Ford Focus 2014: Encore du flou dans l’image

Publié le 1er janvier 2014 dans 2014 par Marc Lachapelle

Depuis l’arrivée de nouvelles Focus il y a trois ans, nous sommes enfin synchrones avec le reste du monde. C’était la moindre des choses après avoir raté la deuxième génération qu’ont pu apprécier les Européens. Or, malgré des silhouettes accrocheuses, un équipement impressionnant, une agilité certaine et des variantes réussies, la Focus semble avoir encore du mal à s’adapter au marché nord-américain. Ce n’est peut-être qu’une histoire qui se répète.

Chose certaine, la Focus n’a jamais raté son entrée en scène. La première fut primée Voiture de l’année en Europe pour 1999 et reçut la même distinction aux prix nord-américains et aux prix de l’AJAC à son arrivée sur ce continent l’année suivante. On lui reconnut, dès le départ, de grandes qualités de conduite dont Ford a conservé et même bonifié la recette depuis.

À défaut de récolter les mêmes honneurs et lauriers que la première, la troisième génération de la Focus est tout bonnement devenue l’an dernier le « best-seller mondial de l’automobile ». L’accueil a été plus tiède chez nous où elle s’est retrouvée sixième au palmarès annuel des ventes derrière un trio de japonaises, une coréenne et même la sage Chevrolet Cruze, sa plus sérieuse rivale américaine. Ford avait pourtant eu l’excellente idée de nous offrir à nouveau une Focus à quatre portières avec hayon en plus de la berline.

Armes de séduction massive
Ces deux configurations sont toujours offertes cette année en versions distinctes, à prix croissant, bien sûr. La modeste berline S a tout l’essentiel, sauf le régulateur de vitesse. Les SE, berline ou hayon, sont déjà plus cossues avec entre autres les interfaces multimédias Sync et MyFord Touch qui foisonnent de branchements et de ramifications pas toujours évidentes.

Les versions Titanium, qui profitent d’une bonne couche additionnelle d’accessoires et de systèmes, sont virtuellement de petites voitures de luxe. Berline ou hayon, là encore. Le tout est de savoir où il est sage de s’arrêter avec de simples compactes. Luxe ou pas, le système de stationnement automatique de Ford est facile d’utilisation, impeccablement efficace et toujours fascinant. Les Focus les mieux pourvues sont enfin d’autant plus aguichantes qu’on les offre avec une palette variée, dont certaines couleurs vives et originales.

Performance au sommet, agilité pour toutes
Les modèles qui précèdent se partagent tous le même moteur, un quatre cylindres de 2,0 litres à injection directe qui produit 160 chevaux. La berline S est livrée uniquement avec une boite manuelle à 5 rapports alors qu’on peut aussi équiper les SE d’une boite à double embrayage robotisé et 6 rapports qui est de série sur les Titanium. La boite manuelle est agréable mais il lui manque le sixième rapport qui réduirait le régime sur autoroute. L’automatique a parfois des réactions sèches et saccadées. Elle hésite aussi à rétrograder en reprise de 60 à 100 km/h. C’est mieux pour l’autre mesure habituelle de 80 à 120 km/h.

La servodirection électrique est nette, la tenue de cap précise et le volant sport est un plaisir à manier. Ces vertus s’appliquent à toutes les Focus. Elles sont simplement livrées à doses plus concentrées sur la ST dont la suspension est plus ferme, la monte pneumatique plus sérieuse et les freins plus costauds. Le système de transfert de couple qu’elle partage avec ses sœurs et qui réduit le sous-virage est également plus énergique. Le diamètre de braquage est assez long, par contre, surtout pour la ST et ses larges pneus.

Nettement plus performante avec son moteur turbo de 252 chevaux, la Focus ST mérite aussi pleinement sa victoire dans notre match des sportives. Autant que le titre récolté aux derniers prix de l’AJAC. Primée elle aussi, la Focus EV est la voiture électrique la plus amusante à conduire, prix pour prix, et on a moins de souci à se faire, dans son cas, en termes de fiabilité mécanique pure.

Caveat emptor
Il fut un temps où les pontes de la consommation déconseillaient l’achat de toute voiture durant sa première année de fabrication. Si tous avaient respecté cette règle à la lettre, l’industrie automobile se serait retrouvée dans un joyeux pétrin. De toute manière, les constructeurs japonais l’ont vite bafouée en produisant des voitures fiables et durables dès le premier jour. Si les experts ont dû ajuster leur tir, cette mise en garde n’est pas nécessairement désuète.

Dans le cas de la Focus, n’en déplaise au constructeur, il était sans doute sage de s’abstenir la première année. Ou de se munir à tout le moins d’une garantie prolongée. C’est ce que nous suggèrent les nombreuses peccadilles de finition remarquées sur nos voitures d’essai. Y compris la ST du match des sportives.

Si l’histoire continue de se répéter, qualité de fabrication et fiabilité devraient s’améliorer avec les années. La question est de savoir ce qu’on est prêt à tolérer en retour d’un plaisir de conduire indéniable, d’une silhouette moderne et d’un équipement aussi complet qu’on le peut désirer dans une compacte. Sans compter que les Focus ST et EV sont des voitures d’exception, chacune à sa manière. À vous de juger, à vous de jouer.

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