Le recyclage des batteries : une occasion pour le Québec
Depuis l’arrivée des véhicules électriques sur le marché, la question de la fin de vie des batteries est évoquée comme un potentiel problème à envisager. Il s’agit effectivement d’un enjeu qui doit être considéré lorsqu’il est question de l’impact écologique d’un véhicule électrique.
La question se pose : que fait-on des batteries en fin de vie? Sommes-nous en train de créer un nouveau problème à venir avec un amoncellement sans fin de vieilles batteries de véhicules électriques?
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En fait, le problème ne se pose pas vraiment pour le moment puisque les batteries lithium-ion de la plupart des véhicules électriques se sont avérées plus durables que ce qui avait été envisagé il y a quelques années à peine. Cela veut donc dire que loin d’être nombreuses sur le marché, les batteries des véhicules électriques sont pour le moment plutôt rares et courues.
Est-ce à dire que ce sera toujours le cas? Non. Aussi durables et réutilisables soient-elles, ces batteries auront toutes une fin de vie. Et c’est là que le recyclage entre en ligne de compte. Pour le moment, les batteries recyclées le sont généralement via un procédé qui est pyrométallurgique, soit via une partie de combustion. Ce procédé n’est pas optimal, avec un taux de recyclage d’environ 50% des composantes de la batterie.
Or, la compagnie québécoise Lithion a développé un procédé hydrométallurgique (via des solvants réutilisables) qui permettra de recycler jusqu’à 95% des composantes d’une batterie lithium-ion. L’intérêt d’une telle technologie réside dans son efficacité et son impact environnemental réduit.
Si le marché du recyclage des batteries est pour le moment embryonnaire, il est évident que celui-ci sera appelé à croître de manière exponentielle. Selon le laboratoire Argonne, le marché des batteries lithium-ion en fin de vie devrait atteindre 7 millions de tonnes d’ici 2040. Il y a donc un réel intérêt à trouver des solutions pour gérer la fin de vie de ces batteries et celle de l’entreprise québécoise Lithion semble prometteuse.
Qui plus est, il est préférable énergétiquement et écologiquement de réutiliser les matières premières stratégiques dans la fabrication d’une batterie lithium-ion que d’en extraire toujours plus. D’où l’intérêt de la solution proposée par Lithion qui s’inscrit dans une logique d’économie circulaire où plutôt que de jeter, on réutilise et recycle autant que faire se peut.
À quel prix?
Cela dit, une question incontournable à laquelle nous devrons faire face est le prix de revient du recyclage. En effet, le prix des batteries lithium-ion est passé d’environ 1100$ US le kWh en 2010 à 156$ US le kWh en 2019, ce qui représente une baisse de 87% en moins de 10 ans.
À ce rythme, le prix des batteries devrait avoisiner les 100$ US le kWh à l’horizon 2023. Si cette baisse de prix est prometteuse pour la démocratisation des véhicules électriques, elle pose un défi. À quel prix le recyclage des batteries demeure-t-il économiquement rentable?
Autrement dit, si le prix des batteries devient si abordable, sera-t-il toujours rentable de les recycler?
Cette question est centrale dans la réflexion sur l’avenir des véhicules électriques. Étant tous conscients des lacunes du marché du recyclage de nombreux produits que nous mettons dans notre bac tels que le verre et le plastique, il est impératif que les gouvernements encadrent la gestion de fin de vie des batteries de véhicules électriques si on veut que les véhicules légers et lourds électriques fassent partie de la solution plutôt que de créer un nouveau problème, faute d’encadrement sérieux.
Cela dit, si le dossier du recyclage des batteries de véhicules électriques peut être perçu comme un problème, dites-vous bien qu’il est toujours préférable d’avoir des tonnes de batteries à recycler que zéro tonne de pétrole à recycler puisqu’une fois que le pétrole a été utilisé comme carburant, il ne peut plus être recyclé, ce qui représente un pur gaspillage d’une ressource précieuse.