Honda Clarity Fuel Cell : pourquoi Honda croit-il autant en la voiture à hydrogène?
BOUCHERVILLE (Québec) – Honda Canada nous a invités à son centre administratif, à Boucherville, afin que nous prenions le volant d’une de ses voitures à pile à combustible à hydrogène. Elle est une de trois variantes de la Honda Clarity, dont seule la version hybride rechargeable est disponible sur le marché canadien.
Bien que Honda dispose de véhicules électrifiés par des batteries au lithium, le constructeur croit que l’hydrogène est le carburant de l’avenir. Pour Honda, les voitures électriques rechargeables ne représentent qu’une transition vers une solution plus viable.
- À lire aussi: Honda Clarity Fuel Cell - Premier contact au Japon
- À lire aussi: Le gouvernement du Québec achète 50 Toyota Mirai à hydrogène
« Ça peut-tu exploser? »
Mais avant d’aller plus loin, lorsque l’on parle d’une auto à hydrogène, on parle de quoi, au juste? Il existe plusieurs mythes autour de ce gaz entièrement naturel. Plusieurs croient qu’il peut exploser, faire une bombe, qu’il est « instable » et que sa production est complexe. La réalité est tout le contraire…
Certes, comme n’importe quel autre gaz, il existe des risques associés à l’hydrogène, comme il en existe associés à l’essence. Cependant, l’hydrogène, créé en injectant une surdose d’électricité dans l’eau, est actuellement utilisé par plusieurs entreprises industrielles dans divers procédés, et ce, de manière très sécuritaire. Air Liquide, une entreprise québécoise, en est la preuve.
L’auto à hydrogène est en fait une voiture électrique, comme celles que l’on voit sur la route. La seule différence, c’est qu’elle n’est pas dépendante d’une batterie au lithium pour stocker son énergie. Or, elle se libère entièrement du réseau électrique, des temps de recharge et des limites d’autonomie associés aux batteries. C’est là que Honda croit qu’elle est la véritable solution de l’avenir. À l’heure actuelle, nous sommes habitués à rouler une longue distance avec notre auto, d’arrêter quelques minutes pour remplir le réservoir et de reprendre la route rapidement.
Selon le constructeur, le fait de devoir brancher et d’attendre plusieurs minutes avant que l’auto soit pleine est un pas en arrière. Même avec des batteries plus performantes, on parle de 15 à 20 minutes d’attente pour une recharge d’environ 80%, sans oublier le fait que l’auto est dépendante d’un réseau électrique implanté.
On la remplit comme une auto à essence
La voiture à pile à combustible ne prendrait que quelques minutes à remplir. Le prototype que nous avons conduit, qui recourt à un moteur électrique produisant 174 chevaux et un couple de 221 lb-pi, procure une autonomie totale de 589 km.
Le principe est en réalité une réaction chimique. Oui, la voiture à hydrogène a toujours recours à une batterie au lithium comme source d’alimentation principale, mais cette batterie est beaucoup moins volumineuse que celle d’une auto électrique conventionnelle. Par le biais d’un catalyseur, que l’on appelle « pile à combustible », qui est en quelque sorte semblable à ce que l’on retrouve dans le système d’échappement d’une voiture à essence, une réaction chimique permet à l’hydrogène – venu d’un réservoir installé à l’arrière du véhicule – de relâcher des électrons. Ces électrons sont ensuite stockés dans la batterie au lithium.
De plus, la seule substance à être rejetée par le procédé est de la vapeur. Oui, de la vapeur! Très intéressant…
Encore plusieurs défis
Pour l’instant, le plus grand défi de Honda et de plusieurs autres constructeurs croyant eux aussi en la technologie (Toyota, BMW, Hyundai, GM), ce sont les infrastructures. La vision à long terme de Honda est d’implanter des pompes à hydrogène à même les stations-service. D’ailleurs, la Clarity à hydrogène roule actuellement en Californie, où l’on peut la louer et la remplir dans certaines stations-service pilotes.
Honda croit qu’il est possible d’implanter un réseau viable de stations à hydrogène, surtout ici au Québec, où les matières premières nécessaires à sa production sont abondantes et renouvelables. Le constructeur déclare qu’il serait même concevable pour une station-service de produire son hydrogène directement sur place. Wow!
Après notre courte balade en ville et sur l’autoroute, j’avoue avoir été épaté par le produit qui pourrait très bien être commercialisé au Canada. La conduite est identique à celle d’une auto électrique conventionnelle, le couple à bas régime du moteur électrique est toujours le bienvenu et le freinage régénératif demeure intact. La voiture émet même des bruits d’air comprimé super cool, rappelant le son d’un moteur à essence turbo.
Adapté à notre climat?
Reste à savoir si la technologie prendra de l’ampleur et si des infrastructures, ainsi qu’un coût d’utilisation abordable, pourront en effet être implantées. Pour le moment, Honda est en période de test ici au Canada afin de mieux comprendre le comportement du système par temps froid. L’hydrogène, c’est déjà un gaz très froid, alors pas de problème à ce niveau. C’est plutôt l’évacuation de la vapeur et de l’humidité qui doit être observée lors de températures froides extrêmes.
Pour conclure, seul l’avenir nous dira si l’hydrogène est la véritable solution pour les autos de demain. Chose certaine, à voir les ressources que les constructeurs comme Honda, Toyota, Hyundai et General Motors déboursent dans la technologie, il est clair qu’il y a en effet un énorme potentiel. Nous vivons dans une époque automobile fascinante!