Alpine A110: on la veut aussi!

Publié le 10 janvier 2020 dans Essais par Julien Amado

Le Guide de l’auto a profité d’un passage en France pour conduire l’héritière d’une auto mythique chez nos cousins : l’Alpine A110.

Si vous n’êtes pas familier avec ce petit constructeur, sachez que la société Alpine a été fondée en 1955 par Jean Rédélé, concessionnaire Renault, pilote et concepteur automobile français. L’entreprise est basée à Dieppe, à 200 kilomètres au nord-ouest de Paris.

Intimement lié à Renault, le constructeur va connaître son âge d’or dans les années 1960 et 1970 avec l’A110, aussi appelée Berlinette. Il s’agit d’un petit coupé sport doté d’une carrosserie en fibre de verre et d'un moteur Renault, dont la cylindrée et la puissance vont augmenter au fil des années.

L’auto se distingue aussi en compétition avec comme point d’orgue le titre de champion du monde des rallyes pour la Berlinette en 1973. Après avoir pris le contrôle de l’entreprise, Renault va poursuivre l’aventure pendant plusieurs années. Mais la faiblesse des ventes devient critique pour la marque, qui est finalement mise en sommeil au milieu des années 1990.

Renaissance 20 ans plus tard

En dépit d’une sortie par la petite porte, Alpine a toujours conservé une place spéciale dans le cœur des passionnés d’automobile, en particulier en France. Oubliées pendant plusieurs années, les Berlinettes ont profité de la vague de nostalgie qui a envahi le marché automobile européen. Cet engouement a vu leur valeur grimper en flèche pour atteindre plus de 100 000 euros (155 000 $) pour des modèles en parfait état.

C’est aussi le moment choisi par Renault pour relancer une nouvelle A110, le modèle dont il est question ici. Modernisée, l’auto conserve des caractéristiques propres à l’originale, comme les 4 phares, l’inscription « Alpine » sur la partie avant, mais aussi le gabarit et le poids contenus. Comptant seulement deux places, l’A110 est une propulsion, tout comme le modèle dont elle s’inspire.

Photo: Julien Amado

Sous le capot, on retrouve un 4 cylindres turbocompressé de 1,8 L développant 252 chevaux et 236 livres-pied de couple (292 chevaux dans la version S). Notre modèle d’essai (Pure) est le plus léger de la gamme avec un poids d’à peine 1098 kg sur la balance.

Si l’on compare l’auto à ce qui existe sur le marché québécois, la voiture la plus proche serait l’Alfa Romeo 4C. Ou alors une sorte de « Super Miata » puisque l’Alpine A110 pèse seulement 13 kg de plus qu’une MX-5 à transmission automatique. En revanche, elle peut compter sur 71 chevaux supplémentaires, ce qui n’est pas négligeable.

Les Porsche Boxster et Cayman seraient également des rivales potentielles, mais elles sont plus puissantes et plus lourdes.

Photo: Julien Amado

La reine des routes sinueuses

Grâce à son poids plume, sa puissance amplement suffisante et son châssis affûté, l’Alpine A110 virevolte d’une courbe à l’autre avec une facilité étonnante. La direction, rapide et précise, est un régal à utiliser. Le retour d’information en provenance du train avant est excellent, le conducteur pouvant doser le braquage des roues avec une finesse réjouissante.

Le train avant est littéralement collé au sol et l’arrière est juste assez joueur pour rendre la conduite vraiment plaisante. Le freinage, puissant et endurant, permet de ralentir l’auto sans aucune difficulté.

Essayée majoritairement sur une chaussée froide et mouillée, l’A110 a fait preuve d’une efficacité impressionnante. Le rythme qu’elle est capable d’afficher dans ces conditions en dit long sur ses qualités dynamiques.

Montée avec des suspensions axées sur le confort, l’A110 prend du roulis dans les courbes abordées rapidement, mais cela ne nuit pas à la tenue de route. Ce réglage est probablement trop souple pour rouler sur circuit, mais ce surcroît de débattement permet de profiter d’une meilleure polyvalence en usage routier.

Photo: Valentin Bayle

C'est plus surprenant, mais l’Alpine est aussi une bonne autoroutière grâce à son insonorisation réussie et son moteur discret à vitesse stabilisée. Côté moteur, justement, le 4 cylindres turbo est volontaire et réalise de bonnes performances. Mais n’attendez pas la hargne d’un V8 de Mustang ou de Challenger.

Même chose pour la sonorité de l’échappement, agréable et bien travaillée, mais qui n’égale évidemment pas celle d’un bloc à 6 ou 8 cylindres. Avec seulement 4,5 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, les accélérations sont très bonnes, supérieures aux Boxster et Cayman 718 d’entrée de gamme.

Enfin, nous avons noté une consommation moyenne de 11,2 L/100 km au terme de la journée d’essai. En roulant plus calmement, l’afficheur au tableau de bord oscillait entre 7 et 8 L/100 km, ce qui est correct considérant les performances affichées.

Photo: Julien Amado

Du très bon… mais aussi du moins bon

Alors, cette Alpine A110 est-elle parfaite? Pas tout à fait. Le premier défaut concerne la transmission. Déjà, il est impossible d’opter pour une boîte manuelle, un choix regrettable car cela augmenterait encore le plaisir de conduite.

Toutes les Alpine A110 sont livrées avec une transmission automatique à double embrayage qui compte 7 rapports. Et cette dernière est loin d’égaler le brio affiché par une boîte PDK vendue chez Porsche par exemple.

À-coups à très bas régime en première vitesse, fonctionnement parfois hésitant au rétrogradage en mode automatique, l’agrément pourrait être nettement amélioré sur ce point. Cela dit, la boîte fonctionne un peu mieux quand on enclenche le mode Manuel en utilisant les palettes situées derrière le volant.

Dans l’habitacle, la qualité de finition est très variable d’un élément à l’autre. Par exemple, les sièges sont de belle facture et offrent un excellent maintien. Les insertions bleues sur les contre-portes sont aussi très réussies, mais elles côtoient du plastique dur et peu flatteur au toucher. Même chose pour le revêtement du tableau de bord et certaines commandes qui fleurent bon la grande série plutôt que la voiture d’exception. Qui plus est, le système multimédia est lent, l’écran tactile parfois capricieux et les graphismes un peu datés. Enfin, la visibilité vers l’arrière est pour ainsi dire inexistante.

En dépit de ces défauts, l’Alpine A110 demeure une voiture très agréable à conduire qui aurait parfaitement sa place sur le marché de niche des petites sportives de luxe.

Mais à quel prix serait-elle vendue? En France, les tarifs de l’Alpine débutent à 55 800 euros (80 800 $) et notre modèle d’essai approchait les 65 000 euros (94 150 $). Quand on sait qu’une Porsche Cayman de base est vendue 64 400 $, il faudrait faire un effort conséquent pour que l’auto devienne concurrentielle sur notre marché.

C’est peut-être pour cela que l’A110 n’a jamais fait le voyage jusque chez nous…

Les plus :

Tenue de route exceptionnelle

Direction précise et parfaitement dosée

Roulement confortable sans nuire à la tenue de route

Bon espace intérieur considérant son format réduit

Les moins :

Qualité de finition inégale de l’habitacle

Visibilité très réduite à l’arrière

Pas de boîte manuelle disponible, boîte automatique à améliorer

Volume de chargement très réduit

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