Ma première fois au volant : Chevrolet Corvette 1973
Je me souviendrai toujours de la première fois où j’ai conduit une voiture. J’avais 13 ans, et c’était lors d’un party chez mon père, où l’un des invités - son ami Alex - s’était présenté à bord d’une superbe Chevrolet Corvette 1973 blanche. Elle datait déjà de quelques années, mais elle était absolument magnifique.
À cette époque, cette Corvette exerçait sur moi un pouvoir d’attraction très réel. J’étais fasciné par son look, et aussi par le fait que les astronautes de la NASA, héros de ma tendre enfance, avaient tous possédé des Corvette.
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Pendant la soirée, Alex s’approche et me dit : « viens avec moi Gaby, j’ai besoin d’aller chercher des cigarettes! ». Je n’hésite pas une seconde, et je pars avec lui, réjoui à l’idée de faire un tour dans sa Corvette. Lorsque l’on arrive à la hauteur de sa voiture garée dans la rue, il me lance son trousseau de clés et me dis : « C’est toi qui vas conduire! Tu vas voir, c’est facile! ».
Je n’étais pas tout à fait sûr, mais je me suis tout de même installé au volant. Comme j’étais plutôt grand pour mon âge je n’ai pas eu de mal à rejoindre les pédales et le volant.
J’insère la clé dans le barillet, et le V8 prend vie avec un grondement sourd. Je me souviens, comme si c’était hier, de la jante mince du volant à trois branches, des énormes cadrans incrustés dans la planche de bord et du levier de vitesses de la boîte automatique avec son pommeau en forme de boule surplombé d’un bouton de détente. J’appuie sur ce bouton, et je déplace le levier à Drive.
Alex regarde dans le rétroviseur latéral côté passager et me dit que je peux y aller en accélérant doucement et en tournant le volant pour nous éloigner du trottoir. Et, juste comme ça, je roule en Corvette dans les rues du quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal. À 13 ans…
On ne va pas loin, il y a un dépanneur à quelques coins de rue, sauf qu’il est de l’autre côté de la rue Sherbrooke Ouest. Alex me dit : « Check le trafic et fais un demi-tour », en pointant le dépanneur de l’autre côté de la rue. Heureusement, il n’y a pas trop de circulation, et je réussis la manoeuvre sans savoir qu’elle est illégale. Alex me dit : « range-toi ici » en désignant la zone d’arrêt d’un autobus de la Ville de Montréal.
Il quitte la voiture en me disant : « Ce ne sera pas long! », et il entre dans le dépanneur, me laissant seul à bord de sa Corvette avec moteur en marche dans une zone où le stationnement est interdit, par surcroît. À ce point-ci de l’histoire, vous avez compris que Alex ne se soucie pas trop de ce qui est légal ou non! Pour ma part, je suis un peu nerveux à l’idée qu’un autobus arrive et se mette à klaxonner pour me faire comprendre de dégager son espace d’arrêt.
J’ai les yeux rivés sur le rétroviseur latéral pour voir si un autobus s’approche. Tout va bien, du moins pour l’instant. Je me mets aussi à penser à ce qui pourrait arriver si un policier passait par là. Je me dis que c’est sûr qu’il va apercevoir la Corvette en stationnement illégal, et constater assez rapidement que c’est un jeune ado qui est au volant. Alex remonte enfin à bord et je profite du feu vert pour dégager l’endroit…
Je roule jusque chez mon père et je gare la voiture alors qu’Alex, qui est toujours très relaxe, m’indique de ne pas aller trop vite et, de ne pas trop m’approcher de la chaîne de trottoir. On entre dans la maison, et mon père demande : « Comme ça, tu es allé en Corvette avec Alex? »
Et Alex lui répond : « C’est Gaby qui a conduit, il a très bien fait ça ». Mon père était plutôt surpris, et moi, en bon ado, je l’ai joué cool : « Oui, c’était assez l’fun! ». Mais dans ma tête, je plane! Aujourd’hui, j’ai conduit une voiture pour la première fois, et c’était une Chevrolet Corvette!