240 contre V60 : deux décennies d'évolution plus tard

Publié le 25 avril 2014 dans Matchs comparatifs par Frédérick Boucher-Gaulin

Le match comparatif d’aujourd’hui oppose deux voitures avec une description similaire : il s’agit de deux Volvo familiales rouges ‘’full equip’’.

Mais, il y a une différence-clé entre nos deux compétitrices : l'une d'entre elles est fraichement sortie d'usine, avec l'odeur de « char neuf » qui imprègne l'intérieur. L'autre a quitté sa Suède natale il y a plus de deux décennies, a fait plus de 300 000 kilomètres dans toutes les conditions imaginables, et a acquis une réputation d'invincibilité.

La plus vieille des Volvo est une 240 Estate 1993. Avec un kilométrage inconnu (une défectuosité électrique a grillé l'odomètre il y a de cela belle lurette), plus de 20 hivers québécois passer à charrier la petite famille d'un bout à l'autre de la province, et quelques cicatrices de guerre ici et là, elle a déjà eu meilleure mine.

La nouvelle venue est une Volvo V60 2014 tout équipée et virtuellement nantie de toutes les options possibles en plus d'une somptueuse robe rouge pompier. Il est certain que personne ne confondrait ces deux familiales dans un stationnement!

Et malgré tout, ces deux véhicules ne sont pas si différents, tout compte fait...

Un petit voyage dans le temps...

En comparaison directe, la Volvo 240 en arrache. Mais oublions pour un instant que nous sommes en 2014, et revenons un peu en arrière... Bill Clinton est élu président des États-Unis, les Canadiens battent les Kings et gagnent la Coupe Stanley : c'est 1993! Vendue depuis 1975, la série 200 a vieilli comme un bon vin, et cette année sera l'apogée. C'est ainsi qu'un bel après-midi, notre Volvo 240 Estate sort des usines de Torslanda, en Suède. Construite selon les spécifications d'un homme d'affaires québécois, la voiture est équipée de tous les luxes : sièges chauffants, régulateur de vitesse, transmission automatique, lecteur cassette, miroirs électriques... À ce moment, la Volvo 240 était une voiture déjà bien vue par le public qui aimait sa robustesse, sa fiabilité, sa simplicité mécanique, et son allure de char d'assaut. Les Volvo étaient d'ailleurs considérées comme les voitures les plus sécuritaires de l'époque, principalement à cause de leur carrosserie très épaisse! Elles étaient aussi à la fine pointe de la technologie. Avec son style sans prétention et ses formes à l'encontre de toutes les notions d'aérodynamique, la 240 était appréciée des universitaires et des familles nombreuses. De plus, elle est frugale, avec son moteur 2,5 litres et sa transmission automatique à 4 rapports. Son architecture à propulsion la rend prévisible sur la route, en été comme en hiver (du moment qu'elle est bien chaussée!), puisque le couple qui prendra possession de notre 240 Estate bourgogne a appris à conduire à travers les pires blizzards avec des propulsions. En outre, notre modèle d'essai offre un coussin gonflable côté conducteur ainsi que des ceintures à prétensionneurs.

De retour au présent (pour ne pas dire l'avenir...)

Pour s’opposer à une telle légende, la V60 sort tout son attirail d’options : ensemble R-Design, moteur 6 cylindres en ligne turbocompressé, traction intégrale, transmission automatique 6 rapports, suspensions et direction sport, régulateur de vitesse adaptatif, avertisseur de changement de voie, sonar d'angles morts, phares actifs (qui bougent selon l'angle du volant), contrôle de la traction intelligent, climatisation bizone, sièges avant ET arrière chauffants, intérieur en cuir, navigation par satellite, la liste est exhaustive. La V60 est conçue pour fournir à ses occupants un niveau de confort et de sécurité digne d’une Volvo, tout en offrant une touche de sportivité.

Maintenant que nous avons replacé chaque voiture dans son époque respective, comparons-les, et voyons ce que 20 ans d'évolution ont apporté comme changements chez les Volvo familiales!

Extérieur : voir par-delà les apparences

Séparé par tant de modes et d’années, le style des deux voitures ne pourrait être plus différent. Si l'extérieur de la V60 dégage une image de sportivité et de luxe avec ses roues de 18 pouces, ses échappements chromés et sa carrosserie voyante, celui de la 240 est beaucoup plus sobre. Ici, on ne cherche pas à impressionner son voisin. L'extérieur de la 240 est utilitaire : on veut seulement maximiser l'espace intérieur et la sécurité des occupants. Si vous voulez attirer les regards, il ne s'agit pas de votre meilleure option.

