Achèteriez-vous une Toyota Yaris à 30 000$?

Publié le 16 juin 2023 dans Blogue par Antoine Joubert

Les sous-compactes disparaissent les unes après les autres. Cette année, c’était au tour de la Chevrolet Spark, qui sera suivie en fin d’année par la Kia Rio, qui tire aussi sa révérence. Il ne restera donc que la Mitsubishi Mirage et la Nissan Versa, dont le retour est confirmé pour 2024. Voilà où se situe le marché de la sous-compacte. Un non-sens, considérant le contexte financier, mais aussi les efforts des constructeurs automobiles à réduire les gaz à effet de serre, alors que se multiplient les gros véhicules, qu’ils soient ou non à essence...

La disparition des sous-compactes a pour effet de faire grimper leur valeur sur le marché de l’occasion. Par exemple, une Hyundai Accent 2020 (dernière année de commercialisation) se vend actuellement entre 18 000 $ et 21 000 $, alors que le prix à l’état neuf n’était guère plus élevé. Même chose pour une Toyota Yaris 2018 (à ne pas confondre avec les millésimes 2019 et 2020 qui étaient sur base de Mazda), où les prix se situent encore entre 18 000 $ et 20 000 $. On parle ici de modèles qui ont été payés neufs entre 17 000 $ et 22 000 $, qui sont aujourd’hui âgés de cinq ans, hors garantie, mais que l’on s’arrache à fort prix sur le marché d’occasion puisque qu’ils ne sont plus fabriqués.

Alors, si la clientèle accepte de payer une telle somme pour une Accent, une Rio ou une Yaris, est-ce signe que la demande y est toujours? Les constructeurs vous diront que la demande pour les sous-compactes était en baisse, mais les concessionnaires vous diront que les manufacturiers ont tout fait pour les faire disparaître, en augmentant notamment les taux de financement par rapport à des compactes comme l’Elantra ou la Corolla, les rendant financièrement moins alléchantes. Puis, les constructeurs ont aussi limité leur disponibilité, encore une fois afin de pousser la vente de modèles plus gros et plus chers...

Malheureusement, la mentalité nord-américaine voulant qu’une voiture plus volumineuse soit forcément plus coûteuse est encore bien ancrée dans les mœurs... Dans la tête d’un acheteur, il n’est pas logique de débourser aussi cher pour une Yaris que pour une Corolla, mais forcément plus cher. Et cela est encore plus vrai aux États-Unis, ce qui explique la disparition de la Golf, laquelle était vendue plus cher que la Jetta. Une voiture encore fort populaire chez nous, mais que Volkswagen a abandonnée parce que son succès aux États-Unis était pratiquement huit fois plus grand qu’ici.

C’est durant un périple en France que j’ai pu redécouvrir la dernière génération de la Yaris, qui connaît là-bas un succès monstre. Elle y est d’ailleurs assemblée, puisque le cœur du marché de cette voiture se trouve en Europe. Disponible avec la technologie hybride, mais aussi avec un choix de motorisations à essence, cette Yaris est même prêtée à Mazda qui la commercialise désormais sous le nom de Mazda2. Une drôle de situation considérant que chez nous, la situation inverse se produisait. En effet, la dernière Yaris vendue en 2019 et 2020 au Canada comme aux États-Unis était une Mazda2 portant des logos Toyota. Or, lors de la refonte de la Yaris européenne, et parce que la Mazda2 en fin de carrière n’allait pas être renouvelée, les stratèges de la marque ont simplement fait appel à Toyota pour poursuivre la commercialisation d’un modèle qui fonctionne toujours bien du côté de l’Europe.

Maintenant, l’Amérique du Nord n’a plus droit à la Yaris ni à la Mazda2. J’ai donc choisi de poser la question aux gens de Toyota Canada, en évoquant l’idée qu’une Yaris vendue chez nous à fort prix pourrait selon moi connaître un certain succès. Et pour cause, une Yaris à moteur quatre cylindres de 1,5 litre et ne consommant que 5,9 litres aux 100 km affiche un prix allant de 19 400 à 20 900 euros (taxes incluses), soit entre 28 000 $ et 30 000 $ CAD. De son côté, un modèle hybride doté d’une boîte CVT et d’une motorisation hybride de 115 chevaux et ne consommant que 3,8 litres aux 100 km est vendue entre 22 950 et 27 450 euros, donc de 33 000 à 39 500 CAD (taxes incluses).

Bien sûr, à ces montants, le succès ne serait pas au rendez-vous. Or, en sachant que Toyota vend en France une GR 86 à 33 900 euros (48 900 $, vendue chez nous à 34 364 $), et un RAV4 Prime à 52 950 euros (76 500 $, vendu chez nous à 52 894 $), l’abaissement du coût d’une Yaris d’environ 20% serait plausible. Certes, il s’agit d’une voiture qu’il faut importer et qui est donc moins lucrative qu’une Corolla fabriquée en Amérique du Nord. Mais n’oubliez pas que la GR 86 est aussi une auto importée du Japon, au même titre que le RAV4 Prime. Et pourtant, ces modèles sont offerts chez nous.

Une Yaris fabriquée en France, et ainsi vendue chez nous pour une échelle de prix variant de 23 900 $ à 32 900 $, en proposant le choix de déclinaisons à essence ou hybride, pourrait ainsi être très viable. Je suis persuadé que bon nombre d’acheteurs désireux d’obtenir une citadine frugale, fiable et très peu coûteuse à posséder sur le long terme pourraient y trouver leur compte. Des acheteurs qui apprécieraient les avantages de cette voiture par rapport à une Corolla Hatchback à essence, plus grosse et beaucoup plus gourmande, bien qu’elle ne soit vendue qu’à un prix légèrement supérieur.

Certes, le problème de l’intérêt pour ce modèle de la part des Américains constituerait un enjeu de taille, mais puisque la Yaris a aujourd’hui ce « cool factor » qui la rendrait aussi sympathique que pragmatique aux yeux des acheteurs, je crois que sa commercialisation serait viable. Selon moi, cela signifie que si plusieurs automobilistes ne voient aucun intérêt dans une Corolla, il en serait autrement pour la Yaris. Un peu à la façon de la Fiat 500 ou de la Mini, dont le charme leur a octroyé une certaine popularité, en dépit d’une fiabilité et de coûts de possession plus élevés que pour une Yaris.

Alors, seriez-vous de ceux qui accepteraient de payer 30 000 $ pour une Yaris hybride, consommant moins de 4,0 litres aux 100 km et intégrant une technologie tout à fait à jour? Peut-être que non, mais permettez-moi de vous rappeler qu’actuellement, on s’arrache les Yaris d’occasion à prix très élevés. Au fait, à combien se négocie en moyenne une Yaris 2020 (base de Mazda2) au Québec? Entre 22 000 $ et 24 000 $. Et quel était le prix d’une Yaris 2020 flambant neuve chez Toyota? De 17 290 $ à 19 950 $, excluant les frais de transport et de préparation. Cela illustre parfaitement l’engouement pour ce modèle disparu, et que Toyota aurait intérêt à ramener, même si bien sûr, le niveau de rentabilité ne serait pas aussi élevé que celui d’une camionnette Tacoma.

À voir aussi : Essai de la Toyota GR Yaris 2021

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