Ma première fois au volant : la Yaris de l’école…

Publié le 16 avril 2020 dans Blogue par Germain Goyer

Dans cette série d’articles « Ma première fois », les journalistes du Guide de l’auto vous racontent leurs débuts derrière le volant.

Parce que je ne suis pas un hors-la-loi, la toute première fois que j’ai pris le volant, c’était dans le cadre de mon premier cours de conduite. Pas avant.

J’avais le désir de faire les choses dans l’ordre. Sans doute étais-je trop sage…

Bon, il faut avouer que le fait d’avoir grandi en ville et non pas sur un rang y est pour quelque chose. Puisque j’aime l’automobile depuis toujours et plus que n’importe quoi d’autre, l’obtention de mon permis de conduire était très symbolique.

Histoire d’obtenir mon permis d’apprenti le jour même de mes 16 ans, j’avais complété les cours théoriques préalablement. Le 3 octobre 2012, en finissant l’école secondaire, mon père et moi nous sommes précipités vers la SAAQ du quartier. On avait oublié mon certificat de naissance…

Mon père a tenté de convaincre la préposée en lui disant qu’il était mon père et qu’il certifiait que j’étais bel et bien né! Ça n’a pas suffi. Bref, après un aller-retour à la maison en vitesse afin de revenir avant la fermeture du bureau de la SAAQ, j’ai réussi à avoir mon permis le jour de mes 16 ans.

Comme j’étais le plus vieux de mon groupe, je fus le premier à avoir mon permis. Mais je n’avais toujours pas conduit! C’est donc quelques jours plus tard que j’ai enfin pris le volant. Je n’avais pas peur qu’un semi-remorque me rentre dedans. Je n’avais pas peur d’écraser un piéton. Je n’avais pas peur de rater un arrêt.

J’avais peur d’une seule chose : de ne pas aimer conduire. Imaginez-vous ça. Ça fait 16 ans que tu tripes à fond sur l’automobile et au moment d’en conduire une finalement, tu n’aimes pas ça. Ça aurait été une sacrée perte de temps…

Photo: Toyota

Au volant de la petite Toyota Yaris blanche décorée aux couleurs de l’école de conduite, je me suis donc aventuré dans le trafic du vendredi après-midi sur le boulevard Gouin. Laissez-moi vous dire que l’heure de cours a passé pas mal plus vite que les cours précédents qui avaient eu lieu dans une classe. Après seulement une heure au volant, je savais que j’aimais ça et j’avais déjà hâte à la semaine suivante.

Il me tardait surtout de suivre mon premier cours avec une auto à boîte manuelle. Parce que la Golf de ma mère et le Ranger de mon père étaient tous les deux équipés d’une boîte manuelle.

Cela dit, à l’école de conduite, la direction avait été bien claire : pas de boîte manuelle avant le quatrième cours, minimalement. Comme mon professeur avait dû me trouver pas si pire, il m’a fait monter dans l’auto à boîte manuelle dès le cours suivant. C’était une rutilante Tercel. À priori, on pourrait croire qu’il s’agit de la voiture parfaite pour apprendre les rudiments de la conduite étant donné son format compact, sa visibilité exemplaire et son embrayage on ne peut plus permissif. Or, ce n’était pas le cas.

Photo: Toyota

En effet, dans le tableau de bord de la Tercel, il n’y avait pas de compte-tours! Ce faisant, mon prof a sorti un crayon de sa poche et un carton qui traînait à l’arrière pour me dessiner un compte-tours et ainsi m’expliquer le principe des rotations/minute et des changements de rapport. Ce n’était pas très clair et un peu broche à foin. Une chance que j’avais observé mes parents pendant des années!

À la fin du cours, mon prof m’a demandé de préciser à la secrétaire qu’il s’agissait d’un cours de conduite à boîte manuelle, ce qui lui permettait d’empocher un dollar supplémentaire pour l’heure...

Curieusement, la Tercel, qui avait certainement une dizaine d’années de plus derrière la cravate que la Yaris, affichait un peu moins de 100 000 kilomètres. Alors que le compteur de la Yaris, lui, affichait plus de 150 000 kilomètres. Visiblement, nous étions très peu nombreux à apprendre à conduire une auto à boîte manuelle.

Sur les genoux de grand-papa

Désormais devenu une banlieue éloignée, Crabtree était, il n’y a pas si longtemps la campagne. Le chalet familial en bois, qui n’est pas bien loin d’être centaine, se trouvait jadis au bout d’un chemin privé en terre et en roches. Aujourd’hui, c’est une véritable rue.

Alors que j’étais petit garçon, je n’étais jamais bien loin de mon grand-père Omer (une petite pensée pour cet homme de 98 ans, confiné dans son petit appartement et privé de visite pendant cette crise de la COVID-19). On avait beau cueillir des framboises, pédaler ou même se lancer la balle, j’en revenais toujours à la même chose : l’automobile.

Décidé à me faire plaisir, il m’a initié à la conduite automobile même si pour lui, une voiture, c’était un simple moyen de transport. Comme je n’étais pas suffisamment grand pour rejoindre les pédales et voir en avant – deux éléments quand même importants – et qu’il s’inquiétait probablement que je me prenne pour un Jacques Villeneuve du haut de mes sept ans, il m’a installé sur ses genoux pour conduire. Comme avant-goût, j’aurais difficilement pu demander mieux.

Photo: Archives familiales (Goyer/Deguire)

Rouge vin avec l’intérieur en tissu côtelé de la même teinte, sa Ford Escort familiale 1993 était presque belle même si elle avait perdu un peu de son lustre.

Réalisant que je commençais à aimer ça pour vrai et que je ne me contenterais pas encore bien longtemps du petit chemin, mon grand-père a subtilement mis fin à la séance et n’a pas répété l’exercice.

Quelques années après que j’aie obtenu mon permis de conduire, mon grand-père, lui rangeait le sien pour de bon. Du même coup, il m’a refilé les clés de sa Ford Focus familiale 2003 que j’ai usée jusqu’à la dernière miette de rouille. Encore aujourd’hui, je possède une voiture américaine familiale. Et tout ça, ce n’est pas le fruit du hasard.

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