Volvo V90 Cross Country 2017 : le roi des glaces
ÅRE, Suède — S’il y a une chose qui se vend mieux que des petits pains chauds actuellement, au Québec, c’est bien les utilitaires sport, ces véhicules qui n’ont pas grand-chose d’utilitaire et qui ne sont pas tellement sportifs non plus... Heureusement qu’il y a des exceptions. Parmi elles, quelques chevaux costauds, plus minces et plus fringants, qui peuvent se faufiler sans se fatiguer au milieu de ce troupeau de buffles qui traînent souvent du sabot.
Le mieux connu et le mieux coté est sûrement le Cross Country de Volvo dont la première version fut lancée en 1997, il y a vingt ans. En fait, il faut plutôt parler d’un ex æquo, en réputation et en popularité, avec le Subaru Outback, apparu à la même époque, tellement ces deux-là se sont partagé ce territoire quasi parfaitement depuis.
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Il n’y a effectivement aucun chevauchement entre le plus coûteux des Outback et le moins cher des Cross Country. Mieux encore, ces deux-là n’ont toujours aucun véritable rival. Leur succès ne passe pas inaperçu pour autant. Mercedes-Benz se lancera bientôt dans cette bataille, elle aussi, avec sa nouvelle Classe E All-Terrain qui vise directement le Cross Country de Volvo.
La renaissance se poursuit
Ça tombe bien, parce que le constructeur suédois en a créé un nouveau, le V90 Cross Country, qui vient juste d’arriver au Québec. Et c’est malgré tout chez lui, en Suède, que Volvo nous a invités à découvrir et conduire celui qui amorce la quatrième génération de cette série. Il arrive à point nommé pour prendre le relais d’une troisième génération qui s’est allongée sur presque une décennie.
Il s’agit d’une transformation majeure pour le Cross Country. Aussi importante que celle qui nous a valu, l’an dernier, le superbe XC90, aussitôt primé Utilitaire de l’année par le jury des prix nord-américains. Rien d’étonnant, puisque le V90 Cross Country est construit sur la même architecture modulable SPA (pour Scalable Product Architecture) que le XC90 et des nouveaux rejetons de la série 90, la berline S90 et la familiale V90.
Le V90 Cross Country partage évidemment les lignes superbement épurées de la familiale qui porte le même préfixe que lui. Son allure est cependant plus costaude, comme il se doit, avec une calandre noire constellée de points chromés, des prolongements d’ailes et des bas de caisse sculptés couleur anthracite et une partie arrière avec deux gros embouts d’échappement, le nom Cross Country gravé sur le pare-chocs et un bouclier de protection installé dessous.
C’est malgré tout sa garde au sol de 210 mm qui rend le Cross Country plus imposant. C’est quand même 65 mm de plus que la familiale V90 et ça paraît. Beaucoup.
Une question d’aplomb
Les différences ne sont pas seulement esthétiques, par ailleurs. Toutes les composantes de la suspension, sans exception, ont été modifiées ou remplacées, en accord avec la vocation de passe-partout du V90 Cross Country, d’après Egbert Bakker, qui a dirigé l’équipe chargée de raffiner son comportement, sur la route ou ailleurs. Même chose pour les systèmes d’aide à la conduite, antidérapage et autres.
Pas de suspension à hauteur réglable comme dans le XC90, par contre. Parce que les clients ne le demandent pas, affirme l’ingénieur Bakker. On peut toutefois l’équiper d’une suspension arrière à ressorts pneumatiques qui corrige l’assiette automatiquement, selon la charge. Elle s’accompagne d’amortisseurs réglables associés aux différents modes de conduite disponibles.
Un seul groupe propulseur pour le Volvo V90 Cross Country 2017, soit le même quatre cylindres de 2,0 litres que les XC90, S90 et V90, suralimenté à la fois par un turbo et un surcompresseur, pour une puissance de 316 chevaux, mais surtout un couple réjouissant de 295 livres-pied à 2 200 tr/min. C’est un moteur souple, doux et juste assez nerveux que les ingénieurs suédois ont marié à une boîte automatique à huit rapports nette et précise. L’ensemble produit des accélérations fluides à tous les régimes et une belle sonorité quand on y va plus fort du pied droit.
Beau fixe à l’intérieur
Les trois premiers modèles construits sur l’architecture SPA ont surpris et grandement impressionné par la fraîcheur, la modernité et l’originalité du style de leur carrosserie et du design de leur habitacle. Pareillement pour le V90 Cross Country dont la silhouette et l’habitacle présentent des variations subtiles sur les mêmes thèmes.
Son tableau de bord est identique à celui des V90 et S90 pour son dessin et la disposition des commandes. Les seules finitions offertes sont un noyer presque noir ou de l’aluminium gris foncé. Pas de boiseries pâles pour lui. Au centre, la taille de l’écran passe à 12,3 pouces avec le groupe optionnel Premium.
