Subaru Forester 2010: Le fond avant la forme

Publié le 8 décembre 2010 dans Essais par Alain Morin

Outre quelques œuvres de soirs de party - XT (1985-1991) et SVX (1992 – 1997) -, on ne peut pas dire que les ingénieurs de Subaru s’éclatent très souvent. Et comme ils doivent vieillir, les partys sont de moins en moins fréquents. En tout cas, c’est ce qu’on se dit en regardant la gamme Subaru…

Il y a, bien entendu, la très performante Impreza WRX et la supra performante WRX STi mais elles sont réservées à quelques amateurs conquis par la popularité de Subaru dans le championnat du monde des rallyes et prêts à y mettre le prix. Sinon, il y a les Impreza tout court (berline et familiale), la berline intermédiaire Legacy, la Outback (une Legacy un peu plus haute sur patte et familiale) et l’indescriptible Tribeca, un multisegment qui mériterait un meilleur sort. Entre ce dernier et la Outback, Subaru propose le Forester, un VUS qui affronte des valeurs sûres comme les Ford Escape, Honda CR-V, Toyota RAV4 et autres Chevrolet Equinox et Mitsubishi Outlander.

Subaru était, et demeure, un petit manufacturier automobile même si les ventes connaissent, depuis plusieurs mois, une très belle progression. Dans le domaine de l’automobile comme partout ailleurs, l’image fait foi de tout. Et chez Subaru, l’image c’est la robustesse et le rouage intégral symétrique. N’ayez crainte, cette image n’est pas usurpée et le Forester utilise les deux de fort belle façon.

De l’utilité au carré

Tout d’abord, le style carré du véhicule sied bien à son image de robustesse et à son côté utile. Il y a d’ailleurs fort à parier que les gens se procurant un Subaru apprécient bien davantage cette qualité qu’un style plus éclaté mais souvent moins pratique. Ainsi, la partie arrière du Forester, très carrée, permet d’offrir un coffre très vaste où les gros objets n’auront pas peur d’entrer… en admettant qu’un objet puisse avoir peur d’entrer dans un petit coffre tout en appréciant les grands! Le hayon ouvre sur 949 litres dans la majorité des versions (la livrée X avec le groupe tourisme affiche un peu moins). Lors que les dossiers des sièges arrière sont baissés, c’est à 1934 qu’on a affaire. Sous le plancher, on retrouve même de très pratiques bacs de rangement. D’un autre côté, l’offre, optionnelle dans la plupart des versions, d’un cache-bagages à 225$ me semble un manquement grave à l’éthique…

Le tableau de bord est du plus pur Subaru avec des plastiques gris souris de qualité correcte sans plus et un design plus pratique qu’original. En passant, soulignons que chaque fois que Subaru a tenté d’intégrer ce dernier qualificatif dans un de ses véhicules, le résultat a rarement été sublime… Toujours est-il que toutes les commandes et jauges du tableau de bord sont très faciles à utiliser. Nous déplorons toutefois l’absence d’une jauge de température mais il semble que nous devrons nous y faire, cet accessoire étant de plus en plus absent, toute marque confondue. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Ça ne doit pas coûter bien cher une aiguille pour indiquer la température du moteur… Les espaces de rangement sont nombreux et de bonnes dimensions mais, dans notre Forester d’essai, la console était un peu chambranlante. Les sièges ne paient pas de mine mais ils se sont avérés correctement confortables tout au long de notre essai. À l’arrière, l’accès est facilité par les portières qui ouvrent très grand. Personne ne sera surpris d’apprendre que l’espace pour la tête ne fait pas défaut. Gracieuseté d’une généreuse surface vitrée, la visibilité tout le tour est excellente.

Le cœur au travail

La simplicité se poursuit sous le capot. Les versions plus luxueuses ont droit à un quatre cylindres de 2,5 litres turbocompressé qui livre 224 chevaux et 226 livres-pied de couple. Notre modèle d’essai, lui, était plutôt doté du même quatre cylindres mais atmosphérique cette fois et sa puissance est plus modeste avec ses 170 chevaux et autant de couple. Ce moteur n’est pas le plus raffiné de la catégorie, la sonorité agricole qui accompagne les démarrages à froid sont là pour le prouver, mais il fait un boulot honnête et la plupart des gens n’auront rien à lui reprocher. Profitons de l’occasion pour souligner que turbo ou pas, le Forester peut remorquer jusqu’à 1087 kilos (2400 livres), pour autant que la remorque soit équipée de freins. Notons aussi que notre modèle n’était pas équipé de la technologie PZEV qui rend ce moteur encore plus propre, à défaut d’être plus frugal. Cependant, il ne faut pas croire que ce moulin soit très assoiffé. Subaru annonce une consommation de 10,4 litres/100 km en ville et de 7.7 sur la route. Après notre semaine d’essai, l’ordinateur de bord affichait 10,2, ce qui n’est pas extraordinaire mais qui n’est pas, non plus, dramatique. Il faut toutefois noter que le modèle 2011 aura droit à certaines améliorations.

