Boucane et V8 au menu!
Tout a commencé par l’abandon des Dodge Charger, Challenger et Chrysler 300, fin 2023. Stellantis ne pouvait plus fabriquer ces modèles qui, pourtant, se vendaient bien. Puis, le constructeur a retiré le V8 Hemi du Jeep Grand Cherokee, des Wagoneer et Grand Wagoneer, de même que sous le capot de la populaire camionnette Ram 1500. C’en était donc terminé pour ce moteur introduit au début des années 2000, lequel allait devoir céder sa place à des six cylindres turbocompressés ou à l’électrification.
Hélas, l’introduction de la Dodge Charger Daytona et du Jeep Wagoneer S (100% électrique) s’est avérée être un échec. Mauvais calendrier, problèmes de fiabilité, prix trop élevés, tous ces motifs sont bons pour justifier le désintérêt massif d’une clientèle qui, pourtant, aurait dû s’y intéresser. L’échec est tel qu’il y a actuellement sur des Wagoneer S 2024 encore neufs, étiquetés à 59 995 $ par certains concessionnaires qui ne savent plus comment s’en défaire. Rappelons qu’à l’origine, le prix dépassait les 92 000 $...
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Puis, dans l’optique de suivre la tendance du marché, Stellantis a troqué son V8 Hemi de 5,7 litres contre deux variantes du six cylindres Hurricane, sous le capot de la camionnette Ram 1500. Un autre véhicule qui a vu ses ventes chuter, considérant l’abandon de la camionnette Ram 1500 Classic qui, elle aussi, se vendait encore très bien.
Les mauvaises idées et les mauvais choix stratégiques se sont ainsi multipliés en un temps record chez Stellantis, jusqu’à ce que Tim Kuniskis, Bob Broderdorf et Matt McLear, respectivement nommés à la tête de Ram, Jeep et Dodge, mettent leur poing sur la table. Ceux-ci ont fait valoir leurs points auprès d’Antonio Filosa, nouveau président mondial de Stellantis, en affirmant qu’il fallait ramener de la passion chez les marques nord-américaines.
Le retour du V8 Hemi sous le capot des camions Ram a donc été confirmé, un peu avant l’annonce officielle du retour d’un moteur à essence sous celui de la Charger. Une voiture qui pourrait bientôt recevoir un V8, mais qui se contente pour l’heure d’un six cylindres de 550 chevaux. Pour son dévoilement, Dodge n’a d’ailleurs pas raté l’occasion d’une démonstration de performances par un flamboyant « show de boucane » en pleine rue, dans le cadre du traditionnel Roadkill Night.
C’est également durant cet événement que Dodge a annoncé la suppression du V6 dans le Durango, désormais équipé de série du V8 Hemi, lequel se décline en trois variantes, pour une puissance allant de 360 à 710 chevaux. Oui! Un VUS intermédiaire à vocation familiale, qui propose comme nouveauté un moteur à huit cylindres en équipement de série. Tout ça pendant que les autres délaissent les V6 pour des 4 cylindres turbocompressés.

À contre-courant, vous dites? Et comment! Sauf que Dodge a 100% raison. Certes, il ne s’agit pas d’une solution viable à long terme. Mais en attendant de lancer une nouvelle génération d’ici deux ans, aussi bien offrir aux consommateurs ce qui leur plaît. Des véhicules qui se vendront et qui permettront de renflouer les coffres. Parce qu’à l’heure actuelle, les ventes sont extrêmement timides.
On apprend aussi que chez Jeep, pas moins de quatre nouveautés seront lancées en quatre mois. Le Cherokee, le Recon (100% électrique), mais également les Grand Cherokee et Grand Wagoneer qui auront droit à de sérieuses améliorations esthétiques et techniques. Mécaniques optimisées, puissance accrue de même qu’un possible retour des V8 est à envisager, sachant que l’on prolongera l’offre (aux États-Unis) du V8 de 6,4 litres sous le capot du Wrangler. Une mécanique qui se retrouvera aussi dans le Gladiator, qui ne propose toujours pas de version hybride 4xe. Le monde à l’envers? Certes, mais n’est-ce pas ce qui anime les amateurs de la marque?
Alors, pendant que certains constructeurs comme General Motors multiplient leurs offres électriques, Stellantis choisit de revenir en arrière afin de relancer ses V8. Cela risque de lui coûter cher en pénalités, ce qui pourra toutefois être acquitté par la vente et la profitabilité de ces véhicules. Pour le constructeur, c’est mieux que de ne rien vendre.
Évidemment, cette approche n’est que de la poudre aux yeux, considérant qu’il lancera aussi de nouvelles technologies beaucoup plus « raisonnables ». De nouveaux produits électriques ou à motorisation hybride, plus accessibles et plus près des acheteurs de masse, sans compter cette rumeur du retour d’une camionnette intermédiaire (façon Dodge Dakota) qui se fait attendre depuis belle lurette. Or, parce que Dodge a vendu du muscle depuis 15 ans et parce que l’image de la marque est très forte, il était stupide de bêtement tout laisser tomber, en perdant une large clientèle d’amateurs.
D’ailleurs, oubliez le Hornet. Vous ne le reverrez pas de sitôt. Un lamentable échec, à l’instar de la Dart en 2013 et 2014. Cette compacte découlait d’un produit italien comme c’est le cas pour le Hornet, trop cher, trop compact et peu fiable. Stellantis n’avait-il donc pas compris que le principe d’une erreur est de ne pas la répéter? Visiblement, non. Sauf que là, cela semble différent. En espérant bien sûr que la relance de ces marques passera par de bonnes décisions qui n’auront pas pour objectif d’assurer la survie des Fiat, Alfa Romeo, Lancia et Maserati - dont on se fiche éperdument en Amérique du Nord.
