Véhicules électriques : le tango des constructeurs
Connaissez-vous le tango?
Il semble que plusieurs constructeurs automobiles se plaisent à pratiquer cette danse lorsque vient le temps de parler et de fabriquer des véhicules électriques. Un pas en avant, un pas (ou deux) en arrière et ainsi va la danse depuis des années.
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Après avoir souvent annoncé à grands renforts de publicité l’arrivée prochaine de véhicules électriques, certains dirigeants nous reviennent souvent peu de temps après avec des déclarations contradictoires et même des reculs concrets.
GM : 20 véhicules électriques d’ici 2023
En octobre 2017, Mark Reuss, vice-président exécutif du développement de produits de GM affirmait que « GM croit en un futur tout électrique » et annonçait du coup le déploiement de deux véhicules électriques dans les 18 mois suivants, soit avant avril 2019.
Début 2020, où sont ces deux nouveaux véhicules? En Chine. Ils s’appellent Velite et Baojun. Un nouveau venu fera lui aussi son entrée bientôt : Le Menlo… encore en Chine. Pendant ce temps, zéro nouveau modèle électrique n’a été annoncé pour le marché nord-américain et GM a cessé de produire la Volt.
Honda : électrique ou pas?
En octobre dernier, le constructeur Honda annonçait que d’ici 2022, tous ses véhicules seraient électrifiés… en Europe. En décembre dernier, Takahiro Hachigo, PDG de Honda disait ceci à propos des véhicules 100% électriques : « Y a-t-il réellement des consommateurs qui en veulent vraiment? ». Il affirmait du même souffle qu’il voyait plutôt les véhicules hybrides jouer un rôle critique. Considérant les flops de vente répétés des véhicules hybrides Honda depuis 20 ans et le fait que la Clarity PHEV n’est disponible qu’au compte-goutte, il y a de quoi se poser des questions sur la stratégie d’électrification du constructeur.
BMW : Que penser?
« Il n’y a aucune demande de la part des consommateurs pour des véhicules tout électriques » affirmait Klaus Frölich, directeur du développement de BMW en juin dernier, soit à quelques heures d’intervalles avec les propos de Harald Krüger, grand patron de BMW qui disait ceci : « D’ici 2021, nous aurons doublé nos ventes de véhicules électrifiés comparativement à 2019. Nous offrirons 25 modèles en 2023, soit deux ans plus tôt que prévu initialement. Nous prévoyons une forte hausse de la demande d’ici 2025. »
Kia et Hyundai : Attendez votre tour
Pendant ce temps, de nombreux consommateurs rongent leur frein à attendre pendant des mois des modèles parfois fort intéressants… mais qui arrivent au compte-goutte.
C’est entre autres le cas chez Hyundai et Kia ces jours-ci. C’est bien beau de se présenter en leader des véhicules électriques, mais encore faut-il que les consommateurs puissent y avoir accès! Même les concessionnaires n’en peuvent plus, pris entre l’arbre et l’écorce avec d’un côté la demande pour des véhicules électriques à laquelle ils ne peuvent répondre et de l’autre, des objectifs de vente fixés par ces constructeurs.
L’histoire se répète
Il y a 19 ans, la Californie a été poursuivie par des constructeurs car elle voulait les obliger à vendre des quotas croissants de véhicules électriques. Après une pause de plusieurs années suite à l’élection du Président Obama, nous assistons depuis peu au même manège avec une série de constructeurs (GM, FCA, Toyota, Hyundai, Mazda, Nissan, Kia et Subaru) qui se rangent derrière l’administration Trump qui se bat contre la Californie qui veut des normes d’émissions plus sévères que les normes affaiblies récemment par l’EPA. Mais cette fois-ci, la Californie a le soutien de 22 États américains ainsi que celui de Ford, Volkswagen, Honda et BMW.
En conclusion, sachez que pour plusieurs constructeurs, les véhicules électriques ne représentent pas un avenir désiré, mais plutôt un passage obligé par la science, certains gouvernements et les consommateurs. Cette transition s’avère particulièrement difficile pour nombres d’entre eux car elle exige des investissements colossaux.
Ce n’est pas un hasard si les nouveautés électriques sont d’abord ciblées pour la Chine et l’Europe. C’est tout simplement parce ces deux territoires mettent en place des normes d’émissions de plus en plus sévères pendant que l’administration Trump recule, ce qui fait du coup reculer l’industrie automobile américaine.
D’où ce tango de plusieurs constructeurs entre l’environnement et l’argent, les paroles et les actions.