La Formule 1 entre dans sa bulle au Grand Prix d'Autriche
De nouveau réunis sur un circuit mais à bonne distance les uns des autres: à la veille du premier Grand Prix de 2020, le «grand cirque» de la Formule 1 découvre une nouvelle organisation destinée à se prémunir du coronavirus.
Pour rallumer les moteurs avec plus de trois mois de retard, la catégorie reine du sport automobile a opté pour le huis clos, des tests réguliers et un système de «bulles» isolant non seulement le paddock de l'extérieur mais aussi les participants entre eux.
- À lire aussi: Un Grand Prix de F1 à Montréal cet automne?
- À lire aussi: Le Québécois derrière les trophées du Grand Prix de F1
Il n'y avait donc pas un chat autour du Red Bull Ring de Spielberg, au centre de l'Autriche, en début de matinée jeudi, alors qu'en temps normal, les spectateurs se pressent pour s'installer dans l'un des nombreux campings.
Si l'événement a réuni plus de 200 000 personnes l'an dernier, seuls quelques irréductibles armés de jumelles et d'appareils photo attendaient autour de l'aérodrome qui jouxte le circuit pour voir atterrir les jets des pilotes.
Pour les 2 000 à 3 000 personnes autorisées à pénétrer dans le Red Bull Ring, il faut être négatif au Covid-19, se refaire tester tous les cinq jours et passer plusieurs check-points, notamment pour faire contrôler sa température.
Dans l'enceinte, il est demandé de respecter une distance de deux mètres entre chacun, de suivre un sens de circulation unique et de porter un masque lors de chaque contact ou déplacement.
Y compris lors du traditionnel tour de piste, à pied pour beaucoup, à vélo pour le Monégasque Charles Leclerc, des pilotes avec leurs ingénieurs en fin de matinée, destiné à prendre leurs repères avant les essais libres vendredi.
Pas question non plus d'aller n'importe où. La vingtaine de journalistes de presse écrite, par exemple, sont cantonnés à une salle offrant une vue panoramique sur le circuit.
C'est d'ici qu'ils suivent les conférences de presse enregistrées trois étages plus bas dans des conditions inimaginables il y a encore quelques mois, les pilotes se présentant masqués pour répondre à des questions pré-enregistrées.
«Bon environnement dans lequel travailler»
Une situation qui complique toute tentative de manier l'ironie, comme l'a appris à ses dépens Max Verstappen, le Néerlandais de Red Bull répondant que la course ne lui avait «pas du tout» manqué avant de s'interroger: «vous pouvez voir mes émotions ?»
Ces mesures, en tout cas, remportent pour l'heure l'adhésion des pilotes, à l'instar d'un Lewis Hamilton «impressionné» et qui salue «un bon environnement dans lequel travailler».
«On retrouve ses habitudes», assure pour sa part Romain Grosjean. «Hormis le fait qu'on n'a pas le droit de faire des accolades avec les membres de l'équipe qu'on n'a pas vus depuis cinq mois, les choses sont plutôt normales et la préparation se passe comme d'habitude.»
À défaut de porter un masque dans leurs monoplaces, il est recommandé à Grosjean et consorts de conserver leurs gants et la visière de leur casque abaissée autant que possible quand ils seront dans leurs garages ce week-end.
«Le plus compliqué, ça sera la visière parce que, s'il fait chaud, tu as envie de l'ouvrir pour avoir de l'air frais, pour discuter aussi avec la personne qui te sangle», anticipe le Français de Haas. «Mais on fera via la radio et puis un maximum avec le ventilo», philosophe-t-il.
Attention, aussi, aux entorses au règlement en cas de bon résultat en piste, prévient le pilote. «On aura envie de sauter dans les bras de son équipe», ne cache pas Grosjean. «Donc il y a des moments où il y a peut-être des choses qui ne vont pas être contrôlées à 100%, mais on va essayer de rester au maximum dans les règles.»