LP400 2016 : je n'aime plus la STI

Publié le 28 août 2015 dans Essais par Marc-André Gauthier

Il y a à peine 1 mois, je me baladais au volant de la Subaru WRX STI, admiratif comme un gamin devant un gros pot de bonbons. Je trouvais la voiture superbe, amusante, et comme le témoigne mon essai, je donnais une évaluation finale essentiellement positive au bolide.

Mais voilà que je regrette presque mes mots. Non pas que la STI s’est dégradée en quatre semaines. Ne vous inquiétez pas : elle est toujours la même. Disons plutôt que j’ai essayé ce qu’elle aurait dû être depuis le départ, et je constate avec effroi la chance qu’a manquée Subaru.

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, voici la LP400, une machine tout droit sortie des ateliers de Lachute Performance, dans les Basses-Laurentides. En gros, il s’agit de l’ultime expression de ce que peut être la WRX STI, et c’est une insulte que Subaru n’ait pas visé plus haut pour son auto quand on constate qu’un préparateur québécois peut faire mieux qu’une compagnie milliardaire.

Créer un monstre

Qu’est-ce que la LP400? À la base, il s’agit d’une Subaru WRX STI des plus ordinaires, avec son moteur de 2,5 litres turbocompressé développant 305 chevaux et 290 livres de couple.

Les gens de Lachute prennent cette petite, qu’il n’y a pas si longtemps je considérais comme étant exceptionnelle, et jette quelques « affaires » à la poubelle. Par «affaires», j’entends le bloc moteur, l’embrayage, la suspension, la transmission et les freins. 

Le moteur est donc retravaillé de fond en comble pour produire 400  chevaux (287 aux roues) et 370 livres de couple… au 91! Apparemment, il est possible d’ajuster le moteur pour qu’il tourne au 94. Je n’ose pas imaginer.

Pour supporter cette puissance additionnelle, Lachute Performance change d’abord l’embrayage pour une version en Kevlar qui supporte mieux le couple et la conduite sportive.

Le freinage de la voiture est bonifié grâce à des disques DBA (une compagnie australienne) et des plaquettes Ferodo. Surprise! Ce nouvel ensemble a une durée de vie plus longue que la combinaison d’origine, en plus d’être davantage performant…

Pour finir, ce qui m’a sans doute le plus étonné, c’est la suspension! Elle a été conçue exclusivement pour la LP400 en collaboration avec la compagnie JRZ, qui fabrique habituellement des composantes pour les voitures de course. Elle abaisse la voiture de plus d’un pouce.

Ajustable à l’aide de petites vis faciles à manier, cette suspension est censée offrir une meilleure tenue de route à la voiture, tout en étant plus confortable. Un rêve utopique?

Entre étonnement et jouissance

La voiture conserve le même ordinateur que la STI de base. On peut donc sélectionner des modes de conduite (Sport, Sport Sharp, etc.), ainsi que régler le différentiel de la voiture soi-même… La seule différence, c’est que les gars de Lachute Performance ont aussi retravaillé cette programmation…

Le premier 0-100 km/h n’impressionne pas tant. La STI de base le fait en 4,9 secondes, et la LP400 en 4,5. Mais, c’est la suite qui est effrayante.

La STI a tendance à s’essouffler, et à partir de 100 km/h, elle n’est plus à son aise, tandis que la LP400 pousse jusqu’à des vitesses que je n’ai pas le droit de mentionner. Le son du moteur pousse des notes agrémentées du sifflement du turbo qui nous encourage constamment à pousser cette mécanique que l’on sent parfaitement équilibrée, cela dit.

La transmission semble renaître grâce à ce nouvel embrayage. Plus court que dans la version standard, mais moins dur, il permet des passages de vitesse plus rapides, et qui semblent plus précis, même si la boîte est identique.

