Tesla Model 3 Performance 2018 : doigt d’honneur vers une industrie entière
En 2015, Tesla annonçait l’arrivée d’une nouvelle berline compacte, entièrement électrique et affichant un prix de départ de 45 000 $. Grandement motivé par le mouvement qu’Elon Musk avait créé avec ses autos à batteries ultra cool et rapides, le peuple s’est jeté sur cette voiture avec enthousiasme. Plusieurs centaines de milliers de réservations furent signées pour la Model 3.
Nous voici en 2018, trois ans après son dévoilement, et la nouvelle Tesla arrive au compte-goutte. Ça n’a pas été facile pour Elon. L’auto fut victime de délais d’assemblage, de problèmes de logistiques, de défaillances techniques et d’une qualité initiale douteuse. Le milliardaire fut ensuite attaqué de tous bords tous côtés pour ses tweets étranges, et des fois un peu cons.
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Pendant ce temps, les clients apprenaient que leur auto « abordable » allait non seulement arriver en retard, mais qu’elle serait aussi nettement plus dispendieuse...
Ian Pavelko fait partie de ces nombreux clients. Il a patienté plus de deux ans avant d’obtenir son bolide. Il a même couché dans une tente, dans une file d’attente, pour effectuer sa réservation! Et il se trouve aujourd’hui face à une facture beaucoup plus salée qu’il ne l’aurait imaginé – 99 300 $! Mais il ne regrette rien et adore sa Model 3. Intrigués par ce phénomène, nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle de son aventure.
Performance, autonomie et excentrisme
La Model 3 Performance, c’est la déclinaison la plus rapide de la Model 3, et la plus équipée (excluant l’option Full Self Driving). Certes, il est possible de s’en procurer une à 45 000 $, mais pas tout de suite. Il faudra attendre au printemps 2019, selon le constructeur.
Tesla priorise actuellement les autos mieux équipées. Plus votre Model 3 est garnie d’options, plus vous êtes placé au top de la liste. C’est pour cette raison qu’Ian fut parmi les premiers au pays à recevoir la sienne.
Ce qui justifie ce prix élevé, c’est l’ajout de l’ensemble Performance, qui comprend à la fois le rouage intégral Dual Motor et l’autonomie prolongée à 500 km. C’est un ensemble qui coûte 39 200 $ à lui seul! Ian a aussi ajouté l’option Autopilot et les freins surdimensionnés ainsi que les renforts de châssis, promettant d’améliorer la tenue de route de sa bagnole. Bref, elle lui coûte cher sa Model 3 et il ne s’en cache pas.
Mais au moins, même à ce prix, la Tesla Model 3 Performance 2018 en offre plus que ses rivaux directs. Comparons-là au Jaguar I-PACE, par exemple. Avec son prix de départ de 86 500 $ et pouvant vite dépasser 100 000 $ après options, le VUS britannique électrique dispose d’une autonomie de 386 km, 114 km de moins que la Tesla. De plus, le 0-100 km/h du Jaguar s’accomplit en 4,8 secondes. Certes, c’est très rapide, mais la Model 3 Performance elle, avec ses 450 chevaux et son couple de 471 lb-pi, le fait en 3,5 secondes. Elle se mesure donc aux berlines à très haute performance à essence du genre BMW M3, Mercedes-AMG C 63 S, Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio et Audi RS 3.
Client fidèle
Avant de prendre le volant, j’ai posé une question à Ian : pourquoi Tesla? Après tout, avec un délai d’attente si élevé, il avait amplement le temps d’aller voir ailleurs. Et maintenant, l’industrie automobile change enfin de cap, l’offre des VE est de plus en plus abondante avec des véhicules comme, justement, le Jaguar I-PACE, la Chevrolet Bolt EV, la Nissan LEAF, la Volkswagen e-Golf ou même le Hyundai Kona électrique.
Mais pour Ian, une Tesla représente beaucoup plus qu’une plaque d’immatriculation à son nom. Depuis le début de l’épopée, il suit l’entreprise et admire la vision et le courage d’Elon Musk, d’avoir osé s’en prendre seul à une industrie entière, et d’avoir percé avec des produits complètement en dehors du moule. Soyons francs, si l’industrie automobile est en train de prendre un virage crucial, c’est en grande partie grâce à Tesla.
Plus important que ça, Ian voulait passer à l’électrique sans compromettre sa passion pour l’automobile. Selon lui, Tesla est le seul constructeur de VE qui est apte à offrir la dynamique de conduite et les performances d’une voiture sport. Et étant donné qu’il travaille chez Fast Wheels, un constructeur de jantes, Ian avait comme opportunité d’aider à concevoir une jante qui contribuerait à augmenter les performances de la Model 3.
D’ailleurs, il est possible de visionner le développement de la jante en question sur YouTube, ainsi que les résultats d’accélération. À l’heure actuelle, Ian, avec ses nouvelles jantes, détient le record du temps d’accélération le plus rapide à bord d’une Tesla Model 3, soit un 0-60 mi/h (0-96 km/h) accomplit en 3,12 secondes!
