Vous souvenez-vous du… Subaru Baja?
Pour le millésime 2003, Subaru lance un véhicule qui n’est pas vraiment une voiture, pas vraiment un VUS et pas vraiment un pick-up… mais tout ça à la fois!
Un véhicule tendance qui saura séduire les plus jeunes et les plus actifs, assurément. Vraiment?
- À lire aussi: Subaru Ascent 2019 : une ascension lente
- À lire aussi: Subaru Outback 2020 : pour une vraie vie active
La genèse
Les années 90 sont la décennie de l’explosion des véhicules utilitaires et Subaru n’est pas étranger au phénomène avec le lancement, en 1995, de l’Outback. La recette est simple : prenez une Legacy familiale de deuxième génération, ajoutez des moulures en plastique sur les côtés, surélevez la suspension et voilà! La clientèle en raffolera. Ce succès fera même dire au vice-président de Subaru Amérique du Nord de l’époque que l’Outback a sauvé la compagnie. Dès lors, la direction de Subaru décide de plancher sur des concepts similaires.
C’est au Salon de Los Angeles l’auto en 2000 qu’est présenté le concept ST-X (pour Subaru Truck X-perimental).Il s’agit d’un hybride de voiture et de pick-up. Le concept n’est pas nouveau : les Australiens l’ont inventé dans les années 30 (ils appellent ça un ute) et nous y avons goûté ici sous la forme des Chevrolet El Camino et Ford Ranchero. Subaru est déjà familier de ce type de véhicule puisque la marque avait présenté le BRAT en 1978.
Le ST-X a été dessiné dans les studios nord-américains de Subaru, sous la houlette de Peter Tenn. Sous la couleur orange, on retrouve une Outback 2000 modifiée : nouveaux pare-chocs, moulures latérales plus prononcées et un arrière allongé de 15 centimètres pour accueillir la boîte. Le plus intéressant est le système Switchback. La vitre arrière se baisse entièrement dans le panneau de séparation entre la boîte et l’habitacle et ce même panneau peut ensuite s’abaisser (une fois la banquette arrière rabattue), libérant un plus grand espace de chargement. Subaru ira même jusqu’à déposer un brevet pour ce système.
Du concept à la réalité
C’est à l’été 2002 qu’est présenté le Baja, année-modèle 2003. Le nom est une référence à la Baja 1000, rallye qui se déroule dans le désert Mexicain. Extérieurement, les différences avec le ST-X sont mineures : seuls les moulures et les arceaux arrière sont légèrement distincts . La plus grande différence provient du système Switchback. Ce dernier n’est maintenant plus qu’un petit panneau amovible alors que la vitre arrière est fixe (certainement pour des questions de rigidité). S’il n’offre plus la même modularité que sur le prototype, ce système permet tout de même de transporter des objets de 1,90 mètres de long.
De plus, on peut aussi transporter de gros objets en laissant le battant arrière ouvert (le support de plaque d’immatriculation peut basculer pour rester en toute légalité) et en utilisant un arceau en aluminium rabattable optionnel. Dans cette configuration, le Baja peut accueillir deux motos ou un kart. Pas mal… De plus, la capacité de remorquage est donnée à 2 400 livres, assez pour déplacer toutes sortes de matériel récréatif.
Sous le capot niche un 4 cylindres à plat de 2,5 litres développant 165 chevaux et 166 lb-pi de couple. Ce moteur peut être accouplé à une boîte manuelle 5 rapports ou une automatique 4 rapports. À partir du millésime 2004, nos voisins du Sud auront même droit à une version turbo de 210 chevaux et 235 lb-pi de couple.
On retrouve bien sûr la transmission intégrale à prise constante, marque de fabrique du constructeur. Cette dernière fait appel à un coupleur visqueux dans le différentiel central dans le cas de la version manuelle et à un embrayage à contrôle électronique dans le cas de la version automatique.
Un accueil froid
Au lancement, Subaru prévoit de produire chaque année 24 000 exemplaires dans son usine de Lafayette, en Indiana. Hélas, la marque arrivera à n’en écouler que 30 000 sur 4 ans. Au Canada, les ventes ne dépasseront pas 100 exemplaires par année.
Les raisons de cet échec? Elles sont multiples : un prix de base élevé (35 695 $ en 2003 alors qu’une Outback coûtait déjà 31 995 $), un caractère pratique un peu limité (pas de possibilité de transporter la fameuse feuille de plywood de 4x8) et, surtout, une absence de clientèle au départ.
En Amérique du Nord, les pick-up ont toujours été plus populaires que les ute.
L’avantage d’un ute est d’offrir une meilleure tenue de route. Mais c’est de moins en moins vrai au fur et à mesure que les camions deviennent de plus en plus civilisés. Après avoir très peu évolué, le Baja disparaîtra dans l’indifférence à la fin du millésime 2006. Il faut dire que Subaru avait besoin de la capacité de production dans son usine de Lafayette, pour fabriquer des Toyota Camry…