Vous souvenez-vous du… Lincoln Aviator?
Alors que Lincoln vient de démarrer la vente de son nouvel Aviator 2020, il est temps de se souvenir que le nom avait déjà été utilisé dans la première moitié des années 2000… avec assez peu de succès!
D’où la question : pourquoi ressortir le nom?
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Succès surprise!
La folie des VUS a commencé en Amérique du Nord avec le lancement du Ford Explorer pour le millésime 1991. Le succès est tel que Ford en écoule plus de 400 000 aux États-Unis au début des années 2000. Puis arrive le lancement du Lincoln Navigator pour le millésime 1998. Il s’agit d’une version légèrement replâtrée et plus luxueuse du Ford Expedition, lui-même basé sur un châssis de Ford F-150.
Les ventes décollent immédiatement à 40 000 par année ce qui est, dans le segment des véhicules de luxe, excellent. D’autant que le Navigator est extrêmement profitable pour Lincoln. Ce modèle incite même Cadillac à lancer en toute urgence (et ça se voit!) l’Escalade pour le millésime 1999.
Descente en gamme
L’Explorer est entièrement redessiné pour le millésime 2002 et un nouveau Navigator est prévu pour 2003. Chez Lincoln, on se dit que c’est le moment de rééditer le succès du Navigator dans le segment inférieur, segment qui est en pleine explosion à ce moment. D’autant que Mercury avait déjà lancé au millésime 1997 sa propre version huppée de l’Explorer, le Mountaineer, avec une relative réussite.
Si l’extérieur ne subit pas de grosses modifications hormis la calandre, les feux arrière et les roues de 17 pouces exclusives, c’est une autre histoire sous le capot et à l’intérieur.
Le châssis à échelle de l’Explorer, qui vient de passer aux 4 roues indépendantes pour 2002, reçoit la version à quatre soupapes par cylindre du V8 4,6 L modulaire, aussi installée sur la Mustang Mach 1 et la Mercury Marauder. La puissance monte de 240 à 302 chevaux. La seule boîte disponible est une automatique à cinq rapports.
Si nos voisins du Sud ont droit à une version à deux roues motrices, les quatre roues motrices sont proposées d’office au Canada, jumelées au nouveau contrôle de stabilité AdvanceTrac. La capacité de remorquage est de 7 300 livres.
Dans l’habitacle, l’Aviator bénéficie d’une planche de bord spécifique (comme le Navigator 2003), soulignée par du bois de noyer. En plus du cuir, il offre des équipements qui sont soit optionnels soit non disponibles dans les Explorer et Mountaineer : troisième rangée de sièges, deuxième rangée de sièges avec baquets et console (option) ou bien rideaux gonflables.
Les Américains ont droit à deux finitions (Luxury et Premium) alors que les Canadiens bénéficient d’une version unique, facturée 58 950 $ lors du lancement (pour comparaison, le Navigator 2003 est vendu à 69 495 $). L’Aviator est construit à l’usine de St-Louis, dans le Missouri.
Des évolutions timides
Pour le millésime 2003, une édition spéciale Kitty Hawk célèbre les 100 ans du premier vol motorisé, réalisé par les frères Wright le 17 décembre 1903, proche de Kitty Hawk, en Caroline du Nord. Seulement disponible en noir, elle disposait d’un aileron arrière, d’un fini bois spécial en zebrano, de roues chromées, d’un intérieur noir et de logos exclusifs.
Les évolutions pour le millésime 2004 incluent le moniteur de pression des pneus, de nouvelles couleurs, un système antiretournement optionnel et de nouvelles finitions aux É.-U. (Luxury et Ultimate). Pour 2005, le système antiretournement devient de série. Et c’est tout…
Décollage raté
Le manque d’investissement de la part de Ford s’explique par des ventes en dessous des estimations de la compagnie. Aux États-Unis, elles s’établissent comme suit : 29 517 exemplaires en 2003; 23 644 en 2004 et 15 873 en 2005 (années calendaires). Par comparaison, les ventes du Navigator, pourtant plus cher, sont : 38 742 exemplaires en 2003, 36 398 en 2004 et 25 844 en 2005.
Au Canada, c’est pire. La meilleure année est 2004 avec 1145 exemplaires écoulés, dont seulement 122 au Québec. Il faut dire que la concurrence est extrêmement forte : BMW X5, Mercedes ML, Volvo XC90, Acura MDX ou Lexus RX. Le Navigator avait eu la chance, lui, de n’avoir que peu de concurrents à son lancement.
Fin millésime 2005, le rideau tombe. De toute façon, Ford a déjà d’autres idées en tête. Dès le Salon de Detroit 2004, Lincoln montre un concept Aviator, basé sur la plate-forme monocoque CD3 du futur Edge. Ce véhicule sera finalement commercialisé pour le millésime 2007 sous le nom de MKX.
En ressuscitant le nom Aviator aujourd’hui, Ford reste au moins cohérent avec son histoire puisque ce nouveau modèle repose sur la même base que la sixième génération de l’Explorer.
Souhaitons lui meilleure chance cette fois-ci…