Mais entre nous, qui achète une familiale pour attirer l'attention?

Point : 240 Estate

Intérieur : utilitarisme contre luxe

Ici aussi, la différence est marquée. L'intérieur de la 240 est simple : chaque cadran a son utilité, les plastiques noirs sont seuls maitres à bord, et le seul élément qui présente une courbe, c'est le volant! Les sièges sont en tissu gris, et bien que relativement confortables, ils sont plutôt plats, n'offrant pas vraiment de support latéral.

De son côté, la V60 est une réussite d'esthétisme et de luxe. Ses sièges sont à la fois confortables et bien enveloppants, tandis que le support latéral est sans faille. Le tableau de bord est rempli par un écran entièrement configurable selon votre style de conduite. Le système audio est de bonne qualité, et l'insonorisation du véhicule est très réussie.

Point : V60

Performance : des résultats surprenants

Il n'y a pas de façon douce de donner les résultats ici, donc allons-y directement : la V60 effectue le 0-100 km/h en 5,8 secondes, alors que la 240 en met près de 14. La V60 atteint plus de 200 kilomètres/heure, la 240 est limitée par son aérodynamisme de château fort à quelque chose comme 150 km/h. La V60 dispose de 350 chevaux, la 240 en avait 112 à sa sortie d'usine. En fait, la seule surprise dans cette catégorie fut dans les données d'accélération de la vieille Volvo : elles sont sensiblement les mêmes que celles obtenues sur une 240 à sa sortie d'usine. Pas mal pour une voiture de cet âge! Bizarrement, au cours d'un essai d'une semaine, les deux véhicules ont obtenu à peu près la même consommation, soit 11,4 litres aux 100 kilomètres pour la V60, et 11,9l/100 km pour l’ancêtre...

Point : V60

Conduite au jour le jour : l'impétuosité contre la sagesse

Dans la V60, il suffit de pointer un espace dans la circulation, d'appuyer sur l'accélérateur, et le rouage intégral travaille de concert avec l'ordinateur de bord pour placer la familiale exactement où vous voulez aller. Avec la 240, il faut anticiper le mouvement des voitures et prévoir à quel moment une ouverture se fera dans la ligne de véhicules à votre droite, car vous ne pouvez doubler personne rapidement. 

Évidemment, la plus récente Volvo est plus agréable à vivre. Plus puissante, plus silencieuse, elle intègre aussi plus de gadgets pour passer le temps. De plus, avec son régulateur de vitesse adaptatif, elle se conduit presque toute seule. On peut passer de longues heures à son volant sans ressentir la fatigue. 

Le seul point ou la 240 est avantagée, c'est au niveau de la visibilité : en effet, son design carré à l'avantage d'offrir une excellente vue sur 360 degrés, tandis que la V60 présente des angles morts importants. Par contre, le système de sonars règle bien ce problème.

Les deux véhicules présentent une similitude que j'ai trouvée touchante : même séparés par 20 ans et plusieurs percées en aérodynamisme, tous deux affichent la même sensibilité aux vents latéraux!

Point : V60

En conclusion : deux approches pour un même problème

Il serait facile de déclarer la Volvo V60 grande gagnante de ce comparatif, mais un dernier point mérite d'être considéré : l'aspect monétaire. 

Notre V60 se vend 59 000 $, plus taxes. La 240, en 1993, coutait plus ou moins 24 000 $. Avec l'inflation, on parle de 39 500 $ aujourd'hui. Il s'agit d'une différence de près de 20 000 $. 

De plus, cette Volvo 240 n'a pas été achetée neuve par son actuel propriétaire. Sans dévoiler le prix d’achat, disons qu’il est en deçà de la valeur d’un bon vélo…

C’est maintenant l’heure de désigner une gagnante dans cette confrontation!

Voici comment les points seront calculés : 

Un point par victoire dans chaque catégorie, et un handicap d’un point par tranche de 1 000 $ au-dessus du prix d’achat (en 2014) de la moins dispendieuse des deux.

Avec un score de 1 à -56, c'est donc la Volvo 240 Estate qui l'emporte! Comme quoi, même si les nouveaux produits de Volvo sont diablement intéressants, rien ne bat un classique!

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