Cette nouvelle suspension est une bénédiction. La STI ordinaire tend à sous-virer si vous la poussez un peu trop. La LP400, elle, ne sous-vire pas du tout, bien au contraire. Elle colle à la route comme j’ai rarement vu. Le pilote d’essai de la compagnie fait le même temps avec sa LP400 sur le Circuit du Mont-Tremblant qu’avec une Porsche 911 GT3 RS. Initialement, j’avais de la difficulté à la croire, mais maintenant, les doutes sont dissipés. Encore plus surprenant, elle est BEAUCOUP plus confortable que la suspension d’origine?! Si ça, ce n’est pas de la sorcellerie…

L’ensemble que représente la LP400 est tout simplement magique. Si certains pensent arriver à un résultat similaire en achetant des pièces à droite et à gauche, je leur souhaite bonne chance, en tout respect. La LP400 2016 est le fruit d’un travail de plusieurs années, comme le fût la première génération du véhicule. Ce produit est d’une homogénéité pareille à ce que l’on retrouve chez une voiture d’un grand constructeur, et à son volant, je ne me suis jamais cru, pendant un instant, au volant d’une voiture modifiée. Non, ce produit 100% québécois est digne de la lignée de Hennessey, Brabus, Heffner, pour ne nommer que ces grands préparateurs.

Trop dispendieuse? Quelques facteurs à considérer

Plusieurs disent que la LP400 est trop chère pour ce qu’elle est. Tout d’abord, combien coûte-t-elle? Eh bien, il faut d’abord se procurer une WRX STI, ce qui vaut 38 000$ et 45 000$ (+ tx), dépendamment le niveau d’équipement désiré. Ensuite, il faut débourser 26 900$ pour transformer sa voiture en LP400, plus certaines options comme un ordinateur de course qui vous donne accès à un « launch control ».

La facture totale peut donc dépasser les 70 000$. Est-ce trop cher?

Difficile à dire. Ce genre de véhicule est empreint d’un immense facteur émotif. À ce prix-là, il est rare que quelqu’un aille acheter une LP400 sur un budget, dans le sens ou 5000$ de moins n’aurait pas rendu la voiture plus accessible.

Le prix se justifie par le travail colossal que représente la préparation du moteur, puisqu’après tout, le produit est garanti par Subaru et Lachute Performance. Il faut que ça tienne! La voiture que j’ai essayée avait 35 000 km au compteur, et tout fonctionnait comme du neuf.

Il faut aussi comprendre que si Subaru fabriquait la LP400, elle pourrait le faire pour 15 000$ de moins, puisque des robots sans âmes feraient tout le travail. Nous avons donc affaire à un produit artisanal qui se vend comme un produit artisanal. Vous voulez payer 200 000$ pour une Mercedes-Benz Classe C? C’est ce que Brabus demande…

Qui plus est, voilà une voiture facile à vivre. Elle ne fait que 11 l/100 km, ce qui est moins que la STI ordinaire, pour 100 chevaux de plus. La LP400 devrait être vendue comme une voiture sport écologique, avec un rapport consommation/puissance comme celui-là. Le cout d’entretien est le même que la voiture d’origine, et n’importe quel concessionnaire Subaru devrait être en mesure de vous dépanner.

À la fin, la LP400 vaut son prix, tout simplement parce que l’ensemble est digne de la qualité d’un manufacturier, et avoir une voiture aussi rapide et agile qu’une Porsche GT3 RS pour une fraction du prix, c’est une bonne affaire.

Si je devais y aller d’un petit conseil pour la compagnie, je leur dirais de virer la transmission Subaru. Le 0-100 km/h serait beaucoup plus rapide si la vitesse de 100 km/h arrivait à la fin du deuxième rapport, alors que dans le cas actuel, elle arrive au début de la troisième. Ce passage ralentit considérablement l’opération, mais bon, on parle d’une voiture qui le fait tout de même en 4,5 secondes…

En conclusion, la LP400 représente un ensemble génial, qui fait passer la WRX STI ordinaire comme un produit imparfait, énervent, et indigne de la plateforme. Je n’aime plus la STI, et je veux une LP400! 

Merci à Guillaume Fournier Photographie pour la prise de photos

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