La transmission manuelle n’est offerte qu’avec quelques modèles 2.5X. Cette boîte à cinq rapports n’a rien pour allumer les passions sportives, la course de son levier étant trop longue et imprécise. Heureusement, l’embrayage est très correct et progressif et, curieusement, le pointe-talon s’effectue sans aucun problème. Mais parions qu’ils sont bien rares les propriétaires de Forester qui apprécient jouer ainsi des pieds! Cependant, et contrairement à la plupart des propriétaires des autres marques, ceux qui possèdent des Subaru semblent plus enclins à jouer de l’embrayage. À 100 km/h, le moteur « tourne » à 2500 tours/minute, ce qui nous semble un peu élevé. Un sixième rapport ou une cinquième plus démultipliée aiderait à diminuer cette vitesse de rotation, ce qui entrainerait un niveau sonore moins élevé et une consommation d’essence moindre. Subaru propose aussi une automatique à quatre rapports, ce qui nous paraît bien chiche dans un contexte ou une sous-compacte comme la Ford Fiesta en propose six et que les concurrents en ont au moins cinq.

On va tous arriver à Noël en même temps... et en train!

Sur la route, le Forester demeure fidèle à lui-même. Oubliez donc la sportivité pour mieux apprécier un comportement honnête. La direction est précise, pour autant qu’on ne le brusque pas (elle devient un peu dure au centre lors de manœuvres d’évitement) et les suspensions ont pour visiblement reçu pour mandat de préserver le confort, pas de retenir la voiture dans les courbes prises à haute vitesse. Cependant, il serait faux de croire que le Forester s’écrase devant la moindre arabesque que la route lui présente. Si on le pousse un peu trop, on ressent un certain roulis, sans plus. On lève le pied et c’est réglé! Sur la livrée 2011, la suspension arrière recevra de nouveaux coussinets.

Ce qui fait la différence dans un produit Subaru, c’est le rouage intégral symétrique qui, s’il n’est pas aussi performant que celui, par exemple, d’Acura avec son SH-AWD, demeure une des forces de vente de la marque. Oui, ce rouage aide à la tenue de route mais, surtout, il permet d’affronter les hivers avec moins de stress, ce qui plait à plusieurs personnes. D’ailleurs, il suffit de conduire un véhicule muni d’un rouage intégral sur une route de campagne couverte de six pouces de neige pour vraiment l’apprécier. Ceci étant dit, le meilleur rouage intégral ne peut rien contre le mauvais ou le simple manque de jugement du pilote…

Le Subaru Forester est sans doute l’un des véhicules les plus sérieux du moment. On lui reprochera de ne pas être un boutentrain mais comme on dit au CN, petit train va loin…

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Subaru Forester 2010
Version à l'essai n.d.
Fourchette de prix 25 995 $ – 35 295 $
Prix du modèle à l'essai 25 995 $
Garantie de base n.d.
Garantie du groupe motopropulseur n.d.
Consommation (ville/route/observée) 10,4 / 7,7 / 10,2 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Chevrolet Equinox, Ford Escape, Honda CR-V, Hyundai Tucson, Jeep Compass, Jeep Patriot, Kia Sportage, Mazda Tribute, Mitsubishi Outlander, Nissan Rogue, Suzuki Grand Vitara, Toyota RAV4, Volkswagen Tiguan
Points forts
  • Lignes soulignent le côté robuste du véhicule
  • Habitacle vaste
  • Rouage intégral intéressant
  • Excellente visibilité
  • Valeur de revente élevée
Points faibles
  • Sonorité du moteur un peu agricole (à froid)
  • Transmissions pas très modernes
  • Habitacle gris souris
  • Coffre plus ou moins bien isolé des bruits de la route
Fiche d'appréciation
Consommation 3.5/5 Pourrait faire mieux
Valeur subjective 4.0/5 Si on aime le genre, c'est parfait!
Esthétique 4.0/5 Si on aime le genre, c'est parfait (bis)
Confort 4.5/5 Étonnant!
Performances 3.5/5 Pour les performances, vaut mieux opter pour une version turbo
Appréciation générale 4.0/5 Quand on a un VUS, c'est fou ce qu'on se trouve des amis qui ont quelque chose à déménager,,,
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