Ottawa qualifie d’« illégale » la reprise de la grève aux ports de la Colombie-Britannique
Par Raphaël Pirro
Les ports de la Colombie-Britannique sont à nouveau paralysés après que le syndicat de travailleurs a rejeté l’entente de médiation provisoire survenue la semaine dernière avec son employeur. Ottawa la qualifie d’« illégale » et étudie « différentes options » pour y mettre fin, alors qu’une loi spéciale est réclamée par différents acteurs du secteur privé.
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« Cette grève est illégale », a tweeté le ministre du Travail Seamus O’Reagan, accompagné d’un document de cour produit mercredi par le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI).
L’ organisme indépendant mis sur pied par Ottawa pour appliquer le Code du travail aux entreprises et syndicats sous réglementation fédérale a mis en demeure l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU) pour empêcher les travailleurs de reprendre la grève et de les obliger à reprendre le travail.
La grève est « illégale » puisqu’elle n’a pas été précédée d’un avis de 72 heures, selon le CCRI.
Cette mise en demeure pourrait ouvrir la voie à une loi spéciale qui permettrait à Ottawa d’ordonner la reprise des activités. Celle-ci nécessiterait toutefois l’accord d’une majorité à la Chambre des communes.
En point de presse mercredi, le chef conservateur Pierre Poilievre a réclamé du premier ministre qu’il dénoue l’impasse dans les 24 heures, sans toutefois mentionner de loi spéciale.
La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) et Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) sont deux des regroupements issus du secteur privé qui réclament une loi spéciale le plus tôt possible pour éviter les dommages collatéraux sur les entreprises.
Un retour surprise de la grève
Dans un communiqué émis en soirée mardi, le président de l’ILWU, le syndicat qui représente environ 7400 employés, a affirmé que les travailleurs seraient de retour sur la ligne de piquetage dès mardi.
En cause, entre autres : la durée de la convention collective proposée, établie à quatre ans, « est beaucoup trop longue » dans le contexte actuel d’incertitude».
« Avec les profits records que les entreprises membres de la British Columbia Maritime Employers Association (BCMEA) ont réalisés ces dernières années, les employeurs n'ont pas abordé les problèmes de coût de la vie auxquels nos travailleurs ont été confrontés ces deux dernières années, comme tous les autres travailleurs », a poursuivi le président Rob Ashton.
Mardi soir, les ministres fédéraux du Travail et du Transport ont laissé entendre que le gouvernement envisageait « différentes options possibles » et qu’ils auraient davantage d’informations à transmettre au cours de la journée.
« Nous avons été patients. Les Canadiens ont été patients. Tous les efforts ont été déployés. Mais cela ne peut plus durer », a souligné le ministre O’Reagan.
Les ministres défendent le processus de négociation ayant mené à l’entente provisoire la semaine dernière comme « constructif et substantiel », et l’accord entre le syndicat et l’employeur comme « juste et équilibré ».
Jusqu’à l’accord de médiation provisoire la semaine dernière, le syndicat avait été en grève pendant 13 jours, paralysant la livraison de biens à travers le pays.