-moi d’en douter sérieusement. Parce que la vérité, c’est que le Canada est un mal nécessaire pour les constructeurs automobiles, qui mettent l’emphase là où les profits sont les plus intéressants.