Drogue et alcool : des conducteurs têtus
Texte Jonathan Tremblay, photos Pascal Girard
Les conducteurs ont toujours la tête dure en ce qui concerne leur conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool ou la drogue, obligeant les autorités à redoubler d’efforts en faisant davantage de barrages routiers. « Le fléau est là tout le temps », précise le lieutenant Bryan Cunningham, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Vendredi, les automobilistes se demandaient bien ce qui se passait, vers 22 h, quand un bouchon a ralenti leur circulation, au coin Saint-Laurent et Notre-Dame, dans le centre-ville de Montréal.
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Les policiers de l’escouade B.R.A.V.E.S., créée il y a un an, testaient aléatoirement des conducteurs dans une opération contre l’alcool et la drogue au volant. Ils venaient tout juste de dépister le taux d’alcoolémie trop élevé d’une jeune conductrice. Ils l’ont mise en état d’arrestation, puis assise sur la banquette arrière d’une de leur voiture de patrouille.
Le lieutenant Bryan Cunningham a dirigé la circulation une partie de la soirée à l’autre barrage érigé plus tôt sur le boulevard Saint-Laurent, près de la rue Notre-Dame.
En pleurs
Celle-ci était en pleurs et sous le choc, a constaté Le Journal, alors qu’elle réalisait que sa soirée prenait une tournure inattendue. Au total, six chauffards se sont trouvés dans sa situation, dont un en raison de la drogue. L’architecte de ce groupe de policiers, Bryan Cunningham, gérait le débit de circulation, pointant quels véhicules devaient se garer en bordure du chemin pour souffler dans la « balloune ».
Depuis la légalisation du cannabis, en octobre 2018, le SPVM a procédé à près de 110 opérations de la sorte, qui ont mené à une soixantaine d’arrestations.
« On ne peut pas dire qu’il y a une augmentation d’arrestations liée à la légalisation », laisse toutefois tomber le lieutenant, tout en dirigeant le trafic.
Une jeune automobiliste est détenue après avoir échoué l’alcootest, en début d’opération.
Détecter le pot
À Montréal, ce sont d’autres drogues que le pot qui sont davantage remarquées. Et puis, il attribue aussi le succès de leurs démarches à leur unité d’experts, unique au Québec, spécialisés pour détecter les drogues chez les conducteurs. En une douzaine d’étapes, ils évaluent notamment les yeux, l’attention, les signes vitaux et le tonus musculaire.
« Les gens craignaient que ça empire [avec la légalisation du pot]. Et ils ont répondu dans des sondages qu’ils ne voyaient pas assez de barrages, alors on veut être visibles », explique le coordonnateur du projet. On veut défaire le « mythe » que les barrages, « c’est seulement durant le temps des Fêtes ».
Leurs vérifications ont continué jusqu’au petit matin, à la sortie des ponts Jacques-Cartier et Victoria, en collaboration avec la Sûreté du Québec et le Service de police de l’agglomération de Longueuil. En plus des six arrestations, six autres conducteurs s’en sont sauvés, tout juste sous le seuil de la limite permise.