Nos impressions
Il est facile en tant que membre des médias de parler contre Tesla, car l’entreprise collabore très peu avec nous. Sans oublier les tweets haineux de la part de Musk au sujet de notre métier. Même un média automobile aussi établi que Le Guide de l’auto éprouve de la difficulté à communiquer avec le constructeur, et ce, malgré le fait qu’année après année, on lui remet des prix de Meilleurs achats.
Mais dès que l’on embarque dans un de ses véhicules, il est impossible de nier à quel point Tesla est en avance sur la concurrence, et surtout, à quel point ils représentent l’excentricité d’Elon. La Model 3, pas beaucoup plus grosse qu’une Lexus IS, n’a pas d’entrée d’air dans son pare-chocs, car elle n’en a pas besoin. Elle est dépourvue d’une clé physique, car on l’ouvre soit par une application mobile, soit par une carte à puce, un peu comme une chambre d’hôtel. Et dès que l’on s’assoit dans son habitacle, on ne remarque aucun tableau de bord ni de jauges pour indiquer la vitesse.
Tout est affiché via l’énorme écran tactile de 15 pouces à très haute définition situé au centre de la planche de bord. C’est de là que l’on contrôle tout, y compris les rétroviseurs et le volant! Cependant, ce iPad géant, bien qu’attrayant et relativement facile à utiliser, fournit tellement d’informations en même temps, qu’il peut s’avérer ardu pour le commun des mortels. À notre avis, un affichage sur le pare-brise aurait aidé à réduire les distractions.
On engage le mode marche avant d’une Tesla par un levier situé sur la colonne de direction. Douce et silencieuse, comme toute bonne voiture électrique, la Model 3 nous révèle immédiatement son habitacle hautement insonorisé, dépourvu de bruits de caisse fâcheux. Jusqu’à présent, nous étions impressionnés par la qualité d’assemblage du véhicule que nous avions à l’essai – sauf quelques imperfections dans les intérieurs de portière, mais rien de majeur.
Est-elle à la hauteur des autres voitures de luxe de 100 000 $ sur le plan du raffinement et du luxe? Non, loin de là – les plastiques en noir piano et les imperfections visibles ici et là laissent des fois à désirer, mais elle n’est pas bon marché pour autant. On a vu pire dans d’autres produits américains.
Sur la route, la Model 3 demeure silencieuse, même lorsque l’on écrase l’accélérateur, ce qui nous enfonce immédiatement dans le siège tellement la poussée est violente. Lors du tournage, nous avions une BMW M2 pour filmer la Model 3. C’est une bombe allemande de près de 400 chevaux. Elle n’était pas à la hauteur, car les performances de la Tesla sont complètement démentielles.
Et malgré le poids élevé de l’auto à cause des batteries (approximativement 4 072 lb / 1 847 kg), elle adopte une tenue de route étonnamment agile. Remarquons que les pneus Yokohama Advan Sport V105 qu’Ian avait installés aidaient dans les virages, mais les batteries positionnées au centre de l’auto font en sorte que la masse nette du véhicule est mieux répartie qu’une auto à essence. En tout cas, la Model 3 n’avait aucune difficulté à suivre notre M2 dans les courbes!
Certes, on s’attendait à une machine de guerre, mais on ne s’attendait pas à une voiture aussi bien accomplie. Fidèle aux produits Tesla, les coffres de la Model 3 sont spacieux avec un espace logeable total de 425 litres. C’est moins qu’une BMW Série 3 (480 litres), mais nettement plus qu’une Lexus IS (306 litres). Et la banquette arrière, bien qu’un peu serrée en raison de ses dimensions compactes, dispose tout de même d’un plancher dégagé.
Notre verdict? La Tesla Model 3 n’est pas, du moins, pour le moment, la voiture électrique du peuple telle que promise par son créateur. Mais elle est aussi éclatante que l’homme qui l’a conçue, sans oublier le fait que ses performances et son autonomie électrique ne sont toujours pas égalées par un autre constructeur. Même à 100 000 $.
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Tesla Model 3 2018 |
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Version à l'essai | Rayon étendu |
Fourchette de prix | 45 600 $ – 99 300 $ |
Prix du modèle à l'essai | 99 300 $ |
Garantie de base | 4 ans/80 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 4 ans/80 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | n.d. |
Options | n.d. |
Modèles concurrents | n.d. |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | Elle ne consomme aucune essence. Et grâce à une autonomie de 500 km et du réseau Tesla Supercharger, elle ne coûte pas très cher à remplir! |
Confort | Une berline compacte somme toute confortable, mais la banquette arrière peut s'avérer un peu serrée pour les grandes personnes. |
Performances | Des accélérations froudoyantes et une tenue de route capable de rivaliser les meilleures berlines sport de l'industrie. |
Système multimédia | L'énorme écran tactile garni d'informations peut se montrer intense à apprivoiser pour les néophytes. On aurait aimé voir une projection dans le pare-brise pour décongestionner l'écran. |
Agrément de conduite | La tenue de route bien ancrée au sol et les accélérations immédiates font de la Model 3 une auto très amusante à conduire. |
Appréciation générale | Une auto électrique pas comme les autres! La Tesla Model 3 fait en effet jaser, mais bien qu'elle soit très dispendieuse et que sa fiabilité ne soit toujours pas établie, on a affaire à une berline compacte hyper bien pensée. |