18 mois d'attente pour rouler... une semaine
La Hyundai IONIQ 5. Une voiture qui a raflé nombre de prix et distinctions, que l’on s’arrache chez les concessionnaires et dont les listes d’attente ne cessent de s’allonger. Certains marchands parlent de deux ou trois ans d’attente, alors que d’autres ne souhaitent tout simplement plus perdre leur temps à lister des noms. Si certains automobilistes ont été fort chanceux en obtenant rapidement leur unité, d’autres devront patienter jusqu’à l’oublier. Telle est la réalité face à cette voiture électrique de milieu de gamme, offrant une autonomie intéressante dans un format pratique. La bonne formule, quoi!
Il y a quelques semaines, un automobiliste a eu la chance de finalement prendre possession de la sienne. Telle qu’il l’avait commandée il y a plus de 18 mois. Heureux de se défaire de son Jeep Cherokee, il allait pouvoir réaliser son rêve de rouler électrique au volant d’une auto qui, disait-il, le passionnait au plus haut point. N’étant pas amateur de voitures, il ne pouvait même s’imaginer que l’achat d’une automobile puisse lui procurer pareille sensation.
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Hélas, à peine huit jours après, un camion a embouti sa IONIQ 5 qui était garée sur la rue, laquelle a terminé sa course contre un poteau de signalisation. Rapidement, l’assureur a déclaré la voiture comme étant une perte totale, bien que les dommages ne dépassaient que légèrement les 30 000 $ (pour une voiture de 58 000 $). Et pour cause, l’impossibilité de réparer certains éléments, combinée à la l’indisponibilité de plusieurs pièces, allait engendrer des délais et donc des frais de véhicule de location et de compensation d’essence supplémentaires.
Après de multiples discussions avec l’estimateur en dommages, le propriétaire de l’IONIQ 5 allait hélas déchanter au sujet de sa voiture électrique. Une auto trop souvent irréparable selon l’estimateur en assurances, comme plusieurs véhicules électriques, et qui de surcroît est quasiment irremplaçable considérant les délais de livraison et la trop forte demande par rapport à l’offre.
Ayant souscrit à une « valeur à neuf » sur sa police d’assurance, le client s’attendait néanmoins à ce que l’assureur puisse facilement lui donner accès à une nouvelle IONIQ 5. Parce qu’après avoir patienté 18 mois, l’idée de recommencer au bas d’une liste aujourd’hui plus longue que jamais ne lui plaisait absolument pas. Or, le rôle de l’assureur étant d’indemniser, ce dernier ne s’adapte en fait que peu à la situation. Pas capable de réparer? Pas de problème, on déclare le véhicule comme perte totale et on émet un chèque pour sa valeur! Ce sera donc au client de s’organiser pour trouver son véhicule de remplacement.
Évidemment, inutile de vous dire qu’après seulement huit jours de possession, l’assuré a reçu une indemnisation équivalente à la valeur de la voiture à son état neuf, et non pas à sa valeur marchande. Une nuance qu’il faut considérer puisque les Hyundai IONIQ 5 d’occasion 2022-2023, équivalentes à la sienne, se vendent actuellement entre 58 000 $ et 62 000 $. Essentiellement, un peu plus cher que le prix d’une neuve, avec comme nuance importante la perte des crédits gouvernementaux totalisant 12 000 $, taxes incluses. En clair, si vous choisissez de vous procurer aujourd’hui un modèle d’occasion, vous paierez entre 10 000 $ et 14 000 $ de plus (avant taxes) que si vous patientez pour recevoir une neuve, laquelle sera éligible aux crédits.
Mince consolation, notre pauvre automobiliste n’a pas à rembourser les crédits gouvernementaux applicables à l’achat de l’IONIQ 5, le programme Roulez vert du Gouvernement du Québec de même que le Programme d’Incitatifs pour véhicule zéro émission du Gouvernement du Canada n’exigeant que des preuves du sinistre pour ne pas réclamer les sommes octroyées. J’étais d’ailleurs perplexe devant cette affirmation, que j’ai choisi de vérifier à mon tour et qui s’avère tout à fait véridique.
Pour finir, notre automobiliste aura donc empoché l’équivalent des crédits gouvernementaux pour avoir roulé 8 jours en IONIQ 5 2023. Mais il se retrouve aujourd’hui à la case départ, affirmant qu’il pourrait, considérant le bénéfice lié aux crédits, jeter un œil sur les rares modèles d’occasion et payer un surplus pour une voiture de quelques milliers de kilomètres, qui ne lui coûterait en fin de compte, pas vraiment plus.
Évidemment, toute cette situation illustre à quel point le marché automobile est actuellement précaire, et remet en jeu tout l’aspect « environnemental » d’une voiture difficile à réparer, surtout dans le contexte d’une pénurie de pièces et d’autos de remplacement. Parce qu’entre vous et moi, il n’y a rien d’écologique à envoyer à la casse une voiture dont l’estimation des dommages oscille autour de 55% de sa valeur...