Sommes-nous en train de vivre un âge d'or automobile?
Le titre peut sembler un peu provocateur en ces temps de pandémie, mais je me le demande très sérieusement.
Quand il est question d'automobile, on lit ou on entend souvent que c'était mieux avant. Parce que peu importe son âge, on a généralement tendance à idéaliser le passé. Le problème, c'est que personne n'est d'accord pour déterminer quelle était la meilleure période!
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Pour un baby-boomer, l'âge d'or de l’automobile se situe vers la fin des années 1960. Les muscle cars aux puissances folles, qui ont étalé leur démesure jusqu'au premier choc pétrolier et à l'arrivée de normes antipollution plus restrictives. Mais un passionné âgé de 25 à 40 ans (dont je fais partie) aura plus de tendresse pour les années 1980 et 1990, avec des voitures comme la Volkswagen Rabbit GTI ou la Honda Civic Si par exemple.
Et il y a fort à parier que les enfants ou les adolescents qui trippent sur les voitures actuelles voudront s'offrir une Corvette C8 ou une Camaro ZL1 un jour. Et ils diront probablement à leurs enfants que les voitures des années 2010-2020, c'était quand même autre chose que les modèles autonomes sans saveur des années 2050...
Et s'ils avaient raison? Et si la période actuelle était finalement une époque de l'histoire automobile dont on se souviendra longtemps?
Une diversité jamais vue
Quand on regarde le marché, on constate que les berlines disparaissent peu à peu au profit des VUS. C'est vrai que les constructeurs en proposent de plus en plus, parfois jusqu'à l'indigestion. Et il faut bien reconnaître qu'ils ont tendance à tous se ressembler, les normes d'homologation draconiennes n'arrangeant pas vraiment les choses.
Mais n'était-ce pas aussi le cas des berlines, il y a quelques années? Montrez une Chevrolet Caprice, une Ford Crown Victoria, une Mercury Grand Marquis et une Pontiac Parisienne du milieu des années 1980 à des gens qui ne connaissent pas très bien l'automobile, après avoir effacé les logos. Combien seront capables de les différencier?
Les années 2020 sont également marquées par une grande diversité de motorisations. Les moteurs à combustion sont encore majoritaires, mais on peut également acheter des véhicules hybrides, hybrides rechargeables et 100% électriques qui sont désormais efficaces et performants.
Il y a une dizaine d'années, il n'y avait que des moteurs à essence et les voitures électriques étaient balbutiantes. Maintenant, les modèles les plus performants passent de 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes et peuvent parcourir plus de 500 km avec une seule charge! Mais à l'autre bout du spectre, il est aussi possible de se payer un Ram TRX à moteur Hellcat qui brûle de l'essence comme s'il n'y avait pas de lendemain.
Un achat complètement déraisonnable, mais qui ne sera bientôt plus possible avec le durcissement des normes antipollution. Et dans dix ou quinze ans, si le Gouvernement tient parole et interdit la vente de véhicules à moteur thermique, la diversité automobile sera moins grande que ce qu'elle est actuellement.
Toujours plus de chevaux
On a aussi tendance à l'oublier, mais la puissance des véhicules a augmenté de manière exponentielle ces dernières années. Les voitures de notre époque sont beaucoup plus performantes que la majorité des véhicules qui circulaient sur nos routes il y a 25 ou 30 ans.
Une Porsche 911 Carrera 3,2 litres développait 207 chevaux en 1985. Une Mazda3 turbo 2021 en affiche 250!
Au début des années 1990, une voiture exotique comme la Ferrari 348 générait environ 300 chevaux. De nos jours, une Volkswagen Golf R fait aussi bien et accélère plus rapidement de 0 à 100 km/h! Sans la musicalité du V8, il faut bien le reconnaître...
Et que dire des hypercars, qui visent désormais les 2 000 chevaux et les 500 km/h de vitesse de pointe!
L'autre conséquence de cette course à la puissance, c'est que les monstres des décennies précédentes ne le sont plus vraiment avec notre regard d'aujourd'hui. Grâce à mon travail de journaliste, j'ai eu la chance de conduire plusieurs autos anciennes récemment, comme une Mustang de 1969, une Porsche 911 de 1985, une Mazda Miata de 1989 et une Manic GT de 1971. J'ai adoré ces quatre autos, mais aucune ne m'a impressionné au chapitre de la puissance. Ce qui m'a séduit, c'est leur caractère moteur, le plaisir de conduite qu'elles procurent, et aussi leurs défauts, qui les rendent très attachantes.
Mais ce n'est pas parce que ces autos sont plaisantes que tous les modèles actuels sont aseptisés. J'ai aussi pris un plaisir fou à conduire la dernière Porsche Taycan, la Dodge Charger Hellcat, la Mazda MX-5 ou le Chevrolet Colorado ZR2, là encore pour des raisons différentes. Je mentirais si je disais que tous les véhicules que je conduis me font tripper, mais j'aurais probablement dit la même chose si j'avais fait ce métier dans les années 1980.
En conclusion, je crois que l'automobile se trouve actuellement à la croisée des chemins. Il ne fait aucun doute qu’il reste encore suffisamment de véhicules intéressants et amusants pour se faire plaisir quand on est passionné. Regretterons-nous un jour les modèles du début des années 2020? On aura la réponse dans 20 ou 30 ans!