Vous souvenez-vous du… Hummer H2?
Ah, le Hummer H2! Icône de la surconsommation et de la dépendance au pétrole pour les uns, véritable franchisseur pour les autres, peu de véhicules ont autant polarisé dans les dernières années. Retour sur une courte carrière.
Tout commence en 1979, lorsque l’armée américaine lance un appel d’offres pour une nouvelle génération de véhicules tactiques, le High Mobility Multipurpose Wheeled Vehicle, alias HMMWV (surnommé plus tard le Humvee).
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C’est AM General qui remporte le contrat et la production débute en 1984. Arnold Schwarzenegger, alors qu’il tournait Un flic à la maternelle en 1990 en Oregon, voit un convoi de Humvees et se dit qu’il en ferait bien son moyen de transport personnel. Il intervient directement auprès des dirigeants d’AM General pour les convaincre de lancer la version civile.
Il prendra lui-même livraison des deux premiers exemplaires en 1992, baptisés Hummer.
En 1999, General Motors rachète les droits de Hummer à AM General. Cette dernière assurera la fabrication du plus gros véhicule, le H1, alors que GM se chargera de fabriquer les autres modèles ainsi que de la distribution.
Dès le salon de Détroit en 2000, GM présente le Hummer H2 SUV Concept.
Le bébé est là!
À l’été 2002, la version finale du H2 arrive en concessions. Et c’est la folie!
Tout le monde, ou presque, en veut un. Mais tout le monde ne peut pas s’en payer un, car son prix de base est de 70 745 $. Pourtant, le H2 repose sur des dessous communs : la plate-forme GMT820, qui sert aussi aux Chevrolet Tahoe, GMC Yukon et Cadillac Escalade. Mais le H2 est fabriqué dans une usine dédiée, à Mishawaka, dans l’Indiana. Il sera même assemblé un temps en Russie, à Kaliningrad.
Cependant, ne vous y trompez pas, le H2 est un vrai baroudeur et peut passer là où bien d’autres ne se rendent pas. Ceci est en partie dû à son moteur, le Vortec 6000 de 6,0 L développant 316 chevaux et couplé à une boîte automatique 4L65E à 4 rapports.
Pour le hors route, on retrouve quatre roues indépendantes, un correcteur d’assiette pneumatique arrière en option, un boîtier de transfert Borg-Warner (incluant la gamme basse et le verrouillage du différentiel central) ainsi que le verrouillage du différentiel arrière pour les situations extrêmes.
Et puis bien sûr, il y a le style, dû à Clay Dean. Clairement inspiré du grand frère H1, il en reprend les attributs : capot s’ouvrant vers l’avant avec bossages et entrées d’air, calandres à sept barres, faible hauteur de vitres, petit décroché devant la roue arrière et absence quasi totale de lignes courbes. C’est pour cela que certains l’appelaient le « Baby Hummer » à l’époque. Enfin, tout est relatif, car voici un bébé de 2,9 tonnes, 4,82 mètres de long, 2,06 mètres de large et près de 2 mètres de haut!
Dernier détail, la plaque de protection avant en aluminium est estampillée H2. Bref, c’est « dans ta face », c’est macho, c’est sans subtilité.
À l’intérieur, c’est du GM typique de la fin des années 90, début 2000 : plastiques durs et peu flatteurs à tous les étages. Mais le H2 est bien équipé : sièges électriques en cuir (chauffants à l’avant et à l’arrière), système de son BOSE avec commandes au volant, climatisation 3 zones… Étonnamment, la caméra de recul (fort utile, car la visibilité arrière est atroce) est en option.
Les ventes initiales américaines sont bonnes. Au Canada, c’est une autre histoire, nous y reviendrons. Pourtant, dès son lancement, le H2 déchaîne la haine des écologistes (certains seront même brûlés dans une concession, en Californie). Il faut dire qu'en même temps, General Motors récupère toutes les EV1 (autos électriques) pour les envoyer au broyeur. Un désastre de relations publiques!
Le H2 n’est pas le seul VUS à consommer 20 L/100 km et plus, mais c’est le plus voyant!
Peu d’évolutions
Au printemps 2004, une nouvelle version du H2 est lancée : le H2 SUT. C’est une variante pick-up dont la paroi de séparation avec la boîte peut se rabaisser, à la façon d’un Chevrolet Avalanche. Le SUT, pas très pratique, ne connaîtra pas un grand succès.
Au fil des années, le H2 ne change guère : nouveaux équipements, nouvelles couleurs et le Vortec 6000 qui passe à 325 chevaux en 2004. Il faudra attendre le millésime 2008 pour assister à de sérieux changements : intérieur redessiné avec nouvelle planche bord et moteur Vortec 6200 de 6,2 L développant 393 chevaux accouplé à une boîte automatique 6L80E à 6 rapports.
Le H2 n’aura pas le temps de voir le millésime 2010.
La tempête parfaite
Passé l’enthousiasme initial, les acheteurs ne vont pas se précipiter. Les ventes chutent drastiquement aux États-Unis à partir de 2006. Il faut dire qu’entre temps, le prix de l’essence s’est mis à grimper et atteint alors trois dollars le gallon chez nos voisins du Sud.
Ajoutez la pression des environnementalistes et le fait que le H2 est assez pataud sur la route et vous comprenez pourquoi de 34 000 exemplaires en 2003, les ventes descendent à 6 000 unités en 2008. C’est pourquoi Hummer sera l’une des premières victimes de la restructuration de GM après sa mise en faillite à l’été 2009. Le H2 aura réalisé 153 000 ventes aux États-Unis.
Au Canada, c’est pire : près de 3000 H2 y seront immatriculés sur toute la carrière du véhicule (dont un peu plus de 300 au Québec). Décidément, nous n’avons pas les mêmes goûts!
Si dans les premières années, il était valorisant d’être vu au volant d’un H2, à la fin, son conducteur était carrément ridiculisé. Pourtant, certains sont nostalgiques du véhicule. Et puisqu’il se vend toujours plus de VUS, il se murmure même que le Hummer pourrait faire un retour dans un futur proche. Mais entièrement en version électrique, cette fois!