Après la surprise du début, on apprivoise assez rapidement le système Sensus qui donne accès aux divers menus et commandes par balayage, comme sur votre téléphone. N’empêche que certaines devraient être plus facilement accessibles. Celle qui permet de désactiver (partiellement) l’antidérapage, par exemple.
Les sièges sont fantastiques, comme à peu près toujours chez Volvo, et la position de conduite impeccable. La visibilité est très bonne, à l’exception de rétroviseurs extérieurs un peu plus gros que sur les S90 et V90. Allez savoir pourquoi, puisqu’ils bloquent déjà la vue sur l’intérieur du virage pour ces deux autres modèles!
Quoi qu’il en soit, ces créations fièrement suédoises, qui remettent l’expression « style scandinave » au goût du jour, ont le mérite immense de n’imiter ni de singer le moindrement les marques allemandes qui donnent le ton et font la loi depuis longtemps dans le segment du luxe automobile.
De glisse et de glace
Le Volvo V90 Cross Country 2017 était parfaitement à l’aise sur les parcours glacés du lac Ånnsjön. Même en mettant l’antidérapage en mode Sport, ce qui le désactive presque entièrement. Avec une direction précise, le mordant de pneus Hakkapeliitta constellés de petits crampons de 1,2 mm, des masses très bien réparties et un rouage à quatre roues motrices efficace, on peut se payer de longs dérapages à volonté.
Le truc, avec ce système Borg-Warner (anciennement Haldex) de 5e génération, est de maintenir les roues en position droite le plus possible pour un maximum de motricité. Le système peut alors transmettre jusqu’à 70% du couple aux roues arrière. Bonjour la glisse contrôlée, du bout des doigts! On ferait ça pendant des heures et on ne s’en est d’ailleurs pas privé, par une journée froide et parfaite de l’hiver suédois.
C’est cependant sur les routes étroites et sinueuses qui nous ont menés de l’aéroport d’Östersund au village d'Åre (prononcer O-reu), où se tiendra le Championnat du monde de ski en 2019, que le nouveau V90 Cross Country m’a impressionné et réjoui le plus fortement. Pour la confiance remarquable qu’il inspire au conducteur, au-delà des multiples systèmes de sécurité dont il est équipé.
C’est l’équilibre, la souplesse et les réactions toujours prévisibles que l’on apprécie et qui produisent un plaisir de conduite aussi discret que précieux. Même sur les sections glacées, à peine saupoudrées de sable et jamais de sel. Et la suspension révisée s’est chargée de dompter les sections fortement ondulées et bosselées. Je vous le confirme, ce nouveau Cross Country sera vraiment à l’aise sur toutes les routes du Québec.
Chose certaine, par sa volonté farouche de rester parfaitement fidèle à ses propres valeurs, techniques ou autres, Volvo a créé avec son architecture SPA des voitures et utilitaires dont le comportement et les sensations de conduite ne ressemblent à rien d’autre. Un mélange d’agilité, de douceur et de souplesse qui ne sacrifie pourtant aucune part de stabilité ou de sécurité.
Le Volvo V90 Cross Country 2017, qui est à la fois voiture et utilitaire, fidèle à sa propre tradition, est certainement coulé dans le même moule. C’est une espèce rare qui va sûrement briller discrètement à nouveau chez nous. Pour le plus grand bonheur des initiés et de ceux qui auront compris. Il est beau, en prime.
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Volvo V90 2017 |
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Version à l'essai | Cross-Country T6 AWD |
Fourchette de prix | 61 900 $ – 72 600 $ |
Prix du modèle à l'essai | 72 600 $ |
Garantie de base | 4 ans/80 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 4 ans/80 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | 10,3 / 7,9 / n.d. L/100km |
Options | Chaîne audio Bowers & Wilkins (3 500 $), Suspension arrière pneumatique + amortisseurs réglables (2 350 $), Groupe Premium (1 500 $), Premium Plus, (2 500 $), Groupe Vision (1 500 $), Affichage tête haute (1 150 $), Groupe climatisation et chauffage (1 500 $) avec pare-brise chauffant (2 000 $), Groupe commodité (1 500 $), Sièges sport en cuir Nappa (1 800 $), Roues d’alliage de 20 pouces (975 $), Peinture métallisée (900 $), Apple CarPlay (400 $) |
Modèles concurrents | n.d. |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | En étant raisonnable avec la pédale de droite |
Confort | Sièges de référence, espace abondant, roulement bien contrôlé |
Performances | Quatre cylindres puissant et bien dompté |
Système multimédia | Résolument moderne et quand même assez convivial |
Agrément de conduite | Solide, stable, étonnamment agile pour sa taille |
Appréciation générale | Élégance, confort et polyvalence inégalés |